Le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, déjà célèbre pour sa loi anti-locataires, s’acharne encore sur les ménages populaires. Le 3 mai 2024, il présentait un projet de loi immédiatement qualifié de « nouvelle chasse aux pauvres », par Manuel Domergue directeur des études à la Fondation Abbé Pierre.
Entre vraie hausse des loyers des HLM les plus modestes et fausses solutions pour faciliter l’accès au logement social. Entre le détricotage de la loi SRU en incluant les logements intermédiaires à la proportion de logement sociaux et l’absence de renforcement des sanctions pour les communes qui ne respectent pas leurs obligations de droit au logement, cette loi est un concentré de macronisme. Faire payer aux pauvres ses cadeaux aux ultra riches. Inventer des faux coupables de la pénurie de logement pour masquer sa pleine responsabilité dans la crise majeure du logement dénoncée par la fondation Abbé Pierre dans son rapport de février 2024.
Deux jours après la présentation de la loi, sur France inter, le serial chasseur de pauvres Kasbarian se déclare déjà favorable à remettre une nouvelle couche de violence sociale avec une mesure pour flatter l’extrême droite : expulser les parents des enfants qui commettent des délits. Notre article.
Le ministre du Logement Kasbarian flatte l’extrême droite politique et médiatique
Un projet de loi annoncée sur Cnews et Europe 1. Déjà, le décor est planté. On part sur un projet réactionnaire pour se conformer aux injonctions de l’extrême droite politique et médiatique. Un projet d’arnaque sociale donc, à l’image de tout ce que propose le Rassemblement National. Même le député Renaissance (ex-LREM) Lionel Causse décrit une loi qui ne va rien « résoudre à la crise du logement ». Il faut dire que cet élu est aussi président du Conseil national de l’habitat. Et que l’institution qu’il préside a rendu un avis défavorable sur le texte le 24 avril.
Derrière les promesses de construire plus de logement, se cache la réalité de la tromperie. Construire plus oui, c’est l’objectif affiché, mais pas pour les mêmes personnes.
Le texte prévoit de faire entrer dans les obligations SRU les « logements locatifs intermédiaires » (LLI). Autrement dit, pour les communes qui ont l’obligation de posséder 20 à 25 % de leur parc locatif en logement social, seront désormais comptés dans le calcul les logements sociaux accessibles aux classes moyennes. Des ménages qui paient plus d’impôts et consomment plus.
Pour aller plus loin : Logement social – Loi SRU : 64% des communes sont hors-la-loi
Même s’ils ne s’inscrivent pas dans le rejet des classes populaires promu par Emmanuel Macron, les maires sont structurellement incités à vouloir attirer des ménages plus aisés dans leurs communes pour maintenir à flot les finances de leur commune. Ainsi l’étau se referme sur le logement accessible aux plus pauvres.
C’est pourtant tout l’inverse que réclament les experts du secteur. « Substituer du logement intermédiaire au logement social revient à faire reculer les chances des classes populaires et moyennes fragilisées d’accéder à un logement décent » alarme l’Union sociale pour l’habitat (USH). Au lieu de détruire la loi SRU, il faudrait au contraire la renforcer selon la Fondation Abbé Pierre. Dans son communiqué du 3 mai, l’institution écrit :
« La loi SRU a fait les preuves de sa pertinence et elle doit désormais être pleinement appliquée par toutes les communes. Plus de 1 000 communes sont encore en retard sur leur objectif et certaines d’entre elles, depuis deux décennies, se dérobent encore à leurs obligations de solidarité. L’urgence ne devrait pas être son détricotage, mais tout au contraire son renforcement. »
Écran de fumée et vrai racket social
Le reste de la loi n’est que mensonge, affichage et mépris. La volonté d’accélérer la rotation des logements est un écran de fumée. Les plafonds de ressources existent déjà. Ce n’est pas parce qu’il y a des gens riches dans les logements sociaux qu’il y a une pénurie. Mais parce que Macron a tout simplement fait effondrer la production depuis son élection.
Un tel graphique est accablant pour le Président. La chute du nombre de nouveaux logements construits commence très précisément 6 mois après sa première élection. Cette même personne qui promettait en décembre 2017 qu’il n’y aurait plus personne à la rue grâce à lui, est le responsable de la plus grave crise de sans-abrisme depuis l’hiver 1953 et l’appel de l’Abbé Pierre, dans une France qui sortait de la guerre.
Autre coup de massue sur les locataires précaires : augmenter les loyers des HLM les plus anciens. Ceux qui sont dans le moins bon état, mais aussi les moins chers. Donc ceux qui bénéficient aux ménages les plus pauvres. Oxfam chiffre à « près de 131 000 ménages qui font déjà face à une inflation galopante ».
Faire payer aux pauvres le trou béant creusé par les cadeaux aux riches. Un coup classique d’Emmanuel Macron. Dès son élection de 2017, il a fait pleuvoir les milliards sur ses amis nantis. Le président des riches a en effet supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et instauré une « flat tax » : résultat, en moins d’un an, les 0,1% les plus riches ont vu leurs revenus exploser de +25 %. Puis, c’est le tour de la suppression du prélèvement forfaitaire unique (PFU) faisant baisser l’imposition du capital. La fortune des 500 familles est passée de 570 milliards en 2017 à 1000 milliards en 2021.
Pour boucher le trou, l’œuvre macroniste la plus célèbre est la hausse des APL de 5 euros. Moins connue est la ponction opérée sur les organismes HLM. Les efforts réclamés au secteur sont conséquents : 7 % des recettes (22 milliards d’euros de loyers perçus par an) et de 70 % de leurs investissements (2,2 milliards).
Résultat, 7 ans après, il faut bien combler le trou béant laissé par la politique économique néolibérale. Et en toute logique, ce sont les plus pauvres. Ceux qui vivent dans les logements sociaux les plus anciens, et donc dans la moins bonne qualité de matériaux, d’isolation, qu’Emmanuel Macron a décidé de cibler pour leur faire les poches. La loi autorise à élever les niveaux des logements sociaux anciens, qui n’ont pas augmenté grâce à l’encadrement des loyers, au niveau des nouveaux logements de même catégorie. Un coup de massue. Alors que la moitié des ménages populaires se prive déjà régulièrement d’un repas par jour.
Emmnanuel Macron : l’idéologie de la vengeance comme organisation sociale
Deux jours après la présentation de la loi, sur France inter, le serial chasseur de pauvres Kasbarian se déclare déjà favorable à en remettre une nouvelle couche de violence sociale. Une violence gratuite, totalement inefficace, seulement bonne à flatter les instincts sadiques des éditorialistes d’extrême droite : expulser les parents des enfants qui commettent des délits.
Tous les parents font de leur mieux. Si des enfants entrent dans un parcours de délinquance, ce n’est jamais à cause de la négligence des parents. Tout au plus leur impuissance face aux conditions de vie délétères qui sont une clé d’explication. Comment imaginer qu’une femme de ménage, en horaires décalés, puisse d’une quelconque manière être aidée par la menace de finir à la rue ?
Aucunement. Ce n’est même pas le but. L’objectif n’est pas de résoudre un quelconque problème. Ce que vise le ministre Kasbarian avec cette mesure, c’est de stigmatiser, de flétrir, de blesser. Pour répondre aux injonctions d’une bourgeoisie passée sous Emmanuel Macron de libérale à autoritaire. De la violence comme solution à la violence. Cette stigmatisation des parents d’enfants en parcours de délinquance permet de diviser le peuple pour s’assurer que jamais il ne prendra en main l’aménagement, la production et la distribution du logement dans l’intérêt du plus grand nombre.
Le 9 juin : LFI propose une autre politique du logement
Le 9 juin, les insoumis entendent mettre un coup d’arrêt à cette politique de maltraitance sociale, à ce racket des ménages populaires : « Voter LFI, c’est donner de la force à LFI pour préparer l’après-Macron » résume leur tête de liste, Manon Aubry.
En ligne de mire aussi, l’élection présidentielle de 2027. Les insoumis se disent prêts à gouverner, et ont déjà une série de mesures prêtes à l’emploi, réalisables et finançables : la construction de logement abordable, 200 000 logements par an au moins, encadrer les loyers, augmenter les amendes des communes qui ne respectent pas la loi SRU, et abroger toutes les lois anti-locataires inventées par le sinistre ministre Kasbarian d’ici là.
Par Ulysse