Voilà une information qui devrait faire du bruit : selon une étude du ministère de la Santé publiée le 29 septembre plus de 3 400 lits d’hôpitaux ont fermé en 2019. Un chiffre qui choque en cette année de crise sanitaire où les moyens ont manqué pour faire face à la Covid-19.
Face à la crise sanitaire, le gouvernement affaiblit encore l’hôpital public
Déjà très critiqué pour sa gestion de crise du Covid, le gouvernement est encore pointé du doigt suite à la publication d’une nouvelle étude du ministère de la Santé. Selon ce rapport, plus de 3 400 lits d’hospitalisation ont été supprimés en 2019 dans les établissements de santé français. Un chiffre particulièrement marquant en cette année de crise sanitaire liée au Covid-19.
Déjà en manque cruel de moyens lors de la première vague du coronavirus, les hôpitaux se préparent donc à une séquence tout aussi éprouvante dans les prochains mois. Déjà affaibli par des années de cures d’austérité, l’hôpital public peine à maintenir son activité avec le manque de personnels et les restrictions budgétaires. En 15 ans, ce sont plus de 70 000 lits d’hospitalisation qui ont fermé. Une situation intenable, qui le devient d’autant plus lors d’une crise sanitaire. Résultat de la politique du flux tendu, de la politique du chiffre et de la rentabilité appliquée à l’Hôpital Public. « Vous comptez les sous, on comptera les morts » : dénonçait les banderoles de soignants avant même la crise du coronavirus.
Quand la rentabilité prime sur la Santé
Nouvelle démonstration de cette gestion « entrepreneuriale » de la santé en Occitanie avec les étranges recommandations de la Chambre des Comptes concernant le CHU de Toulouse. Dans un rapport rendu public le 1er octobre, les magistrats préconisent une réduction du nombre de lits et de médecins pour lutter contre la « dégradation de la situation financière et patrimoniale » du centre hospitalier.
Supprimer des lits et des postes en période de crise sanitaire ? Là encore, la méthode interroge. Surtout après avoir cruellement manqué de places dans les hôpitaux ces derniers mois. Mais une situation semblable avait déjà marquée les esprits en avril dernier avec la suppression de 600 postes de soignants et de 200 lits dans le Grand Est. Alors que le gouvernement annonce vouloir recruter et renforcer les moyens de l’hôpital public et des EHPAD, les chiffres démontrent le contraire.
Le gouvernement français ne semble pas avoir tiré les leçons de la première vague de l’épidémie contrairement à d’autres voisins européens. En Italie, la deuxième vague semble être contenue pour l’instant grâce à une gestion planifiée des masques, des tests, mais aussi et surtout avec l’embauche de 6 600 médecins et de 14 500 infirmiers. Une tout autre approche de la gestion de crise, qui vise à recruter rapidement et à débloquer des fonds pour faire face aux besoins urgents. En France, de telles mesures ne sont toujours pas appliquées pour l’instant. Dès le début de la crise, le groupe parlementaire de la France insoumise proposait pourtant des mesures d’urgence pour recruter du personnel, éviter les fermetures et prévoir le matériel nécessaire pour faire face à la crise. De leur côté, les syndicats hospitaliers et collectifs de soignants demandent toujours « l’ouverture massive de lits » ou encore une hausse des salaires.
Alors que la seconde vague frappe actuellement le pays, les soignants alertent une nouvelle fois sur le manque de moyens pour y faire face. Leurs demandes ne sont malheureusement toujours pas entendues par le gouvernement. Une journée de mobilisation nationale et de grève portant ces revendications est annoncée pour le 15 octobre prochain.
Par Maxime Charpotier.