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« Les prix alimentaires, ça va être dur jusqu’à l’été » : Macron, le président inutile

« Les prix alimentaires, ça va être dur jusqu’à l’été ». Dans une interview au Parisien sortie ce dimanche 23 avril 2023, Emmanuel Macron a pour une fois le mérite de l’honnêteté : face à l’inflation, il ne sert à rien. Bloquer les prix ? Augmenter les salaires ? Taxer les super-profits, première cause de l’explosion des prix alimentaires ? Le président est spectateur d’une situation pourtant gravissime. Sur un an : +25,18% sur le riz, +11,52% sur les spaghettis, +54,3% sur le sucre, +51,1% sur l’huile alimentaire, +37,39% sur la farine, +33,15% sur les steaks surgelés, +27,32% sur le PQ, +22,7% sur le beurre, +19,11% sur les céréales, +13,05% sur le café, +19,21% sur les œufs, +21,38% sur les petits pois, +11,43% sur l’eau…

Ces chiffres traduisent une réalité que beaucoup refusent de nommer : une crise alimentaire. Ce n’est pas l’insoumission.fr qui le dit, mais les chiffres du Resto du Cœur. Le nombre de Français ayant recourt à l’aide alimentaire pour pouvoir se nourrir explose dans le pays. 42% des Français les plus précaires sautent un repas par jour (Ifop, « La Tablée des chefs »). Mais contrairement à ses homologues européens, le président français se refuse toujours à taxer les super-profits et à augmenter les salaires.

Taxer les super-méga-profits du secteur de l’alimentation, à l’origine de plus de 50% de l’augmentation des prix alimentaires ? Surtout pas, les riches s’en iraient (le président aurait dû lire notre désintox : non, les riches ne vont pas se barrer si on les taxe). Le président laisse l’inflation et les super-profits s’aggraver, en revoyant la responsabilité aux « employeurs » et au « dialogue social ». Y a-t-il un pilote à l’Élysée ? Les solutions pour répondre à l’urgence existent. Mais Emmanuel Macron est inutile au plus grand nombre, il répond à d’autres intérêts. Notre article.

« Les prix alimentaires, ça va être dur jusqu’à la fin de l’été » : y a-t-il un pilote dans l’avion ?

« Nous subissons tous l’inflation en ce moment. Très honnêtement, pensez-vous que les prix redescendront un jour ? », demande la journaliste du Parisien au chef de l’État. Sa réponse vaut le détour. Elle démontre la déconnexion totale du président de la République avec la crise sociale profonde qui fracasse notre pays : « La clé, c’est que le travail paye mieux. Le SMIC continue d’augmenter, les autres salaires doivent suivre ».

« Le SMIC continue d’augmenter » ? Depuis le 1er janvier 2023, il est de 1 353 nets pour 35 heures hebdomadaires, après une revalorisation automatique de 1,81%. Une hausse bien moins rapide que l’inflation. Pas étonnant : main dans la main avec le Rassemblement National, la macronie a voté contre la hausse du SMIC et contre l’indexation des salaires sur l’inflation au moment du mal nommé « paquet pouvoir d’achat » en juillet 2022. Il est pour le moins culotté de venir ensuite fanfaronner sur une augmentation ridicule du SMIC. 1,81% de hausse face à 15% d’inflation alimentaire ? 42% des Français les plus précaires doivent se priver d’un repas par jour à cause de la flambée des prix.

La clé est du côté des « employeurs » et du « dialogue social », conclut Emmanuel Macron. Y a-t-il un pilote dans le cockpit de l’Élysée ? La clé serait aussi du côté d’un décret présidentiel permettant d’augmenter le SMIC ou de bloquer les prix de biens de première nécessité d’un trait de plume. Mais, « vous comprenez, ça va être dur jusqu’à l’été ». Emmanuel Macron peut augmenter le SMIC ou bloquer les prix pour permettre à la population de se nourrir décemment.

Macron refuse de taxer les super-profits de l’agroalimentaire, en grande partie responsables de l’inflation sur la nourriture

« Pardonnez moi, mais les gros patrons se gavent, et, nous, on souffre ! », lance la journaliste du Parisien à Emmanuel Macron au milieu de l’interview. Le Parisien s’insoumise-t-il ? Portant fièrement ses œillères néolibérales, Emmanuel Macron rejette toujours toute idée de taxe sur les super-profits. Taxer les entreprises du secteur de l’alimentation ? « Mais si vous les massacrez de taxes, que font-ils ? Ils s’en vont ! », affirme-t-il. L’industrie agroalimentaire ? Elle n’est même pas évoquée. Sauf que non, les riches et les grands patrons ne vont pas quitter le pays si on les taxe. Nous vous en parlions déjà dans un épisode de notre série « Désintox économique ».

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Pour aller plus loin : Crise alimentaire : 42% des Français au SMIC ont dû supprimer un repas, les super-profits première cause de l’inflation

Le problème, c’est celui des super-profits qui gavent l’industrie agroalimentaire, pendant que l’inflation étouffe les Français. Ceux-ci sont la première cause de l’inflation sur les prix alimentaires. Entre les quatrièmes trimestres 2021 et 2022, « les profits du secteur ont doublé (passant de 3 à 6 milliards), tandis que la rémunération des salariés du secteur n’a augmenté que de 3 % (de 6,7 à 6,9 milliards) », selon l’Institut La Boétie.

Au second semestre 2022, « la contribution des profits de l’agroalimentaire à la hausse des prix de production monte même à 51 % ». Il est plus que temps de taxer les super-profits, d’augmenter le SMIC et de bloquer les prix des biens de première nécessité. Les solutions pour répondre à l’urgence sociale sont là, à nos pieds, et elles ne demandent qu’à être mises en œuvre.

Par Nadim Février