Crise sociale qui fracasse le pays : le vibrant plaidoyer pour la garantie d’emploi du député Ratenon

Dans le cadre de sa niche parlementaire du 6 mai 2021, le groupe parlementaire de La France insoumise portait une proposition de loi visant à instaurer la garantie d’emploi dans notre pays. La proposition est simple : l’État s’engage à proposer ou à financer un emploi à tout chômeur et toute chômeuse de longue durée qui souhaite travailler. L’occasion pour le député insoumis Jean-Hugues Ratenon, de rappeler la crise sociale terrible qui s’abat sur le pays, ses conséquences terribles sur les corps et les esprits, de rendre hommage aux 14 000 morts du chômage chaque année en France, invisibles, et de défendre haut et fort cette proposition révolutionnaire des insoumis qui permettrait de créer des centaines de milliers d’emplois dans la bifurcation écologique et sociale de notre pays. Un vibrant discours retranscrit par l’insoumission.


Monsieur le président, monsieur le ministre,

Notre constitution pose le principe que chacun a le droit de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Et la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 affirme que « toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage”. Voit-on, vous conviendrez, la République française a failli à garantir ce droit fondamental.

En France, plus de 6 millions de citoyens sont privés d’emploi, mais seuls 2,6 millions sont indemnisés dont 40% survivent avec moins de 970€ par mois. Comme certains territoires de l’hexagone, l’Outre-mer est particulièrement touchée par le chômage de masse et durable. La population, et particulièrement la jeunesse, n’a plus de perspectives et se désespère alors que la tâche est immense pour combler les inégalités criantes et se préparer au changement climatique.

La crise sanitaire que nous traversons aggrave encore la situation : 1 million de personnes ont brutalement perdu leur emploi. Une vague immense de licenciements se profile, menaçant de faire sombrer des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants, dans la pauvreté. Le chômage est un fléau qui porte la pauvreté et ses avatars, maladies physiques et psychiques, morts sociales et décès brutaux, car oui, le chômage tue. Environ 14 000 décès lui sont imputables chaque année.

Le chômage de masse est devenu systémique, il est une épée de damoclès au-dessus de chaque travailleur. Il est aussi un levier dont usent les employeurs sans vergogne pour imposer des conditions de travail inhumaines et a grandement contribué à affaiblir les collectifs de travail face au capital.

Chers collègues, représentants du peuple, le chômage n’est pas une fatalité. Il existe des solutions de terrain innovantes et efficaces telle que le territoire 0 chômeurs de longue durée à l’initiative de ATD quart monde. Il est temps d’en finir avec les vieilles recettes libérales, stigmatisant le coût du travail, reniant chaque fois un peu plus sur la sécurité sociale. Stigmatisant les citoyens privés d’emploi, qui pointant, ont traversé bien des rues, n’y trouvant que misère et désespoir.

Ce n’est pas le travail qui manque pour construire une société plus juste, solidaire et écologique, ce sont les emplois. L’Etat doit pallier les manquements du capitalisme prédateur. Ce jour dans cet hémicycle, vous avez refusé d’accorder le RSA aux moins de 25 ans sous prétexte que les jeunes méritent un emploi. Voici que l’occasion qui vous est donnée de leur offrir : la France insoumise propose l’ambitieux projet de la mise en place d’une garantie d’emploi, que l’Etat soit l’employeur en dernier ressort, et que cesse enfin le chômage de longue durée et son lot de souffrances.

Cette proposition est le résultat d’un long travail au sein d’ateliers participatifs. Il est inspiré du programme l’Avenir en commun. Grâce à cette loi, chaque citoyen et citoyenne privé d’emploi se tournera désormais vers les services publics de l’emploi, lequel aura pour nouvelle mission l’octroi et le financement d’un emploi correspondant à ses qualifications, sa formation et son parcours professionnel, à toute personne qui en est durablement privé et qui en fait la demande, suivant le principe de la garantie d’emploi des droits opposables.

Le pilotage de la garantie d’emploi, inclura les collectivités territoriales, et les représentants des demandeurs d’emploi et des syndicats pour plus de transparence et d’efficacité. Pour que le dispositif ne soit pas détourné pour créer des emplois précaires, le service public de l’emploi proposera un contrat de travail d’une durée minimum d’un an, renouvelable 2 fois dont la durée hebdomadaire se saurait être inférieure à 20 heures.

Il s’agira d’emploi encourageant la bifurcation écologique, et à une impact social positif, d’un domaine souvent déserté par le marché, tels les services à la personnes, les activités scolaires ou artistiques, ou bien encore visant l’amélioration de la vie urbaine ou rurale.

Il est ici question de volonté, de courage politique.

Au-delà de nos différences, accordons nous, chers collègues, sur la nécessité de créer le monde d’après. Chacun peut être utile à la transition écologique de notre économie, que cesse enfin le processus d’auto-destruction dans lequel nous sommes inscrits malgré nous. Des moyens existent, plébiscités par les citoyens, entendez les.

La venue du fameux changement de paradigme : l’économie ne doit pas être au service de l’enrichissement d’une petite minorité, mais doit être au service de l’être humain et de son écosystème, le seul qui rende la vie possible et sans lequel cette loi tous les gens ne seront rien.

Le droit opposable à l’emploi serait une avancée majeure vers la justice sociale tant réclamée par les français et le début du retour des jours heureux.

Jean-Hugues Ratenon.