CNEWS. Vincent Bolloré et ses médias détestent la France insoumise, et pour cause. Ils savent en effet que le projet politique du mouvement insoumis renverserait totalement leur idéal de domination des hommes sur les femmes, des blancs sur autres, du capital sur les êtres humains et sur l’environnement. Alors, tous les moyens sont bons. Calomnies systématiques, insultes quotidiennes, désinformation assumée, diffamations, mensonges. Tel est l’arsenal ordinaire des médias de Bolloré, CNEWS en tête, pour lutter contre la France insoumise, ses représentants et son projet.
Mais ça n’est pas tout. Par nature moins visible, une autre pratique de la chaîne consiste à diffuser des discours de Jean-Luc Mélenchon en pleine nuit pour s’acquitter de ses obligations de respect du pluralisme tout en privant le leader insoumis d’un horaire de diffusion lui permettant d’atteindre une audience conséquente. Si cette pratique peut formellement respecter la loi et les dispositions réglementaires en vigueur, elle relève en réalité d’un contournement partisan du principe même de pluralisme. Face à cette situation, les réponses de l’ARCOM – régulateur du paysage audiovisuel français – sont quasi-nulles. Notre article.
Discours de Jean-Luc Mélenchon diffusés en pleine nuit : CNEWS habituée de la violation et du contournement des règles sur le pluralisme
Pourtant contrainte légalement, comme tout autre média, au respect du pluralisme de l’expression des formations et courants politiques du pays, CNEWS multiplie les contournements et violations de ses obligations. Ainsi notamment de la pratique consistant pour la chaîne de Bolloré à s’acquitter de ses obligations de répartition du temps de parole des différents mouvements politiques en diffusant leurs expressions à des horaires qui arrangent leur ligne éditoriale. Concrètement, cela consiste par exemple à diffuser des discours de Jean-Luc Mélenchon en pleine nuit pour rééquilibrer artificiellement les temps de paroles des différents mouvements politiques sans prendre en compte l’audience relative à l’horaire de diffusion.
« Nous respectons le temps de parole dans ses directives réglementaires », déclarait à ce titre Thomas Bauder, directeur de l’information de CNEWS, alors interrogé en commission d’enquête par le député de la France insoumise Antoine Léaument le 3 avril dernier au sujet de discours de Jean-Luc Mélenchon diffusés à partir de 6 heures du matin.
https://twitter.com/ALeaument/status/1907744073881911796
Si le choix de cet horaire inscrit en effet le temps de parole de Jean-Luc Mélenchon dans le décompte du « temps de parole de jour » des formations politiques (compris entre 6 heures et minuit) et participe ainsi formellement au respect de ses obligations par CNEWS, il est évident qu’il s’agit là d’un contournement du principe même de pluralisme dans la mesure où cela permet à la chaîne de s’acquitter de ses obligations tout en s’assurant d’une faible audience pour le leader insoumis.
Comble du cynisme et du ridicule, ce 19 mars, alors que CNEWS rediffusait un meeting de Jean-Luc Mélenchon à 6 heures du matin, la chaîne s’est sentie obligée, en guise d’excuse pour ses téléspectateurs, de signifier par un bandeau supplémentaire que cette rediffusion s’inscrivait dans son obligation de respect du pluralisme.
Pour aller plus loin : Solidarité médiatique pour la délinquante Marine Le Pen, masculinisme sur CNEWS et l’IFOP contre Jean-Luc Mélenchon – La revue de presse de l’Insoumission
https://twitter.com/Fab_2_Thann/status/1903684983857836330
Et on peut en fait bien comprendre que CNEWS s’excuse de respecter les règles du pluralisme tant la chaîne a érigé comme habitude leur violation au détriment de la France insoumise et au profit du Rassemblement National !
Ainsi par exemple, en 2021, CNEWS a été mise en demeure par l’ARCOM (alors CSA) pour avoir relégué aux horaires de nuit la parole du gouvernement et de la France insoumise. Le CSA notait alors que « plus de 53 % du temps de parole des représentants de La France insoumise » avait été programmé entre 00:00 et 5:59.
La même année, autre mise en demeure de la chaîne par le CSA pour ne pas avoir décompté le temps de parole du député RN Philippe Ballard, alors tête de liste du parti pour les élections régionales à Paris. Plus récemment, en juillet 2024, l’ARCOM mettait en garde CNEWS contre son traitement « de nombreux sujets […] de manière univoque ».
Face à l’inefficacité des mécanismes de contrôle du pluralisme et contre leur concentration dans les mains d’une poignée de milliardaires : les propositions de LFI pour une révolution citoyenne dans les médias
Malgré les mises en demeure de CNEWS dans le cadre de son non-respect du pluralisme, malgré, plus largement, les multiples condamnations de la chaîne, malgré la désinformation, le racisme et le sexisme décomplexés qui y prospèrent, le président de l’ARCOM a lui-même a déclaré au député LFI Antoine Léaument que les réponses de l’organisme à ces pratiques qui influent sur l’expression démocratique se sont pour l’instant limitées à de simples mises en demeure.
En dépit de sa nature assumée d’organe de propagande du “combat civilisationnel” de Vincent Bolloré, CNEWS a même obtenu il y a quelques mois le renouvellement de son autorisation de diffusion sur la TNT.
Pour lutter contre cette situation, la France insoumise et son programme actualisé “L’Avenir en Commun” défendent un vaste plan de refondation du champ médiatique pour une révolution citoyenne dans les médias et une information libre et indépendante.
Pour aller plus loin : Pour une révolution citoyenne dans les médias – Les propositions de LFI et de son programme actualisé pour une information libre et indépendante
Renforcement et démocratisation du service public de l’audiovisuel, protection de la profession de journaliste et du droit à informer, ce projet passera aussi par la protection des médias des pouvoirs politiques et financiers pour assurer leur indépendance et leur pluralisme.
Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Rodolphe Saadé, Patrick Drahi, Xavier Niel… Aujourd’hui, 9 milliardaires détiennent près de 90 % des médias en France. Résultat de cette hyper-concentration, la quasi-totalité des médias à la disposition des citoyens sont tenus par des intérêts politiques et financiers qui influent sur le cadrage et la délivrance de l’information. L’exemple le plus criant de cette anomalie démocratique est probablement celui de Vincent Bolloré et de son empire médiatique tout entier dirigé pour propulser l’extrême droite au pouvoir. Mais il n’est pas le seul.
Les lois actuelles n’empêchent aucune situation de monopole régional ou de concentrations multimédias. Pire, une même personne peut posséder à la fois les infrastructures (les réseaux, les box) et la production des contenus (chaînes, programmes, droits sportifs), c’est-à-dire les « tuyaux » et les contenus.
Face à cette situation, l’une des propositions phares portées par la France insoumise est l’adoption d’une grande loi anti-concentration dans les médias. Cette loi contiendrait notamment l’élargissement des règles anti-concentration actuelles sans tenir compte des supports médiatiques détenus (quotidiens, hebdomadaire, industrie de l’édition…), ainsi que l’établissement de règles anti-concentration horizontale relatives à la possession conjointe d’entreprise de presse, de télévision, de radio, ainsi qu’entre filières de médias et d’autres industries culturelles comme l’édition.
Piliers de la démocratie, des médias libres et indépendants doivent être libérés du joug du capital et de son agenda politique, toujours le même, réactionnaire, rétrograde, prédateur.
Par Eliot Martello-Hillmeyer