Les faits se sont déroulés ce vendredi 8 octobre 2021 à Combs-la-Ville, en Seine-et-Marne. Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, on voit une enseignante devant la porte d’une salle de classe qui s’oppose à ce qu’un élève ne sorte. Celui-ci finit par ouvrir la porte violemment, projetant l’enseignante au sol, sous les rires de certains camarades de classe.
L’enseignante bousculée va porter plainte a annoncé la directrice des services de l’Éducation nationale. L’établissement, le lycée professionnel Jacques-Prévert de Combs-la-Ville, doit lui aussi déposer plainte. L’extrême-droite surfe sur cette agression, demandant notamment la re-migration de l’élève et de toute sa famille. Le sujet ce n’est pas que l’élève s’appelle Yassine ou Kevin, c’est bien l’urgence de moyens à l’école.
Hier soir encore, une enseignante dans un collège en banlieue sensible alertait sur les conditions de travail dans l’éducation nationale. Tous les jours, nos enseignants tirent la sonnette d’alarme. L’insoumission alertait juste avant les vacances sur les burnout dans l’éducation nationale, et titrait à la rentrée sur la vague de démissions d’enseignants au bout du rouleau.
Ces appels au secours du personnel enseignant doivent être entendus et être mis à l’agenda de la campagne présidentielle. Bonne nouvelle, un programme construit avec les syndicats enseignants, les associations et des experts ont effectué un chiffrage réel pour répondre à l’urgence dans l’éducation nationale. Ce programme, c’est celui des insoumis, l’«Avenir en commun », qui a déjà rassemblé plus de 7 millions de voix et près de 20% des électeurs en 2017.
Il propose de revaloriser le salaire des enseignants. Avec le gel du point d’indice notamment, le salaire réel des professeurs a subi une baisse de 28% entre 1982 et 2018… L’Avenir en commun propose une hausse de 13 à 15% immédiate des salaires pour compenser le gel du point d’indice, et d’engager une négociation pour une augmentation supplémentaire. Cela entraînerait une augmentation autour de 30% pour tous les enseignants, pour environ 17 milliards d’euros. Ce programme propose de réduire les effectifs par classe pour faire mieux que la moyenne européenne, qui est actuellement de 19 enfants par classe, abolir les privilèges de l’enseignement privé pour concentrer les moyens sur le public, étendre la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans et renforcer les dispositifs de rattrapage scolaire.
L’école publique, laïque et gratuite est une des plus grandes conquêtes sociales du siècle passé. Elle a arraché les enfants aux violences de l’usine et aux dogmes des églises. Mais elle a été terriblement affaiblie par quinze années de politiques destructrices, et en particulier par cinq années où Jean-Michel Blanquer l’a profondément sabordée. Le personnel enseignant est en grande souffrance mais le ministre de l’Éducation préfère parler… des écrans plats que les pauvres achèteraient avec les allocations de rentrée scolaire. Il est temps de dégager ces guignols et il est urgent de débloquer des moyens massifs pour l’École de la République.
Par Pierre Joigneaux.