Macron

RN ou NUPES ? Le barrage en marche prend l’eau

NUPES. Les soutiens d’Emmanuel Macron auraient changé d’avis ? Au soir du premier tour, le Rassemblement National (RN) et la NUPES, l’alliance historique de la gauche, étaient mis sur même plan. Depuis lundi, les consignes de vote seraient beaucoup plus claires et les macronistes ne se contrediraient plus. Sus à l’extrême-droite et front républicain partout ? Pas vraiment. La macronie est toujours fracturée. Sur les 61 duels NUPES VS RN, seul 7 des candidats macronistes éliminés appellent clairement à voter pour le candidat de la NUPES contre l’extrême-droite. Chamboulée, la macronie a perdu sa meilleure ennemie : l’extrême-droite. Certains soutiens d’Emmanuel Macron continuent de la mettre au même plan que la NUPES. Des porte-paroles LREM réduits à dénoncer des « extrêmes », en utilisant des fake-news, dénoncées par l’AFP. La macronie est en train de partir dans le décor. Notre article.

Législatives : 54 candidats du parti présidentiel sur 61 n’appellent pas clairement à voter NUPES

La NUPES affronte le RN dans 61 circonscriptions dimanche prochain. Les positions des macronistes sont très diverses selon un détail fourni par Libération. Seuls 7 candidats appellent clairement à voter pour le candidat de la NUPES contre l’extrême-droite. Par exemple, Ergun Toparslan (Territoire de Progrès) appelle à voter pour la députée insoumise Caroline Fiat dans la 6ème circonscription de Meurthe-et-Moselle.

10 autres candidats ne veulent « pas de voix pour le Rassemblement national », 7 candidats appellent à voter blanc, 20 candidats LREM ne donnent pas de consignes entre RN et NUPES, 7 candidats se taisent depuis qu’ils ont remercié leurs électeurs pour leurs voix, 8 ne se sont pas exprimés depuis lundi et 2 contestent les résultats de l’élection, comme Jean-Michel Blanquer, fossoyeur de l’Éducation nationale. Vous avez dit barrage à l’extrême-droite ? Il prend l’eau.

Hier midi, la Première ministre a déclaré : « ne jamais donner une seule voix à l’extrême-droite ». Le ton n’était pas le même la veille. Elle dénonçait une « confusion inédite des extrêmes ». Même son de cloche du côté de la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire. Le soir des résultats, elle a botté en touche et a défendu le « cas-par-cas ». Le lendemain, son fusil avait changé d’épaule : « Pas une seule voix ne doit aller à l’extrême-droite ». La confusion en marche.

D’autres candidats défaits mènent carrément un front républicain contre la NUPES : le monde à l’envers. Roxanna Maracineanu, ancienne ministre des Sports, appelle à… « faire barrage à l’extrême-gauche. » Un front républicain contre une première de corvée : Rachel Kéké, une femme de chambre qui pourrait être propulsée à l’Assemblée nationale dimanche prochain. Une jolie vision de la République du côté du parti présidentiel.

Pourquoi les macronistes ne sont-ils pas unis pour appeler au front républicain ?

Les macronistes se considèrent-ils toujours comme un barrage à l’extrême-droite ? En 5 ans, Emmanuel Macron a plutôt été un marchepied qu’un barrage à celle-ci. Nous étions revenus là-dessus dans nos colonnes. Le maréchal Pétain qualifié de « grand soldat » par le chef de l’État, Marine Le Pen qualifiée de « trop molle » par Gérald Darmanin, la menace d’un pseudo « islamo-gauchisme » qui gangrènerait les universités… 5 ans de macronisme, 5 ans de banalisation de l’extrême-droite

Au soir du premier tour des élections législatives, les soutiens d’Emmanuel Macron ne se sont pas accordés sur une consigne de vote pour les duels RN/NUPES. Alors qu’au soir du premier tour de l’élection présidentielle, la consigne de vote était claire du côté de l’Union populaire. « Pas une seule voix pour Marine Le Pen », avait martelé quatre fois Jean-Luc Mélenchon. Ce soir-là, la macronie avait poussé des cris d’orfraie. Aujourd’hui, ne pas faire clairement barrage l’extrême-droite serait acceptable ?

Pourquoi cette désunion du front républicain du côté du parti présidentiel ? Parce que les macronistes ont perdu leur meilleure ennemie : l’extrême-droite. « [Ils] s’étaient habitués à un schéma très confortable : être en tête au premier tour, et gagner largement au second grâce aux voix de la gauche face à l’extrême droite », écrit la journaliste Emma Poesy dans l’Obs. Aujourd’hui, ils peuvent difficilement jouer la comédie de la République en danger face au péril de l’extrême-droite. Ils s’en remettent aux injures et aux arguments douteux et fallacieux. La gauche est plus que jamais diabolisée et accusée de tous les maux. Leur peur est palpable. Ils ont en face d’eux une alliance historique de la gauche, première force politique du pays.

LREM et ses alliés sont chamboulés. Ils ont perdu leur adversaire favori, leur assurance-vie. Face à une gauche en position de force pour le second tour des élections législatives, ils sont coincés. Appeler clairement à voter NUPES serait sûrement jugé risqué de leur côté : c’est pourquoi une majorité de macronistes ne le fait pas. Tout cela se fait au détriment du barrage à l’extrême-droite qu’ils prétendent incarner depuis des années. Leur peur de ne pas avoir de majorité à l’Assemblée nationale est bien réelle. Réponse dans les urnes dimanche prochain.

Par Nadim Février