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(Encore) un proche du GUD candidat du Rassemblement National

Rassemblement National. En 1993, Marine Le Pen devenait avocate après des études de droit à la faculté parisienne d’Assas. Dans cette faculté, la cheffe du parti d’extrême droite s’était liée avec des membres du Groupe Union Défense (GUD), groupuscule d’extrême droite violent et farouchement antisémite. 30 ans plus tard, les liens sont toujours forts entre le Rassemblement National et le GUD, comme nous l’avions déjà écrit dans nos colonnes.

En juin 2022, dans la 2ᵉ circonscription de Paris, le RN présente comme candidat suppléant un certain Rodolphe Cart. Cet auteur, lié aux milieux les plus radicaux, se présente comme un intellectuel… Tout en fréquentant des militants du GUD. De quoi mettre à mal le narratif de dédiabolisation du RN déjà secoué par de fortes turbulences après ses renoncements en cascade sur les questions sociales (non-abrogation de la réforme des retraites, refus de sortir du marché européen de l’électricité). Notre article.

Un simple « intellectuel d’extrême droite » classique, candidat du Rassemblement National ?

Le compte LinkedIn de Cart en dit déjà long sur son parcours et son idéologie. Il s’y présente comme « Indépendant qui écrit pour les revues Éléments et Front Populaire », qui « Travaille aux Editions de La Nouvelle Librairie ». Trois noms qui trahissent des idées racistes, réactionnaires et nationalistes.

La revue Éléments est fondée en 1973, comme média de la Nouvelle Droite, un courant intellectuel apparu à la même période. Son but de l’époque, qui perdure aujourd’hui, était de donner une base intellectuelle aux idées racistes et réactionnaires de l’extrême droite, à l’initiative d’Alain de Benoist. Les idées de ce mouvement ont infusé dans les groupuscules néofascistes jusqu’au Front National (FN). Récemment, c’est dans la mouvance identitaire que se retrouvent les idées de la Nouvelle Droite. Là, les intellectuels venus de toute l’extrême droite se retrouvent, écrivent des articles, se disputent, se répondent…

Récemment élu eurodéputé, Pierre-Romain Thionnet y écrit même régulièrement sur « l’identité » française. Cart est, lui aussi, un contributeur régulier : dans son dernier article, il s’y décrit comme « un nationaliste français ». Front populaire, c’est la revue dirigée par Michel Onfray, un philosophe qui fut de gauche jusqu’aux années 2015. Bien loin de l’alliance de gauche née en 1934 comme rempart face au fascisme, Front Populaire relaie la plupart des paniques morales réactionnaires du moment, le tout derrière un vernis pseudo-souverainiste.

Fidèle à la Nouvelle Droite, Cart écrit ses essais (où il « répond » par exemple au suprémaciste blanc Daniel Conversano) aux éditions de la Nouvelle Librairie. Cette maison d’édition a traversé le 20ᵉ siècle, des antisémites de l’Action Française pendant l’affaire Dreyfus aux fascistes français dans les années 1920-30. Après sa réouverture en 2019, avec Jean-Marie Le Pen en tête d’affiches, la Nouvelle Librairie s’impose vite en fer de lance de l’extrême droite intellectuelle.

En plus de ces contributions à des revues d’extrême droite, Rodolphe Cart est souvent invité de médias de la même tendance politique : Breizh Info (média identitaire Breton, mis en cause pour de fréquentes fake news), Radio Courtoisie (dirigée pendant 10 ans par le très raciste De Lesquen)… Voilà donc un intellectuel d’extrême droite classique au premier abord, sans histoires autres que ses idées racistes et réactionnaires.

Pour aller plus loin : Portrait – « Grand remplacement », « GUD Connection » : qui est Jordan Bardella, le nouveau leader du RN ?

Dîners mondains avec des néonazis et invitations aux quatre coins du pays par toutes les nuances d’extrême droite

C’est sans compter sur les amitiés plus que douteuses de Rodolphe Cart. Streetpress a en effet révélé que le candidat suppléant du RN copine et dîne avec des cadres dirigeants du GUD, à commencer par Paul-Alexis Husak, soupçonné d’être impliqué dans la tentative d’attaque raciste lors du match France-Maroc en décembre 2022. Un autre ponte Nationaliste-révolutionnaire fréquente régulièrement Cart : Eyquem Pons, passé par Génération Identitaire, groupuscule d’extrême droite dissous en 2021).

Mais Rodolphe Cart ne fait pas qu’écrire et dîner avec des néonazis, il parle, beaucoup. Il est même très demandé partout en France, par toutes les chapelles de l’extrême-droite, pour disserter sur divers sujets. Son public va de l’Action Française (nous leur avions consacré un article), aux néofascistes d’Aquila Popularis (groupuscule basé à Nice), en passant par le syndicat étudiant La Cocarde Étudiante. Cart a aussi accès aux hautes sphères du Rassemblement National : fin 2023, il a donné une conférence, organisée par le responsable national des jeunesses lepénistes, un autre contributeur d’Éléments… Pierre-Romain Thionnet.

Propulser comme suppléant sur une circonscription ingagnable pour le RN un intellectuel issu des plus fameuses revues d’extrême droite n’a rien d’anodin. C’est un pari sur l’avenir : Rodolphe Cart sort de son costume de conférencier et d’essayiste pour enfiler celui d’homme politique, qui compte bien profiter des bons résultats électoraux pour se faire une place au soleil. Il y a fort à parier qu’on retrouvera Rodolphe Cart dans la cohorte d’assistants parlementaires RN issus des prochaines élections législatives.

Par Alexis Poyard