Pollution plastique océans
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Trois fois plus de pollution plastique dans les océans d’ici à 2040 : à Paris, un sommet international pour empêcher la catastrophe

Le Programme des Nations unies pour l’environnement alerte. La pollution plastique dans les océans va tripler d’ici à 2040 si rien n’est fait. Une grave menace pour tout ce qui vit sous l’océan. (Fonds mondial pour la nature) Le plastique est déjà responsable de « la mort de 100 000 mammifères marins, et d’un million d’oiseaux » chaque année, selon un rapport du WWF.

Pour limiter cet écocide de masse, un cycle de cinq sommets internationaux a débuté à Nairobi au Kenya en 2022. Une deuxième session se tient cette semaine à Paris. L’objectif : élaborer un traité juridiquement contraignant sous l’égide de l’ONU d’ici à la fin 2024. Les petits gestes ne suffisent plus. Il est crucial de sortir de l’écologie des petits pas et de cibler les responsables de la catastrophe. Notre article.

Un cycle de cinq sommets contre la pollution plastique des océans

Cette semaine, du 29 mai au 2 juin, se tient à Paris la deuxième session du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique. Des représentants d’environ 160 États et près de 850 membres de la société civile se réunissent avec un objectif majeur pour l’avenir de la vie sur terre : signer un nouvel accord international ambitieux et juridiquement contraignant sur la pollution plastique d’ici à la fin 2024. Ouvertes l’année dernière à Nairobi, les négociations reprendront au Kenya à l’automne, au Canada en avril 2024, puis en Corée à l’automne 2024.

Le plastique est partout

70 % des déchets produits au niveau de la planète sont en plastique. Environ 10 % de ces déchets finissent dans l’océan. Chaque année, près de 8,8 millions de tonnes finissent dans les océans. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, donnait l’image « d’un camion-poubelle rempli de plastique qui se déverse dans l’océan » à chaque minute. 

Les photos des continents de plastique ont fait le tour du monde. 

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Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. « La majorité des déchets plastiques se retrouvent dans la colonne d’eau et dans le fond des océans, alors c’est seulement 15 % qui se retrouvent à la surface. Donc, c’est vraiment une sorte d’iceberg ; c’est une image, mais c’est vraiment le cas », a expliqué Julian Barbière, chef de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO.

Le plastique tue

De nombreux scientifiques parlent d’une 6e extinction de masse précipitée cette pollution Le WWF (Fonds mondial pour la nature) démontre que le plastique cause « la mort de 100 000 mammifères marins, et d’un million d’oiseaux ». Plus de 270 espèces animales sont victimes d’enchevêtrement dans des déchets plastiques. 240 espèces en ingèrent et meurent, incapables de digérer cette matière. On ne parle là que des déchets que nous le connaissons dans notre vie de tous les jours. Avant qu’ils ne se dégradent et se transforment en microplastique. 

Le microplastique a pénétré le cycle de la vie à tous les niveaux. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta. Les impacts sont encore méconnus. Surtout que les formes utilisées sont extrêmement variées. Les effets néfastes sont donc très différents. 

Comprendre pour agir

Financer la recherche scientifique afin de mieux comprendre les effets de cette pollution est un des enjeux majeurs de cette suite de sommets internationaux. « On se rend compte de plus en plus que ces pollutions plastiques sont des vecteurs pour agréger d’autres polluants et peuvent transmettre ces polluants dans différents organismes, y compris auprès des animaux » explique le chef de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO. Celui-ci appelle à développer « un cadre d’évaluation des risques » lors du sommet de Paris. 

Il est en effet nécessaire de comprendre contre quelle catastrophe l’Humanité doit lutter afin de pouvoir y faire face, en limitant à la fois ses causes par la régulation et au maximum de ses effets néfastes

La production annuelle de plastique a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes (Mt). Elle pourrait encore tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait. Or, les deux tiers de cette production mondiale deviennent des déchets à gérer après une seule ou quelques utilisations. 22% sont abandonnés (décharges sauvages, incinérations à ciel ouvert ou rejet dans la nature) et moins de 10% sont recyclés.

Il est donc absolument crucial de connaître les effets de cette pollution généralisée.

Mais il est tout aussi important de sortir de toute urgence de ce système économique, le capitalisme, qui n’offre qu’une seule alternative à toutes les merveilles de la nature : devenir une ressource à extraire ou un déchet inutile.

Agir contre les responsables de la catastrophe

Comprendre les racines et toutes les ramifications de ce mal qui ronge la planète ne suffira pas. Les petits gestes individuels non plus. Ce système économique est mortifère, à bout de souffle, totalement déconnecté des besoins des êtres vivants présents et futurs. Face à la catastrophe écologique qui s’avance, il est urgent que les intérêts financiers ne deviennent qu’une variable permettant d’accomplir des progrès pour l’intérêt général humain. 

Des multinationales comme Coca-Cola ont délibérément, pour maximiser leur profit, décidé de généraliser l’usage du plastique à usage unique. Ces entreprises sont responsables de l’écocide. Elles doivent payer le prix de cette catastrophe. Ce, grâce à la lutte des travailleurs qu’elles exploitent, avec le soutien de toutes celles et ceux qui refusent que la planète bleue ne se transforme en planète plastique. 

Par Ulysse