Lithium, géothermie et extractivisme en Alsace : une transition imposée ?

Les annonces se multiplient : projets d’extraction de lithium, relance de la géothermie profonde, promesses de souveraineté énergétique et de réindustrialisation verte. En une semaine à peine, un nouveau document européen classe les projets alsaciens parmi les 47 « projets stratégiques » soutenus par la Commission européenne. Stéphane Séjourné, commissaire européen, est attendu sur place […]

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Les annonces se multiplient : projets d’extraction de lithium, relance de la géothermie profonde, promesses de souveraineté énergétique et de réindustrialisation verte. En une semaine à peine, un nouveau document européen classe les projets alsaciens parmi les 47 « projets stratégiques » soutenus par la Commission européenne. Stéphane Séjourné, commissaire européen, est attendu sur place pour en faire la promotion. Mais de débat public ? Aucune trace. De consultation locale ? Aucune initiative. D’étude d’acceptabilité sociale ? Pas davantage.

Dans ce contexte, un événement citoyen est organisé samedi 5 avril à Roeschwoog, dans le Bas-Rhin. Il s’adresse à toutes celles et ceux qui refusent que des décisions aussi structurantes soient prises en leur nom, sans eux. Au programme : tables rondes participatives, exposition scientifique de vulgarisation, interventions d’experts, stands associatifs et temps de débat entre habitant·es.

Une stratégie technocratique qui confisque les débats démocratiques

Les projets industriels avancent à grande vitesse. Mais leur cadrage reste strictement technocratique. Le lithium est présenté comme l’alternative verte incontournable. Les discours sur la relocalisation, les emplois et la transition masquent les réalités : séismes induits, conflits d’usage de l’eau, incertitudes sur les effets à long terme, absence de contrôle démocratique sur les choix technologiques.

La filière est soutenue par des industriels puissants, parfois opaques, capables de produire des bandes dessinées « pédagogiques » à destination des enfants pour vanter les mérites de l’extraction. La communication remplace le débat. Les slogans prennent le pas sur les données. Et pendant ce temps, la voix des habitant·es reste absente.

Pour aller plus loin : Souveraineté énergétique ou illusion extractiviste – L’enjeu caché des projets de lithium en France

Un événement citoyen et populaire, pour ouvrir les possibles

Organisé par le collectif Becs Rouges, en lien avec plusieurs collectifs et associations locales, l’événement du 5 avril se veut à la fois exigeant et accessible. Il s’appuie sur une exposition de 8 panneaux pédagogiques conçue par l’hydrologue Guillaume Barjot, pour décrypter les enjeux réels du lithium, ses alternatives, ses externalités, et les stratégies de communication utilisées pour fabriquer le consensus.

Il s’inscrit pleinement dans les objectifs portés par le programme de LFI, L’Avenir en Commun : planification écologique, reconquête démocratique, priorité à la sobriété et au partage équitable des ressources. Car ce qui est en jeu ici dépasse le seul cas de l’Alsace : c’est une certaine idée de la transition, de la démocratie énergétique et de la justice environnementale.

Contre l’accaparement des ressources et des décisions, la lutte s’organise

L’Alsace est une terre marquée par l’histoire industrielle. Elle a connu les promesses trahies de Stockamine, les séismes de Vendenheim, la fermeture des bassins miniers sans réparation. Elle est aussi une des régions les plus sismiques de France. L’idée que l’on pourrait y forer à plus de 4 000 mètres sans conséquences durables relève d’une illusion technocratique.

Les luttes environnementales d’aujourd’hui ne sont pas le fait de minorités anti-progrès. Elles sont l’expression d’un désir de démocratie réelle, de maîtrise collective du futur. L’heure n’est pas au fatalisme, mais à la mobilisation.

Toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans les combats pour la justice écologique, la démocratie réelle et la souveraineté des territoires y sont chaleureusement invité·es : samedi 5 avril à Roeschwoog (Bas-Rhin), Maison des Œuvres et de la Culture, de 13h30 à 18h30.

Par HydroLooney

Crédits photo : « Une mine de lithium », Crédits : Reinhard Jahn, CC-BY-SA 2.0, pas de modifications apportées.

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