Sur les autoroutes, les tarifs des péages vont augmenter de 4,75% le 1er février. Pour répondre à cette hausse, le ministre de l’Économie a immédiatement instauré une baisse de 60% des prix aux péages. Vous n’y croyez pas ? C’est normal puisque c’est faux. Jamais Bruno Le Maire n’est allé à l’encontre du capital et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer.
Pourtant, un rapport qu’il a lui même commandé a préconisé cette solution. Ce rapport dénonçant les super-profits des concessionnaires d’autoroutes, Bruno Le Maire l’a tout simplement… enterré vivant. « Un super-profit, je ne sais pas ce que c’est », disait-il en août 2022 aux universités du MEDEF. Le camp présidentiel a choisi son camp depuis longtemps : protéger les gros plutôt que les petits. Notre brève.
« Un super-profit, je ne sais pas ce que c’est »
Les tarifs des péages autoroutiers vont augmenter de 4,75% au 1er février. Depuis la privatisation des autoroutes de 2006, les concessionnaires se gavent, au détriment des automobilistes. Cachez ces super-profits que je ne saurais voir ? Bruno Le Maire y fait la sourde oreille. Ce, malgré les éléments révélés par un rapport une mission d’expertise qu’il a lui même commandée, rédigé de concert par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et par le service d’inspection du ministère de l’écologie. De sacrés gauchistes ! « La conclusion iconoclaste a tellement intéressé Le Maire qu’il s’assoit dessus depuis bientôt 2 ans », écrit Le Canard Enchaîné.
Magic Bruno Le Maire avait déjà fait fort lors de la dernière université du MEDEF le 30 août 2022. « Un super-profit, je ne sais pas ce que c’est », avait-il déclaré sans broncher. Deux rappels : TotalÉnergies a réalisé 17,3 milliards d’euros de bénéfices durant les neuf premiers mois de 2022 : un niveau jamais réalisé par une entreprise française. Rodolphe Saadé, le PDG de la multinationale CMA-CGM a engrangé 30 milliards d’euros en 2021. En voilà des super-profits.
« La politique, ça consiste uniquement à savoir à qui on va prendre du fric et à qui on va le donner », l’Abbé Pierre
Dans ce document enterré par Bruno Le Maire, on retrouve des mots feutrés pour dire que les concessionnaires d’autoroutes se gavent aux dépens des automobilistes. Le rapport met en lumière « une rentabilité très supérieure à l’attendu […] qui va contre le principe de rémunération raisonnable ». 12% de rentabilité sur les deux tiers du réseau routier. Soit presque 5 points de plus que le niveau visé « par l’État et par les sociétés concessionnaires d’autoroutes lors de la privatisation, en 2006, à savoir 7,67% », écrit l’hebdomadaire.
À cause de la privatisation, les concessionnaires d’autoroutes se gavent et font ruisseler les bénéfices… sur leurs actionnaires et dans leurs poches, au détriment des automobilistes. Au premier semestre 2022, Vinci, maison mère de VinciAutoroutes a réalisé 1,9 milliards de bénéfices. « L’argent n’est pas magique. Il est à chercher dans les bonnes poches ! », assénait Mathilde Panot, débattant face à au ministre macroniste Olivier Véran et Jordan Bardella (RN) mardi 24 janvier 2023. Plutôt protéger les super-profits des concessionnaires d’autoroutes ou le peuple subissant toujours une inflation de 7% en ce début d’année 2023 ?
Plutôt faire travailler les Français jusqu’à 64 ans ou faire payer au capital, dont les coffres débordent, pour combler le faible déficit à venir de notre système des retraites ? Le camp présidentiel a fait son choix depuis longtemps : protéger les gros, plutôt que les petits. LFI et ses alliés de la NUPES font le choix inverse. « La politique, ça consiste uniquement à savoir à qui on va prendre du fric et à qui on va le donner », disait l’Abbé Pierre. À bon entendeur.