eau contaminée
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Scandale : en France, 33% de l’eau du robinet contaminée au chlorothalonil R471811

Jeudi 6 avril, l’agence nationale de sécurité de l’alimentaire, de l’environnement et du travail (ANSES) révèle qu’en France, un tiers de l’eau du robinet dépasse les taux autorisés pour le chlorothalonil R471811. Ce composé chimique est issu de la dégradation d’un fongicide principalement utilisé pour la culture des vignes, des céréales et des pommes de terre. Il est interdit depuis 3 ans car supposé cancérigène. 

L’agence de sécurité sanitaire en a trouvé des résidus dans plus d’un prélèvement sur deux, à des niveaux supérieurs à la limite de qualité dans un cas sur trois au niveau national avec de fortes disparités. Jusqu’à 90% des foyers en Loire-Atlantique. D’après Xavier Coumoul, expert toxicologie pour l’INSERM, l’eau minérale pourrait également être touchée par cette pollution potentiellement nuisible pour la santé des consommateurs. 

Ce scandale sanitaire démontre que la contamination de l’eau se poursuit même des années après l’interdiction des produits dangereux. Il est urgent de sortir de l’agro-industrie accro aux énergies fossiles et aux produits chimiques pour passer à une agriculture biologique et paysanne. Il est urgent de privilégier la santé de nos enfants à la santé des multinationales. Notre article. 

Chlorothalonil R471811, métabolite d’un fongicide interdit depuis 3 ans en France

En 2019, la Commission européenne interdit le chlorothalonil, un fongicide supposé cancérigène principalement utilisé pour la culture des vignes, des céréales et des pommes de terre. La France prolonge l’autorisation jusqu’en 2020 pour écouler les stocks. Depuis 3 ans, ce produit chimique n’est donc plus répandu. La fin du problème ? Loin s’en faut. Au fil du temps, par l’action des micro-organismes présents dans le sol et dans l’eau, l’intrant se dégrade. Il se transforme en chlorothalonil R471811. En chimie, on dit qu’il se métabolise. Le chlorothalonil R471811 est donc le métabolite (résultat du procédé de métabolisation) du chlorothalonil. Dans la presse, vous retrouverez le plus souvent l’expression « résidus » plus facilement compréhensible (mais moins précis d’un point de vue scientifique).

Un tiers des échantillons dépassent les limites de qualité au niveau national 

Régulièrement, l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (ANSES) réalise des contrôles sur l’eau destinée à la consommation. Pour son dernier rapport, publié le jeudi 6 avril 2023, l’agence de sécurité sanitaire s’est penché sur les « composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers ». Donc notamment les métabolites de différents pesticides et fongicides massivement utilisés pour l’agro-industrie intensive. 

« 89 d’entre eux ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées » Premier choc. La pollution est donc massive. Déjà en 2022, l’association Campagne glyphosate France révélait que 99,8% des Français avaient du glyphosate dans leur urine. On sait maintenant que la pollution continue même des années après l’interdiction. Interdiction que l’on attend toujours concernant le glyphosate malgré les promesses en l’air d’Emmanuel Macron.

Le chlorothalonil R471811 a retenu l’attention des chercheurs car c’est le résidu que l’on retrouve le plus souvent. Dans la moitié des échantillons. Plus grave, dans 33% de l’eau destinée à la consommation du pays, le taux de est supérieur au seuil de qualité. En Loire-Atlantique, c’est même 90%. Ce ne sont donc pas de légères traces résiduelles. Bien au contraire. On peut parler d’une véritable contamination au métabolite des années après l’interdiction de l’intrant chimique originel. Deuxième choc. 

Un point de prudence, et d’espoir. Des études sur le chlorothalonil avaient identifié des tumeurs rénales chez le rat et la souris. Cependant, concernant le métabolite, ce n’est pas prouvé. L’Anses souligne un « manque de données pour prouver que le métabolite chlorothalonil R471811 ne partage pas le mode d’action de la SA (substance active) parente aboutissant à des tumeurs rénales ».

En revanche, pour celles et ceux qui voudraient éviter la contamination en privilégiant l’eau en bouteille, rien n’est moins sûr. D’après Xavier Coumoul, expert toxicologie pour l’INSERM, l’eau minérale pourrait également être touchée par cette pollution potentiellement nuisible pour la santé des consommateurs. Rappelons que l’eau en bouteille est, elle, largement contaminée au micro-plastique.

Dernière solution pour éviter cette contamination potentiellement cancérigène : se passer d’eau ? Non. L’eau est la base de tout. 3 jours sans eau, et c’est la mort. 

L’eau, douce et liquide, bien commun le plus précieux de l’humanité

La Terre est surnommée planète bleue pour une raison. Elle est couverte à 72% d’eau. Ce que nous appelons continent ne sont jamais que des îles dans l’océan. C’est dans cette eau que le phénomène de la vie est apparu. Notre planète ne manquera donc jamais d’eau. 

Seulement, pour l’humanité (pour l’essentiel des formes de vie sur la terre ferme), ce ne sont pas les quantités totales d’eau qui comptent, car l’eau salée est toxique en grande quantité. Ce qui compte, c’est l’eau douce. Et là, les quantités sont largement moindres. L’eau douce ne représente que 2,5 % de la totalité de l’eau. Et dans cette quantité limitée d’eau douce, il n’y encore qu’un seul petit pourcent qui est sous forme d’eau de surface liquide, l’unique forme que les humains peuvent consommer. 

Le 28 avril 2022, une étude suédoise parut dans la revue Nature démontrait que l’humanité venait de dépasser la 6ème limite planétaire. Celle du cycle de l’eau douce. L’accès à ce bien commun, le plus précieux de l’humanité, est donc menacé.

Il est donc urgent de protéger cette ressource, la plus vitale d’entre toutes

Le capitalisme dévore et saccage l’eau. Des milliards de mètres cubes d’eau sont utilisés pour arroser du maïs en France qui servira à nourrir des poulets en Chine. Le but ? Approvisionner le « marché mondial » , c’est-à-dire enrichir les multinationales de l’agro-business. 

Plus de 50 000 tonnes de pesticides sont déversées chaque année sur les cultures françaises. Le but ? Augmenter la rentabilité, donc gaver les multinationales de l’agro-business.

Et ce n’est pas le gouvernement Macron qui va enrayer cette élan mortifère. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, veut revenir sur la procédure d’interdiction d’un autre produit, l’herbicide agricole S-métolachlore, pas encore banni par l’Union européenne en déclarant : « Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence » En revanche, c’est lui qui fera payer à tout un peuple l’égoïsme et la gloutonnerie de l’infime minorité d’ultra-riches qui bénéficie de ce système qui tue les agriculteurs et nous rend tous malades.

Il est urgent d’entrer en résistance. C’est ce qu’ont fait par exemple les manifestants à Sainte Soline en novembre 2022 puis en mars 2023. C’est ce que propose le programme partagé de la Nupes. Rompre avec la logique capitaliste ultralibérale du tout marché, du profit à court terme pour entrer dans un système de partage et de protection des biens communs.

Il est urgent de privilégier la santé de nos enfants à la santé des multinationales.