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Vaccins : Macron ne tient aucun de ses propres objectifs

Le gouvernement avait annoncé en décembre 15 millions de vaccinés en France au printemps. Résultat des courses ? 8,2 millions de vaccinés. Le gouvernement vient d’annoncer de nouveaux chiffres difficilement tenables au regard du net recul du nombre de vaccinations quotidiennes dans le pays. Macron continue pourtant à refuser de soutenir la demande de levée des brevets sur les vaccins déposée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par 57 États et soutenue par deux tiers des Français. Notre article détaillé sur un nouveau fiasco dans la gestion gouvernementale de la crise sanitaire.

Le gouvernement avait annoncé 15 millions de vaccinés au printemps : nous sommes arrivés au printemps avec… 8,6 millions de vaccinés

Quand on compare les objectifs de vaccinations que se fixe le gouvernement et la réalité des chiffres d’injonctions quotidiennes, on constate un fossé abyssal. Le Premier ministre avait fixé l’objectif de « 15 millions de vaccinés d’ici le printemps » à l’occasion d’une conférence de presse le 3 décembre dernier. L’objectif du gouvernement était alors de vacciner 15 millions de personnes d’ici la fin du mois de mars : 1 million de personnes lors d’une première phase qui se terminait fin janvier, puis 14 millions de personnes « jusqu’au printemps », lors de la « phase 2 ».

Le printemps ? Nous y sommes depuis ce week-end. Or, jusqu’à présent, selon les derniers chiffres de la Direction générale de la Santé, 6 191 666 personnes ont reçu au moins une injection (soit 11,8 % de la population majeure) et 2 446 599 personnes ont reçu deux injections (soit 4,7 % de la population majeure), soit un total de 8 638 265 de Français vaccinés. Très loin donc de l’objectif fixé en décembre par le gouvernement : seulement 8,6 millions de vaccinés sur les 15 millions de vaccinés annoncés au printemps !

Le nouvel objectif de 30 millions de vaccinés à la mi-juin semble difficilement tenable au vu du recul actuel du nombre de vaccinations

Mais le gouvernement a visiblement bien du mal à tirer les leçons de ses échecs. Le porte parole du gouvernement, Gabriel Attal, vient en effet d’annoncer ce dimanche 21 mars sur BFMTV de nouveaux objectifs de vaccinations qui semblent une nouvelle fois difficilement tenables. L’objectif affiché du gouvernement est d’avoir vacciné « 20 millions de Français d’ici à la mi-mai et 30 millions d’ici à la mi-juin ».

Autrement dit, comme nous sommes actuellement à seulement 8,2 millions de vaccinés, pour atteindre l’objectif de 30 millions de vaccinés, il faudrait près de… 21,8 millions de personnes vaccinés d’ici mi-juin. Selon la Direction générale de la santé (DGS), pour y parvenir, en vaccinant six jours sur sept durant les douze prochaines semaines, il faudrait réaliser 331 000 injections quotidiennes. Et nous sommes actuellement à… moins de 250 000 injonctions quotidiennes. Pour ne rien arranger, les chiffres sont en net recul ce weekend : 249 000 vaccinés vendredi pour… 190 000 vaccinés samedi et 56 417 vaccinés dimanche.

Deux bonnes nouvelles pourraient cependant accélérer le rythme de vaccination dans notre pays. D’une part, le gouvernement devrait finalement ouvrir 100 à 200 vaccinodromes. « On avait essayé en France, ça n’avait pas marché » expliquait encore Olivier Véran fin décembre sur France 2. Le ministre de la santé faisant référence à l’échec de ces grands centres de vaccination lors de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009. A l’époque, les vaccinodromes prévus pour immuniser la population à grande échelle avaient été peu fréquentés, poussant la ministre de la Santé d’alors, une certaine Roselyne Bachelot, à annuler la moitié des commandes de vaccin. Détail de taille : la différence de gravité entre la grippe H1N1 et la Covid19. Le gouvernement est donc revenu sur sa décision sur les vaccinodromes. D’autre part, Emmanuel Macron vient d’annoncer ce mardi 23 mars « l’arrivée du vaccin Johnson & Johnson à partir de mi-avril », un vaccin à une seule dose.

Le gouvernement continue à refuser de soutenir la levée des brevets sur les vaccins

La France insoumise réclame depuis des mois la levée des brevets sur les vaccins, proposition soutenue par 63% des Français, expliquée dans cette tribune par l’eurodéputé insoumis Manuel Bompard pour l’insoumission. Emmanuel Macron et son gouvernement s’entêtent contre cette proposition. La France et l’Union européenne continuent de bloquer la demande de levée des brevets sur les vaccins déposée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par 57 États, soutenue par une cinquantaine d’autres pays, par le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et donc par près de deux tiers des Français.

Le directeur de l’OMS dénonce l’écart d’accès au vaccin entre pays riches et pauvres qui « se creuse et devient chaque jour plus grotesque ». Globalement, seulement 0,1% des doses administrées dans le monde l’ont été dans des pays à « faible revenu », tandis que les pays à « revenu élevé » (16% de la population mondiale) concentrent plus de la moitié des doses injectées (56%). Le monopole privé sur les vaccins et leurs brevets entraine non seulement des inégalités d’accès en terme de volume, mais également en terme de prix : l’Ouganda paye par exemple le triple des Etats Unis pour chaque dose de vaccin Astra Zeneca. Alors que 57% des capacités mondiales de production seraient inutilisées selon les données de l’UNICEF. Il serait peut-être temps de lever enfin les brevets sur les vaccins, de faire passer nos vies avant leurs profits ?

Par Pierre Joigneaux.