Les parlementaires de la France insoumise à l’Assemblée nationale et au Parlement européen ont adressé la semaine dernière un courrier aux partis politiques de gauche afin de leur proposer de se coordonner face à ce qui marque une nouvelle étape dans la dérive autoritaire de l’État. Ensemble, Génération.s, GDS, GRS, EELV, le NPA, le PG, Place Publique, le POI et le PCOF ont répondu favorablement à cette proposition, et se réunissent avec LFI aujourd’hui, jeudi 4 mars pour envisager des initiatives collectives.
Le CNRS, la CPU et des milliers de chercheurs recadrent Frédéric Vidal
La France insoumise organise la riposte. Le 15 février la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal déclarait sur CNEWS vouloir lancer une enquête sur « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène » selon elle l’Université. Le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), à qui la ministre voulait confier l’enquête, lui a tout de suite répondu : l’ islamogauchisme » n’est pas une réalité scientifique.
La Conférence des Présidents d’Université (CPU) a également vertement recadré la ministre dans un communiqué : « L’islamo-gauchisme » n’est pas un concept. C’est une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de Cnews, plus largement, à l’extrême droite qui l’a popularisé. (…) La CPU appelle à élever le débat. Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition. Le débat politique n’est par principe pas un débat scientifique : il ne doit pas pour autant conduire à raconter n’importe quoi. ». On ne peut plus clair.
Plus de 2000 chercheurs avaient alerté dès novembre contre les risques de l’instauration d’une police de la pensée à l’Université et d’une remise en cause de la liberté académique. Suite aux propos de Frédéric Vidal sur l’«islamo-gauchisme», plus de 600 membres du personnel de l’enseignement supérieur et de la recherche ont dénoncé une « chasse aux sorcières » et demandé la démission de la ministre. La levée de boucliers ne s’est pas cantonnée au seul champ universitaire.
La France insoumise adresse un courrier à l’ensemble des partis de gauche pour organiser la riposte qui y répondent favorablement
Les représentants des groupes parlementaires de la France insoumise à l’Assemblée nationale et au Parlement européen ont adressé le 22 février un courrier à l’ensemble des partis de gauche. Les représentants insoumis y dénoncent un « évènement sans précédent dans notre pays » et l’entrée dans une « nouvelle phase de la dérive autoritaire du gouvernement ». Les insoumis appellent les forces de gauche à faire bloc contre cette remise en cause gravissime d’une nouvelle liberté fondamentale : « Il est indispensable de manifester une résistance déterminée à cette situation. Quelles que soient nos divergences, quand il est question de la liberté, il est possible de s’unir pour la défendre. Nos partis, comme les syndicats et les associations, toute notre histoire nous rattache à cette cause dans l’histoire. »
La France insoumise a donc invité l’ensemble des partis de gauche à se rassembler autour de la table pour décider d’une riposte commune. Les dirigeants insoumis ont tenu à préciser qu’ils pourraient laisser la coordination de cette riposte commune à l’une des associations ou collectifs de défense des droits de l’homme et des libertés publiques. L’idée des insoumis étant de créer un front le plus large possible. Heureuse nouvelle pour la France insoumise, l’immense majorité des partis de gauche ont répondu favorablement à cette invitation. On notera tout de même le refus du parti communiste et l’absence de réponse du parti socialiste à cette démarche unitaire.
EELV, le NPA, Place Publique, Génération.s, Ensemble, GDS, GRS, le PG, le POI et le PCOF se réunissent donc ce jeudi 4 mars au siège de la France insoumise pour discuter d’une riposte commune. L’idée d’une possible marche sur le modèle des marches des libertés contre la loi Sécurité Globale a notamment été évoquée par le député insoumis Éric Coquerel, ce dernier soulignant l’importance d’une initiative commune avec la coordination des marches des libertés, les associations et syndicats. La France insoumise d’insister dans son courrier sur l’urgence de cette réplique et la force de son caractère collectif.