Emmanuel Macron, un robin des bois à l’envers. Sa réforme des retraites répond à un choix économique : faire payer le travail plutôt que le capital. Oui, il s’agit bien d’un choix économique, et il faut le marteler : le « There is no alternative » macroniste est un leurre. Le chef de l’État a une multitudes d’autres options économiques pour financer le système des retraites. Mais il a fait un choix : faire travailler les français toujours plus longtemps, pour pouvoir continuer à faire toujours plus de cadeaux au capital. Prendre au travail pour donner au capital. Travaillez plus, pour gaver plus. Notre article.
Prendre au travail pour donner au capital
Le rapport du Comité d’Évaluation et d’Orientation des retraites (le COR), qu’on ne peut soupçonner de communisme, souligne que le système des retraites n’est pas en danger : un déficit de 10 à 12 milliards d’euros par an (pour un système de retraite dont les dépenses annuelles totales sont d’environ 340 milliards d’euros), avant un retour à l’équilibre, sans réforme, entre le milieu des années 2030 et 2050. Un déficit qui n’a donc rien d’insurmontable, contrairement aux discours alarmistes qui visent à masquer la terrible réalité : le coût du capital, le pognon de dingue que nous coûtent les assistés d’en haut.
Chaque année, l’État déverse en effet au moins 157 milliards d’euros d’aides publiques aux (grandes) entreprises, sans aucune contrepartie. Un chiffre choc révélé par des chercheurs du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), à la demande de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires). De l’argent public dilapidé sans aucune contrepartie et qui finit donc dans les poches des actionnaires : 80,1 milliards d’euros de dividendes et de rachats d’actions en 2022. Les records de gavage ne cessent d’être battus. Mais Emmanuel Macron persiste et signe : la seule suppression de la CVAE (Contribution à la Valeur Ajoutée des Entreprises), représente un nouveau cadeau de 8 milliards d’euros par an.
Au diable la rationalité économique
Au diable la rationalité économique, peu importe que le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, mis en place en 2013) ait démontré l’absurdité de déverser des milliards d’argent public sans aucune contrepartie sur les grands groupes du CAC 40, peu importe le coût gigantesque pour l’ensemble des contribuables : 900 000 euros par emploi créé par le CICE. Une folie économique !
Peu importe que France Stratégie, institut rattaché à Matignon, ait démontré la conséquence de la suppression de l’Impôt Sur la Fortune (perte de 3 milliards par an pour les recettes) et de l’instauration de la flat tax (perte de 900 millions par an) : l’explosion de la distribution de dividendes pour les 0,1% des plus riches. Peu importe les résultats, Emmanuel Macron poursuit sa folie économique.
Nos lecteurs les plus assidus se souviennent peut-être que, dans la dernière ligne droite de la campagne législative, Jean-Luc Mélenchon avait tenté d’alerter sur le programme économique caché d’Emmanuel Macron. Peut-être vous rappelez-vous du mano à mano par médias interposés entre Bruno Le Maire et Jean-Luc Mélenchon. Le leader des insoumis posait alors une question simple : où le gouvernement va-t-il prendre les 80 milliards promis à Bruxelles ? En taxant le capital ou en prolongeant la durée du travail ? Voici ce que l’insoumission écrivait à l’époque :
Le programme caché que Macron a envoyé à Bruxelles
Emmanuel Macron n’a pas de programme ? Détrompez-vous. Un document envoyé par la Commission européenne à la France il y a 4 semaines, le 23 mai 2022, donne des réponses fortes intéressantes. Le gouvernement a un objectif affiché : ramener le déficit public à 3% en 2027. Un projet qui a un coût : 80 milliards d’euros. Mais malgré les nombreuses interpellations de Jean-Luc Mélenchon, le gouvernement refuse toujours de dire où ces 80 milliards d’euros d’économies vont être réalisés.
Le chapitre « viabilité des finances publiques » du document donne des indications : « il est possible de réaliser d’importantes économies dans cinq domaines stratégiques, à savoir les dépenses de santé, la politique de l’emploi, les prestations sociales, le logement social et le système de retraite ».
Les discours, et les actes : ce document envoyé à Bruxelles résume la folie économique d’Emmanuel Macron. Une folie austéritaire : nous faire travailler toujours plus longtemps, fermer toujours plus de lits d’hôpitaux, détruire toujours plus nos services publics, dans quel but ? Pouvoir continuer à gaver les grands groupes sans aucune contrepartie. Peu importe les super-profits, les 185 milliards d’euros du seul Bernard Arnault devenu l’homme le plus riche du monde, les 30 milliards de Rodolphe Saadé pris en une seule année de Covid, les 17,3 milliards de TotalEnergies, le bénéfice net le plus élevé jamais réalisé par une entreprise française en seulement 9 mois, et ainsi de suite. Peu importe le pognon de dingue que nous coûtent les assistés d’en haut.
80% des Français contre la retraite à 64 ans : la bataille commence
Emmanuel Macron a fait un choix : faire payer les travailleurs, mangez 2 ans de plus. Peu importe que vos corps soient déjà brisés tant que le capital peut continuer à se gaver sur vos dos fatigués. Travaillez plus, pour gavez plus.
Mais 80% des Français sont contre la retraite à 64 ans. Et ils ont raison, cette réforme est absurde : un Français sur deux n’est déjà plus en emploi au moment de prendre sa retraite. Cette réforme est absurde, elle va contre le sens de l’Histoire : partager et réduire le temps de travail, pour pouvoir travailler tous. Cette réforme est ultra minoritaire et le gouvernement le sait : il l’a repoussée à de multiples reprises. Emmanuel Macron n’a pas oublié le mouvement social historique qui l’avait obligé à reculer avant le Covid.
La guerre sociale est déclarée, la bataille commence : rendez-vous les 19 et 21 janvier dans la rue.
Par Pierre Joigneaux.