Michel Barnier

Michel Barnier, l’homme du pacte Macron / Le Pen

Michel Barnier vient d’être nommé Premier ministre, actant officiellement le déni du résultat des élections législatives par Emmanuel Macron. « C’est le Gouvernement de M. Macron et Mme Le Pen. Ils ont déjà pris des engagements pour faire accepter le budget, préparé dans l’ombre par les ministres démissionnaires. » a déclaré Jean-Luc Mélenchon, en dénonçant le vol de l’élection et en appelant à la « plus puissante mobilisation que possible » ce samedi 7 septembre.

Qui est Michel Barnier ? Ce défenseur de la retraite à 65 ans est le candidat de la vieille droite qui, en 1981, votait contre la dépénalisation de l’homosexualité. Emmanuel Macron a trouvé chaussure à son pied : un réactionnaire à Matignon pour poursuivre l’alliance de la droite et de l’extrême droite.

Méprisant pour le peuple, Barnier ne l’est pas pour ceux de sa classe, les capitaux financiers. C’est donc sans étonnement que sa carrière politique est marquée par un engagement zélé dans les institutions européennes, en ardent défenseur des traités de libre-échange. Même zèle quand il s’agit de nier la volonté du peuple : en 2005, le nouveau Premier ministre s’était très vite activé pour contourner le « Non » des Français au projet de Constitution européenne. Barnier est l’homme de la situation pour Macron. Séduire le RN par ses positions xénophobes pour tenter de préserver un régime à bout de souffle, à la chute imminente. Notre article.

Michel Barnier le réactionnaire

Difficile de ne pas commencer cette rétrospective par un épisode marquant de la carrière de M. Barnier : son vote en 1981 contre la dépénalisation de l’homosexualité. Ce choix ne reflète pas seulement une époque révolue, mais surtout l’aveuglement d’un homme profondément ancré dans un conservatisme rétrograde. Alors que la France progressait vers plus de liberté et d’égalité, Barnier préférait camper sur des positions archaïques, alignées sur une droite réactionnaire.

Ce même conservatisme l’a guidé tout au long de sa carrière politique, que ce soit à travers son engagement en faveur des valeurs traditionnelles ou son opposition systématique aux avancées sociales.

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Suivisme et opportunisme

Barnier est aussi l’incarnation même de l’opportunisme politique. Pendant des décennies, il s’est imposé comme l’un des plus fervents défenseurs de l’Union européenne et du marché libre. Commissaire européen à deux reprises, il a défendu corps et âme un projet européen néolibéral, sans jamais remettre en question les dogmes de l’austérité ou de la libre circulation des capitaux. En 2005, le peuple français vote massivement contre. Qu’à cela ne tienne. Michel Barnier fait partie de la petite clique qui organise un vote de force au Parlement, sur un texte identique et deviendra le traité de Lisbonne.

Dans sa quête de la présidence en 2022, après des années à défendre les valeurs de l’Union européenne, Barnier se tourne vers des positions anti-migrants pour gagner la faveur des militants radicalisés des Républicains. Ce virage s’est manifesté par un discours violent préconisant un moratoire de trois à cinq ans sur toute nouvelle arrivée en France. Cette rhétorique xénophobe, copie conforme des discours de l’extrême droite européenne, révèle la véritable nature de l’homme. Pourquoi avoir des principes quand on peut simplement être guidé par l’ambition politique ?

Michel Barnier : le pantin qui fait le pont entre Macron et Le Pen

Pendant la primaire de LR en 2021, Barnier s’est employé à courtiser les électeurs du Rassemblement National, avec des propositions politiques calquées sur celles de l’extrême droite. Moratoire sur l’immigration, réforme constitutionnelle, suppression des aides sociales pour les migrants, suppression de l’Aide Médicale de l’État (AME)… Le programme de Barnier pourrait sans peine figurer dans le catalogue de Marine Le Pen.

Toujours en quête des suffrages des droitistes fanatisées, Michel Barnier propose également la création d’un « ministère de la Sécurité publique » regroupant la police, la gendarmerie et l’administration pénitentiaire, ainsi que l’expulsion systématique des étrangers condamnés à de la prison ferme. Cette ligne sécuritaire, qui pourrait tout aussi bien être défendue par le Rassemblement National, lui a valu les louanges de l’extrême droite.

Cette stratégie de séduction ne s’arrête pas là. Barnier s’oppose notamment à l’écriture inclusive qu’il considère comme un « symbole du wokisme ». Une position purement opportuniste qui n’a d’autre but que de plaire à une frange de la population encline aux paniques morales et aux discours réactionnaires.

Membre d’un parti qui ne représente plus rien (6,5 % aux dernières élections législatives), Michel Barnier n’a été nommé que parce qu’il forme le pont parfait entre le bloc bourgeois ultralibéral et le bloc d’extrême droite. C’est pour cela qu’il a été nommé par Emmanuel Macron. Pour plaire à Marine Le Pen. Celle-ci semble avoir assuré au Président qu’elle ne le censurerait pas d’office. D’autres discours de porte-paroles du parti d’extrême droite depuis la nomination de Barnier à Matignon vont dans ce sens. Marine Le Pen attendra sans doute de voir s’il se révèle aussi compatible avec son programme qu’il ne se réclame. La fusion des trois partis au service des ultrariches accélère avec cet accord entre Macron et Le Pen.

Un chien de garde de la commission européenne

Au-delà de ses dérives xénophobes, Barnier reste fidèle à ses premières amours : l’austérité budgétaire et le carcan néolibéral imposé par Bruxelles.

Lorsque le Traité constitutionnel européen (TCE) est rejeté par les Français en 2005, Barnier n’a pas tardé à plaider pour un contournement de la volonté populaire. Pour lui, l’Europe devait continuer à avancer, peu importe l’opinion des citoyens. Cette position, profondément antidémocratique, illustre une fois encore la manière dont Barnier conçoit la politique : un projet technocratique servant l’ordre économique et écrasant toutes les préoccupations populaires.

Son soutien indéfectible à l’Europe néolibérale n’a jamais faibli. En 2008, il défend la ratification du Traité de Lisbonne, affirmant qu’il ne s’agit « pas du même texte » que le TCE, alors qu’en réalité, il en reprend l’essentiel. Pour Barnier, le marché unique reste la clé de voûte de l’Europe, au mépris des conséquences sociales et économiques désastreuses que cela entraîne pour de nombreux citoyens européens.

Michel Barnier n’obéit qu’aux ordres de son maître : la Commission européenne, il se prononce donc en faveur de la retraite à 65 ans, d’une baisse massive des impôts de production et des cotisations sociales. Il s’inscrit dans la droite ligne des politiques d’austérité mises en œuvre depuis des décennies. Il promet ainsi de poursuivre l’œuvre de Macron en matière de réduction des recettes de l’État, accentuant encore la précarisation des services publics et la destruction de la protection sociale.

Son attaque contre l’assurance chômage en 2021 est un exemple frappant de cette politique antisociale. En proposant de suspendre les allocations chômage après deux refus « d’offres raisonnables d’emploi », Barnier rejoint les rangs de ceux qui considèrent les chômeurs comme des assistés. Il prône également la création d’une « allocation sociale unique », une mesure qui, sous couvert de simplification administrative, vise en réalité à réduire les prestations sociales et à affaiblir encore davantage la solidarité nationale.

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Les crayons de L’insoumission, par Xab / La Plume Rieuse

Un homme du passé pour un avenir inquiétant

En somme, Michel Barnier est l’archétype du politicien opportuniste, capable de se trahir lui-même à chaque élection en fonction des vents politiques. Conservateur rétrograde en 1981, fervent européen dans les années 2000, souverainiste réactionnaire en 2022, il n’a jamais eu d’autres convictions que celles qui servent ses ambitions personnelles : surfer sur le pouvoir pour servir sa classe sociale.

Sous ses dehors d’homme d’État respectable se cache un politicien sans vision, si ce n’est celle d’assurer au néolibéralisme la plus grande assise, prêt à épouser toutes les causes pourvu qu’elles lui permettent de gravir les échelons du pouvoir. Michel Barnier représente cette ancienne France, machiste, raciste, endoctrinée à la méritocratie pour justifier la ploutocratie, une France qui disparaît. Elle a été remplacée par la Nouvelle France, féministe, antiraciste, collectiviste, écologique qui a remporté les élections législatives du 7 juillet 2024.

Michel Barnier, premier ministre, la France s’engage sur une voie dangereuse, celle d’un populisme xénophobe allié à une austérité sans concessions, totalement à l’opposé de la volonté populaire massivement exprimée dans les urnes lors de la victoire du Nouveau Front Populaire. Et qui s’exprimera à nouveau le 7 septembre dans la rue. Plus de 150 rassemblements sont déjà prévues aux quatre coins du pays.