La 1ère mesure de Mélenchon : pas une personne SDF à l’hiver 2022

« Si vous habitez à l’étage dans une ville et que vous observez par la fenêtre, vous verrez le soir passer de pauvres femmes qui tiennent par la main leur enfant pour pas qu’on ne leur prenne ». Ces mots sont ceux de Jean-Luc Mélenchon ce lundi 8 novembre 2021 au micro de RTL. Un constat évident répondront certains. Pourtant, qui prend encore le temps de regarder par sa fenêtre le soir les humains à la rue ? Le capitalisme financiarisé a plus que jamais accéléré le temps, dans notre époque où la rentabilité pour les actionnaires est l’alpha et l’oméga, le court terme est roi.

Et quand dans nos vies à chacune et chacun le rythme s’accélère, dur de continuer à prendre le temps de s’arrêter, regarder autour de soi, et de voir la misère. L’art d’ignorer les pauvres n’est pas nouveau. La vision de la misère dans les rues de nos villes est tellement fréquente qu’elle en est devenue invisible. Nos yeux voient ces hommes et ces femmes à la rue, parfois leurs enfants, mais nos yeux balayent ces images désormais tristement habituelles dans nos quotidiens.

Blocage des prix, blocage des coupures d’électricité

Jean-Luc Mélenchon avait visiblement un message à faire passer ce lundi. Celui qui est le favori de la gauche à six mois de l’échéance présidentielle a commencé par dresser le constat : «Vous avez 3 gosses par classe qui arrivent le matin sans avoir mangé un bout de pain. Vous avez 8 millions de personnes à l’aide alimentaire. Nos anciens font les poubelles. Personne ne peut l’accepter. C’est bien de s’indigner mais il faut agir. Bloquons les prix. »

Alors que les prix du gaz et du pétrole explosent dans le pays, le candidat à la présidentielle a rappelé la proposition que les insoumis martèlent depuis de longues semaines : le blocage des prix. Loin de l’arnaque du chèque énergie, les fameux 100 euros promis par Castex à six mois de la présidentielle, une rustine face à l’incompétence du logiciel macroniste à répondre aux défaillances du marché, une solution de long terme.

Le leader des insoumis propose de bloquer les prix de l’énergie au niveau où ces derniers étaient avant la hausse. Apportant au débat une autre proposition : taxer 10% des profits des fournisseurs de gaz et de pétrole. Une somme qui permettrait de reverser 500 euros à chaque famille abonnée au gaz. Jean-Luc Mélenchon a également apporté son soutien à une proposition de la fondation Abbé Pierre : l’abolition des coupures d’électricité.

La Fondation Abbé Pierre propose en effet un service minimum de l’électricité de 1000 kilowattheure qui seraient fournis dans toutes les résidences principales, quelle que soit la situation financière des ménages. Manuel Domergue, le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, explique : « Cela permettrait aux ménages d’avoir accès à la lumière, à un frigo ou un congélateur pour conserver des aliments, de charger un téléphone ou utiliser un ordinateur. Des choses basiques »

La première mesure de Jean-Luc Mélenchon : pas une personne SDF à l’hiver 2022

300 000 foyers, pour cause de factures impayées, se font couper l’électricité chaque année. 300 000 foyers se font couper le gaz pour la même raison. On se rappelle des spécialistes « fact checkeurs » de BFM TV le soir du débat entre Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour qui niaient cette réalité. Pas de chance, les chiffres de 2019 sont formels, l’expertise de la Fondation Abbé Pierre sur la pauvreté étant bien plus grande que celle de ces experts de plateaux.

Jean-Luc Mélenchon a profité de son passage sur les ondes de RTL ce lundi matin pour lancer un appel : « Si vous habitez à l’étage dans une ville et que vous observez par la fenêtre, vous verrez le soir passer de pauvres femmes qui tiennent par la main leur enfant pour pas qu’on ne leur prenne. Il y a 300 000 personnes qui n’ont pas de domicile dans le pays. Il y a 2 000 personne qui meurent dans et de la rue chaque année. Ma première mesure, comme président : donner un toit à tout le monde pour que pas une personne ne dorme dehors à l’hiver 2022 ».

La priorité absolue de Jean-Luc Mélenchon : ne plus laisser dormir dehors ces hommes et ces femmes invisibles. Une promesse qui avait été formulée par un certain Emmanuel Macron le 27 juillet 2017 : « je ne veux plus (…) avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus ». Lui n’avait pas de programme incluant une stratégie pour régler ce problème. On connait la suite.

Un plan ambitieux pour le logement

Le programme l’Avenir en commun, qui a rassemblé près de 20% des suffrages en 2017 et plus de 7 millions d’électeurs, prévoit une batterie de mesures sur le sujet. Pour éviter les expulsions tout d’abord, le programme des insoumis prévoit d’interdire les expulsions locatives sans relogement public et de mettre en place une garantie universelle des loyers créant un filet de sécurité contre les impayés de loyers, pour les locataires comme pour les propriétaires.

Le programme de l’« Union Populaire » pour 2022 a pour objectif de « créer des logements abordables pour toutes et tous ». Avec pour ce faire, un plan ambitieux : la construction de 200 000 logements publics par an pendant cinq ans aux normes écologiques les plus ambitieuses (RE2020, bâtiments à énergie positive), la réquisition des logements vides et leur retour sur le marché dans des conditions qui respectent les critères du logement décent, l’encadrement des loyers partout sur le territoire et à la baisse dans les grandes villes, le rehaussement des quotas de logements sociaux dans les villes (loi SRU) à 30 % et l’aggravation des sanctions contre les communes hors la loi, la lutte contre la spéculation sur le logement en limitant les locations de courte durée (de type AirBnB) aux propriétaires occupants et pendant une période limitée, et ainsi de suite.

Et pour permettre à chacune et chacun de vivre enfin dignement dans ce pays, les insoumis portent depuis de longs mois la proposition de création d’une garantie d’autonomie qui permettra que nul ne soit privé de sa dignité pour vivre : un revenu mensuel net de 1 063 euros pour que plus personne ne survivre en dessous du seuil de pauvreté. Enfin, les insoumis prévoient pour atteindre l’objectif de zéro sans-abri de doubler les places d’accueil dans le pays (estimées aujourd’hui à 100 000).

Quand certains s’alignent sur l’agenda médiatique de l’extrême-droite et proposent d’interdire les transferts d’argents vers les pays d’origines, d’autres tiennent la torche de la gauche allumée malgré le brouillard et l’odeur nauséabonde qui s’étend sur le pays. Loin de la zemmourisation médiatique, face à l’urgence sociale et écologique qui fracasse le pays, un programme plébiscité par une (très) large majorité de Français est sur la table.

Par Pierre Joigneaux.