Pesticides : un danger majeur pour la biodiversité et notre santé

Pesticides. Avec l’arrivée du printemps, la nature se réveille, et les chants des oiseaux résonnent à nouveau. Pourtant, leur présence se fait de plus en plus rare. Depuis la publication de Silent Spring (Printemps silencieux) en 1962 par la biologiste Rachel Carson, l’alerte a été donnée sur l’impact catastrophique des pesticides chimiques sur les populations […]

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Pesticides. Avec l’arrivée du printemps, la nature se réveille, et les chants des oiseaux résonnent à nouveau. Pourtant, leur présence se fait de plus en plus rare. Depuis la publication de Silent Spring (Printemps silencieux) en 1962 par la biologiste Rachel Carson, l’alerte a été donnée sur l’impact catastrophique des pesticides chimiques sur les populations d’oiseaux et sur la biodiversité en général. Quatre-vingt-trois ans plus tard, les constats restent alarmants. Le déclin des pollinisateurs, notamment les abeilles, et la diminution drastique de leur diversité constituent une menace majeure pour la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes.

De nombreuses études ont mis en évidence le lien direct entre l’usage des pesticides et l’effondrement de la biodiversité, ainsi que leurs effets délétères sur la santé humaine. Insecticides, herbicides et fongicides chimiques participent activement à ce que les scientifiques qualifient de sixième extinction de masse. Ce samedi 5 avril, LFI appelle à une marche contre les pesticides à Paris, à 14 heures au muséum nationale d’histoire naturelle. Un article du groupe thématique « Planification écologique » de la France insoumise.

Des plans de réduction inefficaces

Depuis 2008, la France a mis en place plusieurs plans « Écophyto », destinés à réduire l’usage des pesticides. Le premier d’entre eux, issu du Grenelle de l’Environnement, fixait un objectif ambitieux : une réduction de 50 % des pesticides d’ici à 2018. Cependant, à l’échéance prévue, non seulement cet objectif n’a pas été atteint, mais l’utilisation des pesticides avait augmenté de 22 %.

Les plans suivants ont repoussé l’échéance de réduction, culminant avec le plan Écophyto 2030, avant que celui-ci ne soit suspendu par Gabriel Attal en 2024 sous la pression de la FNSEA et de la Coordination rurale. Par ailleurs, le gouvernement a modifié les indicateurs de suivi afin d’afficher artificiellement une baisse de l’usage des pesticides. Pourtant, les agriculteurs en sont les premières victimes.

Les chiffres sont sans appel : un rapport confidentiel du ministère de l’Agriculture révèle que, sur la période 2016-2018 par rapport à 2009-2011, les ventes de pesticides ont fortement progressé : +34 % pour les fongicides, +25 % pour les herbicides et +6 % pour les insecticides.

Pour aller plus loin : Pesticides : un rapport dérangeant enterré par la macronie

Un cadre législatif qui encourage l’utilisation des pesticides

Les néonicotinoïdes, pourtant reconnus comme des « tueurs d’abeilles », ont été ré-autorisés par un vote du Parlement français le 30 octobre 2020, contre lequel ont voté les député·es insoumis·es. Par ailleurs, des pesticides interdits au sein de l’Union européenne continuent d’être exportés vers des pays du sud exposant les populations locales à des risques sanitaires accrus.

Si la vente de glyphosate aux particuliers a été interdite en 2018 et que les collectivités ne peuvent plus l’utiliser pour l’entretien des espaces publics, l’engagement d’Emmanuel Macron en 2020 d’interdire totalement cet herbicide sous trois ans n’a pas été tenu. Pire encore, le 16 novembre 2023, sous la pression des lobbies, la Commission européenne a prolongé l’autorisation du glyphosate pour une durée de dix ans, l’Autorité européenne de sécurité des aliments ne reconnaissant aucune dangerosité à ce produit.

Plus récemment, la loi d’orientation agricole (LOA), votée le 20 février 2025, a aggravé la situation en assouplissant les réglementations sur les pesticides tout en dépénalisant la destruction d’espèces protégées et de leurs habitats et une proposition de loi adoptée par le Sénat réintroduit l’autorisation d’utiliser certains néonicotinoïdes.

Des conséquences dramatiques sur la santé

Les preuves scientifiques du lien entre l’exposition aux pesticides et certaines pathologies graves ne cessent de s’accumuler. En 2015, après dix ans de bataille judiciaire, l’agriculteur Paul François a réussi à faire condamner Monsanto pour empoisonnement au glyphosate. L’épandage de chlordécone dans les bananerais de Martinique et de Guadeloupe a rendu malade plus de 90 % de la population.

Plus récemment, un lien a été établi entre la leucémie d’une fillette et l’activité professionnelle de sa mère, fleuriste exposée aux pesticides. L’INSERM souligne que le taux d’incidence des cancers a doublé en trente ans et que ces pathologies sont devenues la deuxième cause de mortalité chez les enfants, avec un lien avéré avec les pesticides. Malgré cela, les zones de non-traitement, censées protéger le riverains des épandages de pesticides, restent largement insuffisantes. L’association Générations Futures réclame leur extension à 150 mètres au lieu des 5 à 10 mètres actuels.

Préserver la biodiversité : une nécessité vitale

La biodiversité n’est pas un luxe, mais une condition essentielle à la survie des écosystèmes et, par conséquent, à celle de l’humanité. L’inaction face aux dangers des pesticides chimiques ne peut plus durer. Des alternatives existent et doivent être soutenues par des politiques publiques ambitieuses et responsables. Il est urgent d’agir pour protéger la santé humaine et l’environnement en interdisant les pesticides chimiques et en aidant les paysans à changer de modèle agricole.

Par le groupe thématique « Planification écologique » de la France insoumise.

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