« Contrainte de stopper mon activité » : comment la baisse du seuil de TVA voulue par Bayrou va mettre les auto-entrepreneurs au tapis

TVA. Vous étiez peut-être passés à côté ? Dans son budget ultra-austéritaire, le gouvernement Bayrou sauvé par le RN et le PS a introduit un abaissement du plafond de chiffre d’affaires pour que les petites entreprises soient exonérées de la TVA. Au 1er mars 2025, ce seuil aurait dû être descendu à 25 000 euros […]

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TVA. Vous étiez peut-être passés à côté ? Dans son budget ultra-austéritaire, le gouvernement Bayrou sauvé par le RN et le PS a introduit un abaissement du plafond de chiffre d’affaires pour que les petites entreprises soient exonérées de la TVA. Au 1er mars 2025, ce seuil aurait dû être descendu à 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Un seuil en dessous duquel les micro-entreprises ne sont pas assujetties à la TVA, au lieu de 37 500 euros pour les prestations de services aujourd’hui. Rapidement, les insoumis se sont emparés du sujet et ont dénoncé un racket gouvernemental contre les auto-entrepreneurs. Le RN a essayé de s’emparer de ce sujet. Raté : un de ses députés avait proposé l’abaissement de ce même seuil à… 18 750 euros.

Grâce à une importante levée de boucliers des principaux concernés, de leurs représentants et des députés LFI ayant contribué à inscrire sur ce sujet dans le débat médiatico-politique, la réforme a été suspendue par le gouvernement. Les députés LFI Alma Dufour et Hadrien Clouet ont déposé pour une proposition de loi pour abroger cette réforme. Aujourd’hui, des manifestations ont lieu dans une quinzaine de villes en France, à l’appel de la FNAE (Fédération nationale des auto-entrepreneurs et micro-entrepreneurs).

L’insoumission a lancé un appel à témoignages le 17 mars 2025 pour recueillir la parole d’auto-entrepreneurs mis au pied du mur par cette réforme inique et brutale. Nous publions dans nos colonnes le témoignage d’Amandine. Auto-entrepreneure à Bordeaux, aujourd’hui artisan glacier-chocolatier, elle lance sa micro-entreprise en juin 2022. Un tel abaissement de seuil de la TVA la ferait passer sous le SMIC pour des semaines de travail pouvant compter jusqu’à 70 heures de travail. « Il serait aisé de répercuter cette perte sur ma clientèle en augmentant mes prix de 10 % à 20 %. Cependant, je refuse de me couper de certains de mes clients au pouvoir d’achat plus modeste », assure-t-elle. Notre article.

« Le sentiment d’abattement est tel, qu’il en est même parfois difficile de mener la lutte » : le témoignage accablant de cette auto-entrepreneure au sujet de l’abaissement du seuil de TVA

Après ma maîtrise en histoire, je décide de me réorienter vers ma passion, la pâtisserie. Un parcours compliqué n’étant pas passée par l’apprentissage : multiplication d’expériences professionnelles pour tout apprendre sur le tas, obtention de mon diplôme en candidat libre et finalement des formations au CAP chocolatier-confiseur et une formation en glacerie chez Lenôtre en parallèle de mon travail salarié. Je suis aujourd’hui artisan glacier-chocolatier confiseur, après 15 ans d’expérience salariale dans les arts sucrés, je décide de lancer mon activité à Bordeaux.

J’ai choisi de m’établir avec une micro entreprise en juin 2022, en tant qu’artisan/commerçant ambulant. C’était pour moi un modèle viable, très peu contraignant en charges/démarches et surtout très peu risqué. J’ai réalisé un démarrage satisfaisant et aujourd’hui, après le bilan de l’année 2024, deuxième année d’exploitation, je vis décemment de mon activité. J’ai d’ailleurs beaucoup de devis pour l’année 2025 et même 2026.

Si une telle mesure était appliquée, les revenus de mon activité indépendante ne me permettraient plus de me dégager un salaire décent au regard des heures de travail effectuées. En effet, en saison (été et novembre décembre) je travaille jusqu’à 70h par semaine et je perdrais environ 500€ par mois de revenus. Cette perte m’amènerait à repasser sous le SMIC, mais pour le double de volume horaire. Il serait aisé de répercuter cette perte sur ma clientèle en augmentant mes prix de 10 % à 20 %. Cependant, je refuse de me couper de certains de mes clients au pouvoir d’achat plus modeste.

Pour aller plus loin : Hausse du SMIC : Bayrou refuse une hausse de 47 centimes par jour, demandée par le PS

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https://x.com/L_insoumission/status/1904529804776394810

Mon entreprise, mes produits (inclusifs, car vegans) ne sont pas réservés à une certaine partie de la population. Le bien manger ne devrait pas être une affaire de moyens financiers. C’est pourquoi, au regard de l’investissement personnel que je mets chaque jour dans mon entreprise, cela ne serait plus du tout viable. Sans compter qu’en tant qu’indépendant, nous renonçons (de bon gré) à certaines protections induites par le salariat.

Aussi, je me verrais contrainte de stopper mon activité dans laquelle je m’épanouis pleinement pour retourner dans le salariat en dépit des répercussions affreuses que cela aurait sur ma santé mentale. Ayant une activité saisonnière, je viens de reprendre après 2 mois de vacances, mais la motivation et l’enthousiasme ne sont plus à leur maximum pour cette reprise. Comment se donner à 100 %, comment imaginer de nouveaux produits et saisir de nouvelles opportunités en étant dans une telle incertitude ? Le sentiment d’abattement est tel, qu’il en est même parfois difficile de mener la lutte pour l’abrogation de cette loi injuste et contre productive.

Amandine, artisan glacier-chocolatier à Bordeaux

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Crédit photo : Smengelsrud, CC0 1.0, pas de modifications apportées.

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