Ariège

En Ariège, l’alliance de 50 nuances de droites

Ariège. Quand la poussière retombe, la meute a laissé de drôles de traces : un front comprenant Julien Odoul (Rassemblement national), Olivier Dussopt (Renaissance, ex-LREM), Jean-Christophe Cambadélis (Parti socialiste) et Jean-Pierre Raffarin (Ex-Les Républicains). L’ancien Premier ministre nomme l’objet jusqu’ici non identifié : « il semble bien qu’un front républicain anti NUPES soit en cours de constitution ». Nous y voilà : un front anti NUPES. Ou le retournement du barrage républicain.

L’insoumission.fr avait averti : « Plutôt Le Pen que Mélenchon », le retournement du barrage républicain était prédit par le philosophe Frédéric Lordon. Nous y voilà : l’alliance de l’extrême droite, de la droite traditionnelle, de la droite macroniste, et des fossoyeurs de la gauche. Le barrage contre l’extrême droite ne prend plus l’eau dans le pays, il se retourne carrément : l’ennemi à sortir de « l’arc républicain » n’est plus l’extrême droite, mais la gauche. Diaboliser Mélenchon, dédiaboliser Le Pen, c’est le jeu terriblement dangereux auquel joue Emmanuel Macron pour tenter de se sortir de la crise.

En Ariège, la dissidente PS a gagné dimanche soir, mais dans le reste de l’Occitanie, les candidatures dissidentes PS, soutenues par la présidente de région, Carole Delga, ont eu une conséquence : l’élection de 16 députés Rassemblement national. Julien Odoul ne s’est d’ailleurs pas trompé dimanche soir : le député d’extrême droite a salué la victoire de ses alliés en Occitanie. Ces résidus du Parti socialiste participent aujourd’hui au retournement du barrage républicain, en servant d’idiots utiles aux adversaires de la NUPES : être salués par la macronie, la droite et l’extrême droite devraient être la ligne rouge pour quiconque est de gauche. Mais après avoir trahi les classes populaires durant le quinquennat Hollande, porter une responsabilité immense dans le vote RN, ces gens-là ont depuis bien longtemps quitter les rives de la gauche. Notre article.

En Ariège, un front anti NUPES, ou l’alliance de l’extrême droite, de la droite et des fossoyeurs de la gauche

Ariège. Ce dimanche soir avait lieu une élection législative partielle. L’insoumise Bénédicte Taurine affrontait la dissidente socialiste Martine Froger, candidate soutenue par la macronie. Le parti présidentiel avait en effet appelé à voter pour la dissidente PS, après avoir été pulvérisé au premier tour, alors que l’effondrement est en marche en macronie depuis l’utilisation du 49.3 pour passer en force la retraite à 64 ans rejetée par 80% des Français.

Pour une personne de gauche, le soutien de la macronie, en plein mouvement social historique, serait un baiser de la mort. Pas pour la dissente socialiste, soutenue par Carole Delga et le PS d’Hollande, qui, il est vrai, n’est plus de gauche depuis bien longtemps. Depuis plus de 10 ans, depuis 2011 sûrement, quand son Think Tank théorisait l’abandon des classes populaires : les gueux ne votent pas, contrairement aux classes intermédiaires. Une trahison très vite confirmée une fois au pouvoir : quand François Hollande s’aplatît face à Angela Merkel et Bruxelles, avant même d’avoir pris les armes, abandonne le combat contre son ennemi imaginaire, la finance, puis la fait rentrer comme secrétaire général adjoint de l’Élysée.

Car oui, cette « gauche » là a enfanté Emmanuel Macron. Elle l’a nommé Ministre de l’Économie. Elle a permis les lois Macron, la loi El Khomri, la destruction du droit du travail, au service du capital. Entre le travail et le capital, cette « gauche » là a choisi son camp : le droit. Et aujourd’hui le camp macroniste ne s’y trompe pas : dimanche soir la victoire de la dissidente PS a été saluée par Olivier Dussopt, Clément Beaune et Stéphane Séjourné, ministres macronistes. Cette « gauche » là ayant enfanté leur président, rien de plus logique, la boucle est bouclée.

« Plutôt Le Pen que Mélenchon » : quand le retournement du barrage républicain était prédit par Frédéric Lordon

Dimanche soir, le front commun comprenant Julien Odoul (Rassemblement national), Olivier Dussopt (Renaissance), Jean Christophe Cambadélis (Parti socialiste) et Jean-Pierre Raffarin (Ex Les Républicains), a matérialisé un phénomène contre lequel alerte l’insoumission.fr depuis la campagne des législatives : le retournement du barrage républicain dans notre pays. Un glissement nauséabond : l’adversaire à exclure de « l’arc républicain » n’est plus Marine Le Pen, mais Jean-Luc Mélenchon. Pendant que Jean-Luc Mélenchon est « limite du point de vue de l’arc républicain » selon Pap Ndiaye, Marine Le Pen est « bien plus républicaine » selon Olivier Dussopt. 

Rappelez-vous de l’entre deux tours des élections législatives. Sur 61 seconds tours NUPES VS RN, les porte-paroles LREM ont refusé d’appeler à voter NUPES dans 55 cas. Les électeurs macronistes ont bien reçu la consigne et ont préféré s’abstenir ou voter pour l’extrême droite que voter pour la gauche. Le barrage républicain est parti en vacances, très loin. Pire, il s’est retourné. Mais au regard de l’histoire du capitalisme, rien de bien surprenant. Plutôt Hitler que le Front Populaire hier, plutôt le Pen que Mélenchon aujourd’hui.

Mais pourquoi la bourgeoisie préfère Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon ? Car le camp du capital sait où sont ses intérêts. La bourgeoisie n’est pas folle, et Marine Le Pen ne cesse de lui faire des appels du pied : vote contre le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) à de multiples reprises à l’Assemblée nationale, vote contre la taxe super-profits au Parlement européen, et en même temps, vote contre la hausse du SMIC, le blocage des prix de produits de première nécessité et le gel des loyers. Le patron du MEDEF ne s’y trompe pas.

Et le camp du capital adoube ses idiots utiles : les dissidents PS. Pour la même raison que le patron du MEDEF préfère Le Pen à Mélenchon, car le capital a eu une mémoire : il garde en bon souvenirs le quinquennat Hollande. Le quinquennat où le parti « socialiste » a défendu ses intérêts en fracassant le droit du travail. Et en enfantant Macron.

Par Pierre Joigneaux.

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Ariège : 50 nuances de droite.