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Scandale : Génération identitaire, le retour sous autorisation préfectorale

“Génération Identitaire”, le groupuscule d’extrême-droite violent censé avoir été dissous en mars dernier sur demande du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a été vu de retour en ordre dispersé à Paris. C’était samedi dernier, lors d’une manifestation nocturne autorisée par le préfet Lallement, révèle Street Press. Bilan : le tabassage collectif d’un passant, et une ambiance glaçante. Notre article.

C’est Street Press, le site d’information devenu clé dans le suivi des actions de l’extrême-droite, qui le révèle dans un reportage publié ce mardi. Lors d’une manifestation nocturne de divers groupes et milices d’extrême-droite autorisée par le préfet Didier Lallement, samedi dans la capitale, un homme a été violemment agressé par des membres de l’ex-Génération Identitaire, en reconstitution. A la suite d’une journée émaillée par la présence d’une extrême-droite remontée, inquiétante, et toujours trop peu inquiétée par les autorités. 

Génération identiaire dans Paris samedi : manifestations violentes et veillée glaçante

Samedi, tout commence dans la manifestation organisée par Florian Philippot, président du parti d’extrême-droite Les Patriotes. Encore sur le parvis du Trocadéro, un cortège serré de plus de 150 militants identitaires et néo-fascistes se forme à part. Et très vite, ils passent aux actes : alors que des journalistes de l’AFP passent à proximité du cortège, un d’entre eux appelle au mégaphone à “niquer ces fils de putes”. S’en suivent l’agression des agents de sécurité et d’une journaliste, avec menaces de mort et deux blessés. 

Plus tard, le même cortège se réunit pour une nouvelle manifestation, la nuit tombée : flambeaux, cagoules, drapeaux monarchistes et banderoles identitaires au programme, avec des slogans comme “On est chez nous” ou “On entend pas les antifas”. L’ambiance d’horreur flotte dans les rues parisiennes. Et tout à coup, c’est un déchainement de violence : alors qu’un curieux assis à un café dans la rue leur lance une moquerie, plus d’une dizaine de militants se déchaînent sur lui, coups de poing, puis coups de pieds une fois à terre. L’un d’eux tente même des coups de porte-drapeau. Tandis qu’on voit certains des supposés services d’ordre se joindre au tabassage, d’autres finissent par ramener les autres au cortège. 

Silence gouvernemental, laissez-faire préfectoral 

Mais qui donc a pu laisser une manifestation avec des membres identifiés de Génération Identitaire et de multiples groupes violents manifester entourés d’un très faible effectif policier ? Le préfet Didier Lallement, qui s’était tragiquement illustré dans la répression de fer menée contre les Gilets Jaunes, conduisant à de nombreuses blessures et bavures policières, était pourtant au courant que la manifestation était organisée “par un satellite de l’ex-Génération Identitaire” selon les dire de la préfecture de police de Paris elle-même ! 

generation identitaire

Libération révélait déjà en octobre que le mouvement, dissous à cause de son hyper-violence physique et idéologique dans la haine des musulmans et des étrangers, était en cours de reformation en exploitant divers groupuscules locaux à travers la France, de Lyon à Rouen. Et le ministre Darmanin affirmait que «si des personnes qui appartenaient à Génération identitaire, visées par mes services, se retrouvent regroupées, […] il est évident que nous reprendrions des dispositions pour dissoudre et fermer ces lieux». Qu’a-t-il fait depuis ? Rien. Et pour l’instant silence radio du ministère, alors même que le coup de force et la gestion douteuse de la préfecture posent des questions majeures sur la volonté du gouvernement de combattre l’extrême-droite la plus dure. Dans l’hypocrisie la plus totale, Gérad Darmanin déclairait sur France Info ce matin : “Il y a une sorte de complaisance pour l’extrême droite dans notre pays et il n’y a manifestement plus que le gouvernement pour dénoncer les petits pas de la bête immonde”… Le même qui a osé dire à Marine Le Pen qu’elle était « trop molle » !

Un sacré culot ! Cela fait de long mois que la France insoumise (LFI) alerte sur les violences de l’extrême-droite, parfois bien seule dans le désert. Cela fait des mois qu’à l’insoumission, nous documentons l’explosion des violences d’extrême-droite dans le pays (notre carte). Le 12 juin dernier à l’initiative de LFI, 110 organisations associatives, syndicales et politiques de manifestaient dans plus de 140 villes de France contre les idées d’extrême-droite. Aujourd’hui en France, des journalistes comme Mathieu Molard, des avocats comme Arié Alimi, sont menacés de morts, des parlementaires comme Mathilde Panot, Danièle Obono ou Jean-Luc Mélenchon, sont menacés de mort par l’extrême-droite. Cela fait des mois que LFI alerte dans le désert face au silence assourdissant du gouvernement. De son côté, la macronie n’a pas hésité pendant des mois à reprendre le concept d’«islamo-gauchisme»,  préférant taper la gauche que l’extrême-droite.

Génération identitaire et la nébuleuse de ligues d’extrême-droite à l’offensive

Car elle se croit toute puissante. A la manifestation, les journalistes de Street Press n’ont pas manqué de repérer plusieurs membres connus des ligues néo-fascistes. Outre les dirigeants historiques de Génération Identitaire, présents au coeur du cortège, on pouvait trouver les Zouaves Paris, qui agressaient les militants de SOS Racisme au meeting de Villepinte d’Eric Zemmour sous la protection de ce dernier, comme nous le rapportions ici. On trouvait aussi aussi des néonazis niçois, les Zoulous, ayant agressé des manifestants d’une manifestation contre les violences faites aux femmes en novembre dernier, ainsi que des syndicalistes étudiants de Solidaires sur un campus deux mois auparavant.

L’air est épais et les ligues d’extrême-droite prospèrent, dispersant les violences et les agressions au nom de leur vision haineuse et de leur nostalgie d’un retour à l’ordre naturel où les forts écrasent les faibles. La situation ne peut plus durer ! Nous ne pouvons les laisser mettre le pays à feu et à sang ! Il est temps que le gouvernement cesse de tolérer la haine qui monte dans le pays. Nous ne la laisserons jamais prospérer. Toujours nous nous tiendrons face aux horreurs qu’elle propage, pour l’unité du peuple et la paix ! 

Par François Jarlier