Parcoursup. Comme chaque année depuis sa mise en place en 2018, Parcoursup remplit son objectif assigné : la sélection et le tri social des élèves. En 2023, 77 000 candidats se sont retrouvés sans proposition à l’issue de la phase principale d’admission. Obligés attendre le dernier moment avant d’avoir une réponse pour une formation, et trop souvent une formation qui ne leur plaît pas. Parcoursup, un parcours du combattant pour des milliers de lycéens qui ne demandent qu’à étudier.
Sur la scène politique, les partis politiques s’en accommodent. Mais la France insoumise se distingue en se battant depuis des années pour l’abrogation de Parcoursup et pour un autre modèle pour la jeunesse. Au lendemain des premiers résultats 2024, L’insoumission s’est entretenue avec deux étudiantes en première année de formation, qui témoignent de l’enfer de Parcoursup les années précédentes.
Parcoursup, une machine à tri de la jeunesse
Cette année, c’est 950 000 candidats qui recevront une première réponse à leur choix de formation. Pour une grande majorité, ce premier jour de résultat n’est que le début de l’angoisse : celle de la liste d’attente interminable. Interminable, pour des milliers d’étudiants qui devront attendre parfois la veille de la rentrée pour apprendre qu’ils sont acceptés dans une formation. En ce jour des premiers résultats, L’insoumission s’est entretenue avec deux étudiantes en première année de formation, qui témoignent de l’enfer de Parcoursup les années précédentes.
« Moi, j’ai eu de la chance d’avoir une formation quand même, même si je n’ai pas pu aller là où je voulais à cause du système Parcoursup. J’étais acceptée nulle part le jour des résultats : des listes d’attentes partout, et quelques refus. Déjà ça fait un coup au moral, de se dire qu’on est derrière des centaines d’autres lycéens avant d’accéder à la formation. J’ai cru que j’aurai rien du tout. Après, j’ai eu en juin un vœu accepté, c’était pas ce que je voulais le plus, mais j’ai pris parce que j’étais soulagée.
Et pour toutes les démarches à faire pour le déménagement, je pouvais pas attendre plus longtemps. Le truc, c’est qu’après j’ai eu la formation que je voulais mais une semaine avant le début des cours, fin août. J’étais contente bien sûr mais ça servait à rien, j’étais super frustrée de devoir refuser cette formation qui arrivait beaucoup trop tard. Quand on est étudiant, c’est impossible de déménager dans une ville sans rien prévoir, sans appartement, deux jours avant de commencer, donc je suis restée sur l’autre formation. C’était déjà tellement compliqué de trouver à se loger et tout le reste. J’ai galéré toute cette année pour vivre honnêtement. En tout cas c’était une désorganisation totale et j’ai des amis qui n’ont carrément rien eu. »
Léa, étudiante en licence de chimie
« Moi je venais d’un petit lycée de province, d’une petite ville et je savais dès le début que j’allais galérer pour avoir ce que je voulais. Pourtant, je demandais même pas de grandes facs à Paris, pas la Sorbonne, rien. Je demandais juste des facs pas trop loin de chez moi, à Rouen, Caen, au Havre. J’ai demandé plusieurs formations différentes, parce que je voulais être sûre de pouvoir étudier. J’ai demandé des facs, des BTS, tout. Et j’ai tout simplement rien eu. J’ai poireauté tout l’été en espérant avoir quelque chose, j’étais angoissée, je savais rien de ce que j’allais faire en septembre. Au bout d’un moment, j’étais désespérée, j’ai quand même attendu la fin de toutes les phases. Parcoursup.
Mais le résultat, c’est que je n’ai rien eu du tout. J’ai dû rester chez mes parents pendant l’année, et j’ai commencé à travailler à Carrefour. Je voyais mes amis partis étudier ailleurs, faire des trucs qui leur plaisait, pendant que moi j’étais privée de ça à cause de Parcoursup. J’ai passé une année franchement difficile. Je me suis réinscrite l’année d’après et j’ai enfin eu un BTS, pareil, après plusieurs mois d’attente. Beaucoup d’autres que moi ont abandonné parce que c’est ce que cherche à faire Parcoursup, ça décourage beaucoup de jeunes qui se retrouvent sans rien et n’ont pas de quoi persévérer. Et c’est toujours les mêmes qui se retrouvent de côté, alors qu’ils veulent justement étudier »
Leila, étudiante en BTS audiovisuel
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Parfois, donc c’est une attente interminable qui n’aboutit qu’à l’exclusion de milliers de jeunes laissés sans aucune formation pour la rentrée prochaine, faute de place. Chaque année, plus de 100 000 lycéens n’obtiennent pas de formation dans la filière de leur choix et sont évincés de l’enseignement Cette année encore, seulement 23 000 formations sont proposées pour 917 000 candidats : un ratio qui rend impossible le droit à la formation pour toutes et tous. En cause de cette pagaille : le refus du gouvernement d’investir massivement dans l’enseignement supérieur. C’est pourtant la seule façon de garantir l’accès à l’enseignement pour tous les citoyens. Ouvrir 150 000 nouvelles places permettrait à chacun d’accéder à une formation.
Pour l’heure, Parcoursup n’est autre qu’une machine à tri des élèves, donc. Et surtout, un tri social : seulement 10,9% des étudiants sont issus de la classe ouvrière dans l’enseignement supérieur. L’égalité républicaine s’étiole face aux politiques macronistes visant la marchandisation de l’éducation et refusant à l’enseignement supérieur les moyens humains et financiers qu’il mérite.
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Pour LFI, l’abrogation de Parcoursup et investissement dans la jeunesse
Chez LFI, pas question de laisser perdurer un système aussi « injuste et absurde ». Dans les rangs insoumis, on assure qu’un autre modèle d’éducation et d’émancipation de la jeunesse est possible. Par l’abrogation de Parcoursup, d’abord, pour que la sélection à l’université cesse enfin. Par la création de nouvelles places, l’investissement dans l’enseignement supérieur, le recrutement de professeurs et personnels statutaires, l’abrogation de la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers. Bref, garantir l’accès à un enseignement public de qualité pour toutes et tous. En meeting à Clermont-Ferrand en mars 2024, Jean-Luc Mélenchon rappelait son opposition ferme à ce système.
Les insoumis souhaitent aussi mettre en place une allocation d’autonomie jeunesse, en France bien sûr, mais aussi en Europe. Une allocation au-dessus du seuil de pauvreté, pour permettre à tous ceux qui le souhaitent d’étudier, de se former, bref, de se construire dans des conditions dignes.
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