Non à la police de la pensée à l’Université

Université. Dans un silence assourdissant, un amendement ajouté à la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), passé dans la nuit du 29 octobre au Sénat, remet gravement en cause la liberté académique. Dans un contexte d’une chasse aux sorcières de Blanquer contre les « islamo gauchistes » à l’Université. Deux milles chercheurs ont répondu au ministre dans une tribune publiée dans le Monde, refusant la police de la pensée à l’Université. Retrouvez l’édito vidéo de Julie Garnier, oratrice nationale de la France insoumise, ainsi que notre article alertant sur un sujet totalement passé sous les radars médiatiques.

La libertés académique en danger

Après la censure de la lettre de Jean Jaurès par Blanquer, l’interdiction à venir de filmer les policiers, la rage de Véran contre le principe même d’opposition parlementaire… Une autre de nos libertés est en péril : la liberté académique. Dans un silence assourdissant, un amendement gravissime est passé.


Lors de la discussion au Sénat de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) dans la nuit du 29 octobre, un amendement soumettant « les libertés académiques » au « respect des valeurs de la République » est passé. Derrière la jolie formulation, c’est bien la liberté académique qui est attaqué. Conditionner les libertés académiques au respect de telle ou telle valeur politique, extérieure au champ scientifique, c’est détruire les libertés académiques. C’est une mise au pas, caractéristique d’un pouvoir autoritaire forçant les universitaires à se soumettre à lui.

Une chasse aux sorcières de Blanquer, opposition des chercheurs et des insoumis à la LPPR


Qui va juger de l’adéquation ou non d’un enseignement ou d’une recherche à ces « valeurs de la République »? Qui va pouvoir attaquer en justice les universitaires censés ne pas les respecter ? En Roumanie, au Brésil, les études de genre sont rendues illégales. C’est ça qu’on veut ? Personne n’est dupe, c’est bien les militants antiracistes et féministes que Blanquer a dans le viseur. Le ministre de l’éducation nationale avait annoncé la couleur le 24 octobre dans le JDD : une chasse aux sorcières contre les « islamo gauchistes » qui « gangrène » l’Université. Plus de deux milles chercheurs lui répondent dans une tribune publiée dans le Monde refusant la police de la pensée à l’Université.

En plus de mettre en danger la liberté académique, la LPPR va aggraver la précarité des chercheurs. Notamment à travers des « CDI »… prenant fin au terme du projet de recherche ! La pandémie de Covid-19 a pourtant montré la faillite du sous-investissement chronique dont souffre la recherche et l’enseignement supérieur. Le Gouvernement choisit une fois de plus la concurrence généralisée et les recherches de court terme plutôt que la recherche fondamentale, en privilégiant les financements de recherche par projets.

La France insoumise a déposé 10 amendements lors de l’examen de la LPPR à l’Assemblée, proposant notamment la suppression de l’ANR et du CIR, le doublement du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), le recrutement de 5 000 fonctionnaires d’ici 3 ans, la fin des écarts de salaire entre les femmes et les hommes, un investissement massif dans la recherche pour la bifurcation écologique dans les domaines de l’énergie, de la mobilité́, de la construction et de l’agriculture…. tous rejetés. L’avenir de notre nation mange des pâtes, enchaîne les boulots précaires, et beaucoup abandonnent au cours de ce long parcours du combattant qu’est aujourd’hui le quotidien des milliers de jeunes chercheurs français. Titularisons l’avenir de la nation.

Par Pierre Joigneaux.