La planète brûle, ils regardent ailleurs

Irak, Canada, Chypre, Californie, Grèce, Inde, Sibérie : la planète est en train d’étouffer. Mais ils regardent ailleurs. Tour d’horizon.

Plus de 40°C en Inde. La Grèce fait mieux : 44°C selon l’Observatoire météorologique d’Athènes. À Chypre, plongée sous une canicule de plus de 45°C, un incendie immense s’est déclaré hier et avait déjà emporté plus de 50km2 de forêts et de terres agricoles ce dimanche matin. La Californie est également sous les flammes : plus de 15 000 hectares de forêt étaient déjà partis en fumée ce vendredi. Les feux de forêt en été en Californie ? Habituel nous direz-vous. Cette fois-ci 700 personnes sont mortes au Canada en une semaine, 16 aux États-Unis.

Le petit village de Lytton, situé au Nord-est de Vancouver, est devenu tristement célèbre. Il a enregistré la température record de 49,6°C, avant d’être balayé par les flammes ce mercredi. En moins de 15 minutes. 90% du village parti en fumée selon le député de la circonscription. Rayé de la carte.

49,6°C ? Petits joueurs. Les Irakiens ont été plongés ce samedi sous des températures grimpant à… 52°C. À l’ombre. Sans électricité. On oublie les ventilateurs. Des douches ont été improvisées dans les rues du pays, pour 5 minutes de bonheur avant de retourner dans la fournaise. On imagine qu’à 52°C, on est séché assez vite. Même en Sibérie, réputée pour être un des endroits les plus froids du monde, le mercure s’envole. Le 20 juin dernier, les satellites du programme européen Copernicus ont enregistré des températures au sol supérieures à 35°C, avec un maximum de… 48°C détecté près Verkhojansk.

Au Mexique, un « œil de feu » en plein océan. Un incendie spectaculaire s’est en effet propagé près d’une plateforme pétrolière de la compagnie Pemex dans le golfe du Mexique ce vendredi 2 juillet vers 5 heures du matin. Cet incendie a été causé par l’explosion d’un pipeline sous marin à 150 mètres de profondeur. Incendie qui a provoqué des flammes jusqu’à la surface. Un feu… dans l’eau. Une image qui restera sans doute comme un symbole fort. Le Japon lui est sous l’eau. Des gigantesques coulées de boue ont entrainé une vingtaine de disparitions cette semaine. Et ainsi de suite.

Mais pendant-ce temps là, CNews choisit de parler du… burkini. Sempiternelle rengaine. À chaque début d’été, les rédactions des chaînes d’information en continu le ressortent de leurs cartons. Sans surprise, c’est donc CNews qui a lancé ce mercredi 30 juin l’offensive à l’aide d’un sondage indiquant que 73% des Français seraient contre le Burkini. La manœuvre n’est pas nouvelle. À chaque crise, une polémique sur le voile.

On l’avait annoncé sur l’insoumission : les trois blocs de droite (LREM – LR – RN) vont imposer leur surenchère identitaire et sécuritaire à l’agenda médiatique. Bien aidés par la zemmourisation médiatique en marche, comme en témoigne encore cette semaine le cas Europe 1. Pendant-ce temps là, loin du confort des plateaux climatisés, des populations entières sont déjà en train d’étouffer. Il serait temps de le dire haut et fort : la planète s’enflamme, on refuse de se laisser enfermer dans cette grossière diversion identitaire. Et de le marteler : la première insécurité, elle est écologique. Et ceux qui pensent que l’Irak, le Canada, Chypre, la Californie, la Grèce, l’Inde et la Sibérie, c’est loin, qu’ils se rassurent : la France ne sera pas épargnée.

Cette « pandémie » ne s’arrêtera pas aux frontières nationales. Au contraire, nous nous dirigeons vers un quatrième été de sécheresse d’affilée. 80 départements sont d’ores et déjà menacés de sécheresse. Les Français ne s’y trompent pas : les deux tiers craignent de manquer d’eau dans leur région. Cela ne fait que commencer. En effet, les experts de l’Organisation météorologique mondiale ont averti récemment que le seuil de +1,5°C risquait d’être atteint d’ici 2025. Désormais, les canicules seront 5 fois plus fréquentes qu’il y a un siècle. Nous adapter à cette nouvelle donne climatique irréversible est une tâche immense.

Loin de l’insupportable diversion identitaire et sécuritaire, posons la planification de la bifurcation écologique comme la priorité absolue des débats en 2022.

Par Pierre Joigneaux.