20 parents d’élèves sont morts au lycée Eugène-Delacroix à Drancy depuis le début de la pandémie. Les chiffres de contaminations sont en train d’exploser. Les enseignants demandent la fermeture urgente de leur établissement. La situation sanitaire dans les écoles, et en Seine-Saint-Denis en particulier, devient très (très) préoccupante. Le taux d’incidence dans le département est 4 fois supérieur au seuil d’alerte maximale. Dans certaines écoles on arrive à des effectifs de 57 élèves. Le plan de relance de 100 milliards d’euros ne prévoit pas un centime pour financer des mesures anti-Covid dans les établissements scolaires. La réponse de Jean-Michel Blanquer ? Une vidéo parodique pour soutenir le maintien des écoles ouvertes. Notre article.
L’urgence absolue en Seine-Saint-Denis : le taux d’incidence 4 fois supérieur au seuil d’alerte maximale
La situation sanitaire dans les écoles, et en Seine-Saint-Denis en particulier, devient très (très) préoccupante. Au lycée Eugène-Delacroix à Drancy, 20 parents d’élèves sont morts des suites du Covid-19 depuis le début de la pandémies. Vous avez bien lu : 20 morts parmi les parents d’élèves pour un seul et même établissement. Depuis le début du mois de mars, ce sont près d’une soixantaine d’élèves et une vingtaine d’enseignants qui ont été contaminés au coronavirus.
Le lycée Eugène-Delacroix est loin d’être un drame isolé. La situation sanitaire en Seine-Saint-Denis est à l’urgence absolue. Les chiffres font froid dans le dos. Chez les 10-19 ans, le taux d’incidence atteint désormais 930 cas pour 100 000 habitants. Chez les 40-49 ans, le taux d’incidence est de 1010 pour 100 000 habitants. Pour rappel, le seuil d’alerte maximale est fixé à… 250 cas pour 100 000 habitants ! Le taux d’incidence est en train de littéralement exploser en Seine-Saint-Denis, plus de 4 fois supérieur au seuil d’alerte maximale, mais beaucoup ferment les yeux sur cette situation dramatique dans le département le plus pauvre de France métropolitaine.
Des enseignants réclament la fermeture urgente de leur établissement : « les écoles vont finir par fermer d’elles mêmes »
Les enseignants du lycée Eugène-Delacroix réclament la « fermeture urgente et temporaire » de leur établissement. Vendredi, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a annoncé que dans les 19 départements reconfinés, un seul cas de Covid dans une classe entraînerait désormais sa fermeture. Beaucoup d’enseignants ont décidé d’exercer leur droit de retrait. Dans une lettre adressée au président de la République et au ministre de l’Éducation Nationale, ils évoquent une situation sanitaire « alarmante » et jugent « irresponsable de mettre leur vie et celle de leur famille en danger ».
« La situation est tendue, surtout en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France car il y a de moins en moins d’adultes pour pouvoir accueillir tous les élèves », explique Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, le premier syndicat du primaire. Selon elle, « on est dans un mode dégradé dans de nombreux endroits, les écoles vont finir par fermer d’elles-mêmes car il n’y aura plus du tout assez d’enseignants pour assurer leur bon fonctionnement ». Le nombre d’écoles en sous effectifs, avec des professeurs non remplacés (avant même la Covid-19), explose. Dans certaines classes, on arrive à des effectifs de… 57 élèves.
« Un plan de relance à 100 milliards d’euros, qui ne prévoit pas un centime pour financer des mesures anti-Covid dans les établissements scolaires »
« Où sont les masques, les lave-mains, les capteurs de CO2 ? Cela fait un an que l’on réclame ces mesures. On sait ce qu’il faut faire, mais ça coûte de l’argent, et il faut des moyens. Des moyens suffisants pour que l’école se fasse avec une bonne répartition entre le distanciel et le présentiel, avec des demi-jauges de la maternelle au lycée, des masques pour tous, des sanitaires mobiles, des dépistages massifs et réguliers, des embauches pour encadrer les enfants tant sur le plan sanitaire dans les écoles que pour accompagner leur apprentissage à distance. On a un plan de relance à 100 milliards d’euros, qui ne prévoit pas un centime pour financer des mesures anti-Covid dans les établissements scolaires : c’est une violence supplémentaire pour les enseignants et les élèves. Où est l’argent pour l’école de nos enfants ? » Rodrigo Arenas, coprésident de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE).
La réponse de Jean-Michel Blanquer ? Une parodie de Pink Floyd (ci-dessus) pour soutenir le maintien des écoles ouvertes… Une vidéo publiée dimanche 28 mars au soir sur le compte Twitter du ministre de l’enseigne national, qui a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Nouvelle provocation venant mettre le feu aux poudres dans une situation déjà sous haute tension entre la communauté enseignante et Jean-Michel Blanquer. Des parents d’élèves meurent, le taux d’incidence explose dans les écoles, Jean-Michel Blanquer répond par une vidéo parodique. L’histoire retiendra les responsables.
Par Pierre Joigneaux.