Le baromètre Ipsos / Secours populaire de la pauvreté sorti ce 30 septembre 2020 tire la sonnette d’alarme sur l’état du pays. Les Français ont encaissé de plein fouet les conséquences économiques de la crise sanitaire. Un Français sur trois a subi une perte de revenus depuis le confinement. « Nous n’avons jamais vécu une situation pareille depuis la Seconde Guerre mondiale » alerte la secrétaire générale du Secours populaire. 1 270 000 personnes ont sollicité l’aide de l’association pendant les seuls deux mois de confinement. Et la moitié d’entre elles étaient jusque là inconnues du Secours populaire. Pendant ce temps-là, loin des discours et des larmes de crocodile, le président de la République continue sa politique économique en faveur des ultras riches.
Privations de nourriture, de vacances… la triste réalité des chiffres
Âmes sensibles s’abstenir. Les chiffres qui suivent sont violents. Révoltant même, quand on a en tête la richesse de notre pays. Un Français sur quatre restreint ses quantités de nourriture. Un Français sur sept saute carrément des repas (14 %). Les privations de nourriture se traduisent aussi en qualité. Un Français sur 3 se limite tous les jours en fruits et en légumes frais. Un Français sur 4 se limite sur les aliments sains, dont les prix sont tels qu’ils ne peuvent pas en consommer à chaque repas. Les femmes et les jeunes sont les deux groupes qui se restreignent le plus, tant sur la qualité que sur la quantité des aliments consommés.
Et la pauvreté qui gangrène notre pays ne s’arrête pas aux ventres vides. Si près de la moitié des Français – majoritairement des hommes, cadres et Franciliens – a mis de l’argent de côté, notamment grâce à une réduction de leur consommation, un Français sur trois n’arrive chaque mois que péniblement à boucler son budget. 18 % des Français sont même systématiquement à découvert. De début-mars à la mi-avril, le Secours populaire a ainsi assuré en urgence l’alimentation de 1,3 million de personnes, venues parfois après plusieurs jours de jeûne. Autre chiffre révélateur de la pauvreté qui se répand à travers le pays : 57 % de la population n’est pas partie cet été.
Le Secours populaire cite l’exemple de Gérard, à la retraite après avoir livré pendant 46 ans des carcasses de viande. Le matin, avant de se rendre « la gorge nouée » au Secours populaire pour la première fois de sa vie, sa femme et lui avaient mangé les « derniers morceaux de pain qu’ils avaient congelés ». 9,3 millions de Français vivent déjà sous le seuil de pauvreté, et les chiffres n’augurent rien de bon : 900 000 chômeurs supplémentaires sont attendus par l’Unedic en 2020. La moitié des Français ayant sollicité l’aide alimentaire durant le confinement, sont venus, comme Gérard, pour la première fois de leur vie (46 %). Le baromètre enregistre ainsi un recul rare en temps de paix : un Français sur trois a subi une perte de revenus depuis le confinement.
Pendant ce temps-là, Macron poursuit sa politique en faveur des ultras riches
Heureusement, dans l’ombre, des héroïnes et héros du quotidien poursuivent leurs actions associatives vitales. Bonne nouvelle dans cet océan de pauvreté : plus des deux tiers des personnes interrogées se disent prêtes à s’impliquer auprès des personnes confrontées à la pauvreté, et notamment 78 % des 16-24 ans. 5 000 bénévoles se sont ainsi engagés au Secours populaire dès le début du confinement. Mais aussi belles soient-elles, la fraternité et la solidarité ne peuvent pas tout. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement macroniste est aux abonnés absents.
La fondation Abbé Pierre a ainsi souligné que seul 0,8 % du « plan de relance » du gouvernement était destiné aux ménages les plus précaires : 800 petits millions d’euros sur les 100 milliards débloqués. La politique de Macron est toujours la même : débloquer des milliards d’euros pour les plus riches et les plus grandes entreprises, en espérant aveuglément que ceux-ci finissent par « ruisseler » sur le reste de la société et se transforment en création d’emplois. Un récent rapport de France stratégie, institution rattachée au Premier ministre, révèle le scandale du CICE : 18 milliards d’euros par an entre 2013 et 2017 pour… 100 000 emplois créés. On est loin du pin’s « 1 million d’emplois » de Pierre Gattaz, l’ancien patron du MEDEF. Le coût total du dispositif ? 90 milliards d’euros ! On est donc sur un coût faramineux de 900 000 euros par emploi créé.
Pourtant, le gouvernement poursuit aveuglément la même politique : son « plan de relance » ne contient aucune contrepartie en termes de créations et de maintien de l’emploi. Des milliards d’euros d’argent public déversés sur des entreprises comme Cargill ou Auchan qui continuent à licencier et à faire basculer des milliers de foyers dans la pauvreté. D’un côté les milliards aveugles, la suppression de l’impôt sur la fortune, l’abaissement du taux d’impôt sur les sociétés et sur les transactions financières, de l’autre, la baisse des allocations logement, la hausse de la CSG et la fin des contrats aidés. Faible avec les forts, fort avec les faibles. L’INSEE pointait récemment la responsabilité de la baisse des APL dans le basculement de 600 000 Français dans la pauvreté. L’ONG Oxfam pointait quant à elle dans un récent rapport l’explosion des inégalités en France causée par les premières mesures du quinquennat Macron. Le président des riches porte décidément bien son surnom.
Par Pierre Joigneaux.