jets privés
Source : Embraer Phenom 300 private jet, Erik Brouwer, Flickr

Le nombre de jets privés a augmenté de 133% en 20 ans, les riches détruisent la planète

En 2022, il y a plus de jets privés dans le ciel que jamais dans l’histoire de l’humanité. Le précédent record était en 2007. Avant la crise des subprimes, mais aussi et surtout avant l’Accord de Paris, les grèves mondiales pour le climat, avant la prise de conscience massive et planétaire de l’urgence de diminuer rapidement et drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Avant que 61.8 % des jeunes de 16 à 25 ans soit touchés par l’éco-anxiété et que 39% hésitent à faire des enfants à cause du changement climatique. 

Les propriétaires de ces avions de luxe ne représentent que 0,0008 % de la population mondiale. Et pourtant, ils émettent la moitié des émissions de gaz à effet de serre de l’aviation. Leur choix de vie menace la survie de notre espèce. Il est urgent de taxer ces criminels climatiques pour les mettre hors d’état de nuire. Notre article. 

Nouveau record du nombre de jets privés 

En 2022, 5,3 millions de vols en jets privés ont eu lieu dans le monde. Le précédent pic de 2007 est dépassé. Ce sinistre record est le résultat logique d’une augmentation de 133% du nombre de jets privés en 20 ans. Et les perspectives ne sont pas plus réjouissantes. D’après un rapport de l’Institute for Policy Studies, le nombre de nouvelles ventes devrait encore battre un record cette année.

Rappelons que les jets privés émettent 10 fois plus de gaz à effet de serre par passager qu’un avion de ligne classique. Ainsi, représentant 4% du marché mondial de l’avion, ils sont responsables de la moitié des émissions du secteur. 

Même Capital trouve ça honteux

À l’heure où 39% des jeunes de 16 à 25 ans hésitent à faire des enfants à cause du changement climatique, où des scientifiques décident de passer dans l’illégalité dans l’espoir de faire bouger les choses, cette explosion du marché des avions de luxe est tellement aberrante que même Capital ne parvient pas à se réjouir. C’est dire si cette pratique des ultra-riches est en décalage complet avec l’éthique la plus largement partagée aujourd’hui. 

En 2007, date du précédent record, de nombreux scientifiques, militants, associations alertaient déjà depuis longtemps sur le risque du réchauffement climatique pour l’avenir de la vie sur Terre. Mais la prise de conscience était largement moins massive. 

C’était avant l’Accord de Paris par lequel tous les pays du monde se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement à 1,5°C d’ici la fin du siècle. Depuis 2007, les rapports du GIEC sont chaque année plus alarmistes sur la dégradation du climat et radicaux quant aux solutions à mettre en œuvre.

En 15 ans, l’immense majorité de la population est devenue consciente au moins de l’ampleur du problème, et de plus en plus, de l’ampleur de la bifurcation nécessaire. Les 22 % de suffrages à l’élection présidentielle 2022 qui se sont portés sur Jean-Luc Mélenchon, qui a fait de la règle verte et de la planification écologique le cœur de son programme économique, en attestent. 

Dans la nouvelle génération, celle qui verra potentiellement à la fin du siècle les conséquences du saccage de la nature, 59% se disent extrêmement ou vraiment inquiets pour l’avenir de notre planète. 61,8 % se disent anxieux, 56,8 % en colère et 44,2 % désespérés face au changement climatique.

Pour aller plus loin : Éco-anxiété – 75% des jeunes trouvent l’avenir effrayant à cause de la crise climatique

Seule une petite clique d’ultrariches a fait sécession. Les propriétaires de jets privés, souvent des milliardaires blancs, âgés de plus de 50 ans et travaillant généralement dans le secteur de la finance ou de l’immobilier, ne représentent que 0,0008 % de la population mondiale. Dans le secteur de l’aérien, ils sont responsables de la moitié des émissions des gaz à effet de serre. Au niveau macro-économique, les 63 plus grandes fortunes françaises polluent autant que la moitié de la population. 

Cette infime minorité possède et dirige aussi les multinationales qui structurent et tirent profit de ce système économique capitalisme néolibéral qui saccage l’environnement et les conditions de vie des humains. Au niveau mondial, 100 multinationales sont responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre. 

Régulation, taxation : Mettre les criminels climatiques hors d’état de nuire

Il est urgent que le peuple se défende. Il est urgent de mettre un terme à ce système où les riches polluent et les pauvres paient. 

Traquer leur jet privé est un bon outil de sensibilisation. Il faut maintenant passer à la vitesse supérieure. Chaque jour qui passe avant l’entrée dans l’ère de la bifurcation écologique diminue nos chances d’échapper à la catastrophe. 

D’une part, il est temps d’interdire un certain nombre de pratiques arriérées. Lundi 12 septembre, les députés LFI ont déposé une proposition de loi pour interdire l’usage de jets privés. Le ministre des transports Clément Beaune avait lui-même annoncé sa volonté de réguler ces vols. Pour le moment, il s’est contenté de la jouer façon Bruno Le Maire, proférant d’inutiles incantations

D’autre part, il faut retirer aux ultra riches ces immenses fortunes qu’ils utilisent si mal. Une société démocratique ne peut fonctionner quand une poignée possède tout, ne laissant au peuple, supposément souverain, que les miettes. Pour protéger les biens communs, l’eau, l’air, la faune, la flore, il faut mettre en commun les richesses. Tant que ces individus ultra-privilégiés possèderont de tels moyens financiers, ils les utiliseront pour leur propre confort, pour leur propre clan, au détriment de l’intérêt général humain. C’est pourquoi la lutte des classes est absolument indissociable de toute politique écologique crédible. 

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Par Ulysse

Source : Embraer Phenom 300 private jet, Erik Brouwer, Flickr