Macron

Parcoursup : Macron veut chasser les pauvres de l’université

94 000. C’est le nombre de jeunes n’ayant reçu aucune admission en juillet, à la fin de la première phase de Parcoursup. Quatre ans après la mise en place de la plateforme de sélection, les laissés-au-bord-du-chemin, sans accès à la filière de leur choix à l’Université, se comptent par centaines de milliers. Emmanuel Macron souhaite lancer sa plateforme de candidatures en master en février. Dès lors, un bilan de la sélection et un rappel des effets dévastateurs de Parcoursup s’imposent. Parcoursup est une machine à la fois de reproduction et de sélection sociales. Les chiffres sont clairs. Aujourd’hui, seulement 10,9% des étudiants sont issus de classe ouvrière dans l’enseignement supérieur. Notre article.

Parcoursup : une machine de reproduction et de sélections sociales

En 2018, la sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur a été consacrée par Parcoursup, machine froide destinée à trier les étudiants. La plateforme impose aux familles et aux aspirants étudiants une très lourde charge mentale à cause de ses algorithmes opaques. D’aucuns connaissent également les effets du bac Blanquer sur le choix des bacheliers. On connaît moins ses effets profondément discriminants.

Parcoursup est une machine à la fois de reproduction et de sélection sociales. Les chiffres sont clairs. Aujourd’hui, seulement 10,9% des étudiants sont issus de classe ouvrière dans l’enseignement supérieur. La plateforme a eu comme effet de renforcer un système à deux vitesses avec des universités et des écoles élitistes d’un côté et de l’autre des établissements peu financés où les étudiants débordent des amphis. Pour les laissés-pour-compte, le tout sous couvert de méritocratie.

Au pied du mur, les sans-facs se tournent de plus en plus vers le secteur privé qui a fait son arrivée sur la plateforme. Ces formations peu ou pas reconnues par l’Etat et aux frais d’inscription parfois exorbitants ont vu leurs effectifs multipliés par 10 sur la décennie. 

Rien ni personne, ni un algorithme, ni un manque de place, ne doivent justifier que chaque jeune ne puisse accéder à la filière de son choix. Aucun outil et aucune politique ne peuvent décider de laisser tout un pan de la population sur le carreau. L’accès à l’enseignement supérieur doit être un droit pour tous, quelles que soient son origine sociale et sa condition.

L’exclusion des plus défavorisés de l’Université

En regardant les chiffres de plus près, on constate que la part des enfants issus de classe populaire baisse à mesure que le niveau de qualification augmente. En 2021, seulement 8,5% des étudiants étaient enfants d’ouvriers en master et 5,9% en doctorat. Ce constat, Emmanuel Macron et sa ministre Sylvie Retailleau vont l’aggraver. Dès le mois de février, une plateforme de sélection en master va être déployée, alors que l’on ne compte pas moins de 7 500 cas de sans-master en cette rentrée.

Nombre de vœux limités, non-hiérarchisation des vœux et non-harmonisation des pièces demandées… Ce Parcoursup bis va avoir les mêmes effets dévastateurs. Les plus défavorisés vont être peu à peu exclus de l’Université, que ce soit par la sélection ou toute hausse à venir des frais d’inscription.

Samedi dernier, des députés de la France Insoumise ont tenu une réunion aux côtés de syndicalistes étudiants et lycéens contre Parcoursup et la sélection. L’objectif : dresser le bilan de la sélection et penser ensemble des débouchés communs. Nombre de chantiers attendent la jeunesse.

En premier lieu, celui de la bifurcation écologique. Celle-ci doit être menée au plus vite, alors que la planète brule. Pour cela, il est impératif d’avoir accès à une qualification et donc à un service public de l’enseignement supérieur de qualité. En ce sens, la France insoumise déposera dans le cadre de sa niche parlementaire une proposition de loi pour un revenu étudiant à 1102€/mois afin de garantir l’accès à la formation et à l’émancipation de tout un chacun.

Par Clémentine Tessier.