Emmanuel Macron a œuvré activement pour que le Rassemblement national devienne le faiseur de roi dans la nomination du prochain Premier ministre. Dans le secret de l’Élysée, il a pactisé avec Marine Le Pen pour voler la victoire du Nouveau Front Populaire. Notre brève.
Michel Barnier, homme du pacte Macron / Le Pen
Plutôt que de désigner Lucie Castets, choisie par le Nouveau Front Populaire (NFP), première force politique à l’Assemblée nationale au lendemain des élections, le président de la République a tout fait pour s’assurer un Premier ministre qui garantit qu’il ne reviendrait pas sur la réforme des retraites ni sur d’autres mesures néolibérales.
Le soutien du Rassemblement national (RN) était donc crucial, et un dialogue étroit s’est engagé avec Marine Le Pen. Après avoir rejeté plusieurs candidats, dont Xavier Bertrand, c’est à l’évocation du nom de Michel Barnier que le parti d’extrême droite a commencé à envoyer des signaux positifs. Cela n’est guère surprenant, compte tenu du parcours de Barnier.
En 1981, il s’était opposé à la dépénalisation de l’homosexualité, aux côtés de 155 autres députés de droite. Après le vote des Français contre la Constitution européenne en 2005, il fut l’un des acteurs politiques les plus engagés dans l’adoption du traité de Lisbonne, passant outre la volonté populaire. En décembre 1982, il s’est également opposé au remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale. En tant que commissaire européen, il a défendu une ligne sécuritaire, anti-migrants (donc xénophobe), tout en menant une politique néolibérale rigide.
Ainsi, l’extrême droite est désormais faiseuse de rois en France : peu après l’annonce de la nomination de Barnier, Marine Le Pen a refusé de soutenir une motion de censure contre ce futur gouvernement.
Canal secret entre l’Élysée et Marine Le Pen
Le JDD révèle que Macron, afin de s’assurer du soutien du RN pour Barnier, a ouvert un canal de communication secret entre l’Élysée et Marine Le Pen. Thierry Solère, connu pour avoir déjà organisé des dîners entre Jordan Bardella, Marine Le Pen, Édouard Philippe et Sébastien Lecornu, a été chargé de cette mission. Les liens sont si étroits qu’après la nomination, Macron a dépêché Solère auprès de Marine Le Pen, suite aux critiques exprimées par Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe parlementaire RN, à l’encontre de Barnier.
Je cite : « Il pense tout et le contraire de tout et surtout rien du tout ! […] Il est réputé dans tout Paris comme un des plus stupides hommes politiques que la Vᵉ République ait donnés ». Très rapidement, Marine Le Pen, a donc envoyé Tanguy « faire son mea culpa » publiquement pour rassurer Macron de la solidité de leur pacte.
Ce rapprochement scelle la dégénérescence de la macronie et du néolibéralisme. Pour bloquer toute réforme sociale progressiste, ils ont accompli ce que de nombreuses voix dénoncent depuis longtemps : l’avènement du « macro-lepénisme », mêlant répression, racisme, privilèges fiscaux pour les riches, austérité pour le peuple et politique anti-immigration.
L’Élysée, de son côté, dément toute communication directe entre Macron et Le Pen avant la nomination de Barnier à Matignon, et l’entourage du chef de l’État conteste les affirmations du JDD.