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Retraites – « La plupart des collègues sont usés à 55 ans, voire décédés » : Alex, Stéphane et Anne ne tiendront pas jusqu’à 64 ans

Retraites. Élisabeth Borne et Emmanuel Macron ont déclaré la guerre sociale à 80% des Français. La retraite à 64 ans en 2030 : voilà ce qu’a annoncé la Première ministre le 10 janvier 2023 aux Français. Alors qu’à l’âge (actuel) de la retraite, 25% des hommes les plus pauvres sont déjà morts. Un objectif : faire des économies, malgré les dires du Conseil d’Orientation des Retraites (COR). Plutôt faire trimer le peuple que de faire payer le capital.

La question des retraites ne se limite pas à des chiffres. On parle surtout du sort de personnes brisées par leur travail. Celles-ci n’ont pas voix au chapitre sur les plateaux télés. On y préfère les « experts » économiques et les éditorialistes de plateaux libéraux. L’insoumission a décidé de donner la parole aux invisibles, toutes celles et tous ceux qu’on n’entend jamais.

Vous ne pourrez pas bosser jusqu’à 64 ans comme l’a décidé Emmanuel Macron ? Vous avez un métier pénible et comme 80% des Français vous êtes contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ? Envoyez-nous votre témoignage à [email protected].

2ème, 3ème et 4ème témoignages issus de notre appel : ouvrier peintre, serveur, enseignante en situation de handicap, Stéphane, Alex et Anne ne tiendront pas jusqu’à 64 ans.

Alex, 44 ans, travaille dans la restauration depuis 25 ans

Bonjour,

Cela fait 25 ans que je travaille en restauration, depuis 1996. 8 ans serveur puis cuisinier. 3 diplômes en restauration. Pas de vie sociale, de famille aux amis, tout le temps à travailler quand les autres se divertissent. Les heures sup’ non payées, donc pas dans les annuités, des heures décalés etc. Payé au lance pierre, j’ai le corps tendu à 44 ans. La plupart des collègues sont usés à 55 ans voir avant, voir décédés.

Comment voulez-vous atteindre 65 ans ou même juste se poser un peu pour faire le bilan du sacrifice qui aura permis aux gens de s’amuser ou des actionnaires de se payer des vacances, des villas, des Yachts, du caviar etc. Ce monde tourne à l’envers, ce sont ceux qui sont à la base qui gagnent le moins comme les agriculteurs, les artisans, les ouvriers sans qui les actionnaires ne sont rien.

Cdt 

Retrouvez le témoignage de Nathalie, 53 ans : « Je ne peux plus rester debout » : témoignage de Nathalie, 53 ans, brisée par son travail avant la retraite

Stéphane, 52 ans, ouvrier peintre en bâtiment depuis ses 17 ans

Bonjour,

J’ai 52 ans, je suis ouvrier peintre en bâtiment depuis mes 17 ans. Cela fait donc 35 ans.

À l’âge de soixante ans j’aurais travaillé 43 ans, j’estime pouvoir partir en retraite sans décote jusqu’à 64 ans.

Mes articulations, coudes et poignets commencent à se plaindre des mouvements répétitifs, la poussière, les solvants que nous respirons nous font prendre des risques de maladies.

La retraite à 60 ans serait bien méritée il me semble.

Cordialement 

S. Ravaud

Anne, 57 ans, enseignante en situation de handicap

Je suis enseignante en situation de handicap reconnue à 80 % d’incapacité par la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées, ndlr). J’ai 57 ans et je ne peux pas actuellement prendre une retraite anticipée car je n’ai pas assez d’années en reconnaissance de travailleuse handicapée (moins de 20 ans). Ce système maltraitant ne tient pas compte des accidents de la vie. Actuellement je ne peux pas travailler à temps plein. J’ai besoin de temps pour me soigner si je veux garder une mobilité acceptable.

Péniblement, j’essaie d’atteindre l’âge de retraite à 62 ans, entre congés longue maladie, mi temps thérapeutique ou congé maladie ordinaire fractionné. Car malgré mon handicap, je n’arrive pas à obtenir un poste adapté. Donc l’allongement de l’âge de la retraite est vécue  pour ma part comme une agression physique et morale. Enseigner est un métier que j’ai fait avec passion.

Je n’ai jamais compté mes heures durant ma carrière. Je n’ai jamais cherché une reconnaissance de mon administration car seule comptait pour moi la petite lumière qui scintillait dans le regard de mes élèves. Aujourd’hui, mon corps me fait souffrir mais le pire c’est de subir le mépris de mon institution et de ce gouvernement qui ne cherche qu’à nous détruire.

Avec cette réforme, ils feront des économies sur nos cercueils. Une société qui maltraite sa jeunesse et ses ainés est une société décadente. La bataille des retraites va commencer, à nous de la gagner en nous mobilisant en masse. Que cette nouvelle année soit l’année de la victoire du peuple contre un système néolibéral, toujours plus maltraitant.