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Remaniement : un gouvernement étriqué pour un projet politique désavoué

Le Président a finalement daigné remanier son gouvernement après la claque électorale du second tour des élections législatives. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’enthousiasme de la caste dominante après cette annonce ne ruisselle pas sur le peuple. D’ailleurs, personne voulait rejoindre ce gouvernement sans gouvernail. Le Titanic gouvernemental tangue sous les bourrasques de critiques. Notre article.

Le valeureux protecteur des possédants a dévoilé son gouvernement d’action

Et en dehors de ce cercle fanatisé autour de son brave paladin ? Dans les services d’urgences submergés ? Dans les établissements scolaires méprisés ? Au sein de la jeunesse, suspendue à l’insoutenable attente de ParcoursSup ? Dans les classes populaires prises à la gorge par l’inflation ? Rien ou juste un bruissement sourd. Consternation silencieuse ou chuchotement de dégoût. Un silence de dépit, de mépris pour ce président minoritaire qui s’accroche coûte que coûte à son rêve de régner sans partage sur la France. Le silence ou juste un souffle de colère. Emmanuel Macron n’a rien compris.

Lundi 4 juillet au matin, un nouvel espoir s’est levé sur la France. Le gouvernement Borne II aussitôt annoncé, un frisson de plaisir a semblé parcourir l’ensemble de la population française. Tout le monde l’a constaté. Les sourires échangés dans les transports étaient plus francs, les histoires partagées à la machine à café plus enjouées, les regards pétillaient d’impatience à voir ce nouveau gouvernement entrer en action. Ou pas.

Remaniement : personne ne voulait rejoindre ce gouvernement sans gouvernail

Sans majorité à l’Assemblée nationale, chaque projet de loi devra remporter l’adhésion d’au moins un des groupes qui se déclarent d’opposition. Et pour l’instant, les mains tendues par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne sont restées vides.

Il n’est pas étonnant, dans ce contexte, que la diversité de personnes à embarquer dans une telle galère soit aussi faible que la victoire de la Première ministre aux élections législatives. Le duo défait aux dernières élections rêvait d’un gouvernement d’ouverture. Ils se retrouvent à recycler des pointures du premier quinquennat, pourtant déjà usées jusqu’à la corde : Marlène Schiappa, Sarah El Hairy pour ne citer qu’elles.

Les bourrasques de critiques font tanguer un gouvernement déjà à bout de souffle

Nous avons fait état dans nos articles de certaines d’entre elles : parité en trompe l’oeil avec des hommes ministres de plein exercice et des femmes aux secrétariats d’État, les territoires d’Outre-mer désormais sous la houlette d’un ministre de l’Intérieur qui ne connaît rien de mieux que le GIGN pour répondre à un mouvement social.

Les militants écologistes ont découvert sans trop de surprise que le ministère de la Transition écologique est descendu de la cinquième à la dixième place dans l’ordre protocolaire. À sa tête, Christophe Béchu. Vous vous demandez dans quelle lutte environnementale a-t-il été aperçu ? Ne cherchez pas, il est novice en la matière. Il est en revanche bien connu du mouvement réactionnaire « La Manif pour tous ». Tout comme Caroline Cayeux, nouvelle ministre délégué aux Collectivités Territoriales.

Avec ce gouvernement, l’idéologie de plus en plus réactionnaire du pouvoir éclate au grand jour

Finalement, les seuls qui y trouvent leur compte sont les plus proches du Président. Le Modem de François Bayrou récupère quatre postes. Horizons, le parti d’Edouard Philippe en reçoit deux. Le pouvoir s’enferme sur lui-même, s’ancre de plus en plus profondément dans une vision passéiste, éculée. Bien loin de la fumeuse apparence de « Révolution », de « disruption » de la campagne de 2017. Léo Walter, qui a vaincu Christophe Castaner aux élections législatives, résume ainsi ce remaniement.

Emmanuel Macron est nu. Les artifices ne prennent plus. Personne ne croit plus en sa capacité à gouverner. Les seuls qui acceptent de monter à bord ne visent qu’une chose : l’élection présidentielle de 2027. En macronie, la guerre des chefs est prête à commencer. Pour celles et ceux qui veulent des jours meilleurs, il n’y a rien à attendre de ce nouveau gouvernement.

Par Ulysse Kummer