Le Pen

Scandale : une vidéo du Monde dédiabolise le RN et la famille Le Pen

Le Pen. Le journal Le Monde a sorti jeudi dernier une vidéo sur une « phrase de trop » de Jean-Marie Le Pen ayant « miné sa carrière politique ». La phrase en question ? « Je crois que [les chambres à gaz] sont un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». En moins de quatre minutes de pseudo-analyse et de commentaires élogieux sur l’action de Marine Le Pen à la tête du parti d’extrême-droite, Le Monde va toujours plus loin dans la dédiabolisation politique et médiatique du Rassemblement National (RN et ex-Front National), le parti d’extrême-droite fondé par un ancien Waffen-SS. Retour sur ce scandale. Notre article.

Un bien sombre anniversaire que celui des 50 ans du Front National, renommé Rassemblement National par Marine Le Pen en 2018. Les fascistes, qu’ils soient “post” ou “néo”, gagnent en Suède et en Italie, répandent leurs violences dans les villes de France, sont élus à la tête de l’Assemblée Nationale par les députés LREM et servent d’alliés objectifs au pouvoir macroniste.

Il faut sans cesser rappeler leur opposition factice et le danger bien réel qu’ils représentent. Pourtant, c’est l’occasion qu’a saisie Le Monde pour sortir une vidéo proposant de revenir sur ce qu’il considère comme une simple « phrase de trop » du frontiste Jean-Marie Le Pen, celle sur les chambres à gaz comme « détail de l’histoire ».

Quatre minutes de désinformation et de dédiabolisation à haute dose du RN/FN et des Le Pen

Posé avec la mascarade habituelle de l’objectivité journalistique, il ne sera question pendant ces quatre minutes que de désinformation et de dédiabolisation à haute dose, ni des sources antisémites et collaborationnistes du Front National, ni de l’entourage compromettant de Marine Le Pen encore adepte des saluts nazis. Non, il s’agira plutôt de parler d’une « déclaration dans le feu d’une émission de radio », d’un « parti pas comme les autres » et du problème « qui n’est pas celui de Marine Le Pen », et même « pas du FN ».

Tout commence par une généalogie bien pratique du FN, qui ne remonte qu’au premier « score énorme » du Front National en 1984 aux élections européennes (avec 10% des voix). Aucune évocation ne sera faite de sa création en 1972 qui pourtant aurait permis de rappeler que c’est Jean-Marie Le Pen, ex-tortionnaire de la guerre d’Algérie et Pierre Bousquet, ex-Waffen-SS de la division Charlemagne qui sont allés en déposer les statuts.

Très vite, il est fait question de sa déclaration restée dans les mémoires du « point de détail de l’histoire », qui mérite d’être reproduite en entier : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existées, je n’ai pu moi-même en voir, je n’ai pas étudié la question, mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ».

Une phrase qui dit que l’existence des chambres à gaz n’est pas certaine et que le génocide de 6 millions de Juifs par le régime nazi ne serait qu’une broutille. Pourtant, que commente le journaliste du Monde ? Qu’il s’agit d’une simple “phrase choc” qui “déclenche des réactions indignées”. On aurait aimé que ce soit eux qui en soient indignés. Un crachat sur la mémoire des victimes des crimes fascistes et nazis.

La suite ne s’écarte pas de cette ligne si béate devant le Front National. Ils montrent l’extrait d’un universitaire « spécialiste du Front National » fier de venir expliquer « une déclaration non calculée, dans le feu d’une émission de radio », qui révélerait plus quelqu’un « qui n’est pas assez prêt à ce qui est le niveau demandé dans une campagne présidentielle »… Que simplement négationniste et antisémite ?

Puis le journaliste reprend : Jean-Marie Le Pen aurait ensuite « tenté de se rattraper tant bien que mal »… avant de montrer un extrait d’une conférence de presse où celui-ci attaque « le lobby de l’immigration d’avoir organisé et conduit contre moi ce procès en sorcellerie ». N’ont-ils rien à ajouter sur ces propos racistes ?

Commence après un concert de louanges autour d’un soi-disant “désaveu” de Marine Le Pen de son père. Elle aurait su prendre ses distances vis-à-vis de ces propos et aurait ainsi pu construire un Front National qui selon le journaliste aurait semble-t-il toujours dû exister et que seule la phrase de Jean-Marie Le Pen “empêchait de grossir”. Et qu’est-ce qu’on entend pour illustrer l’ampleur du “désaveu” de l’époque par sa fille ? “Je ne partage pas la vision que mon père a de la Deuxième Guerre mondiale et j’ai une vision différente de ces événements.” On a connu condamnation plus vive des crimes nazis.

La mascarade ne manque pas de finir sur la bouillie d’une analyse de votes religieux, nouvelle lubie de l’oligarchie médiatique trop occupée aux divisions ethniques (qui ne sont “communautaires” que quand il s’agit de pointer les musulmans).

La “polémique” serait évidemment close en raison d’un vote des Français Juifs pour le Front National “version Marine Le Pen”, et cette “question du point de détail” ne serait plus le “sparadrap ni de Marine le Pen ni du Front National”. Ni plus ni moins. On ne sait où passe l’histoire longue de la tradition antisémite de l’extrême-droite, qui persiste aux côtés d’un racisme crasse dans nombre de groupes aujourd’hui, y compris autour du RN (quand ils n’y étaient pas il y a peu).

Nous n’oublierons jamais la nature réelle du Rassemblement National

Nous, à l’Insoumission, sous les masques de noms, de portraits médiatiques élogieux, d’invitation dans les plus hauts lieux du pouvoir, des postures du Rassemblement National, nous n’oublierons jamais la réalité de son histoire et de son rôle : celui d’un parti né dans les admirateurs de Vichy, né parmi les véritables antisémites, qui sert de base arrière aux terroristes, aux violences et aux menaces des groupes fascistes. Celui d’un parti qui divise le peuple et distille la haine. Celui d’un parti et d’une dirigeante avec qui Le Monde et la bourgeoisie feraient mieux de ne pas jouer, au risque de se réveiller un matin livrés au sinistre appétit de la bête immonde, la société qu’ils prétendent dominer avec eux.

Par François Jarlier.