Le retour de Donald Trump, suite à sa réélection à la présidence des États-Unis, signe le retour de l’impérialisme américain par des logiques de prédation pure et simple sur le monde, doublées d’offensives réactionnaires sur tous les fronts. L’inquiétude est bien palpable chez de nombreux Américains, notamment les femmes et les minorités. Le milliardaire américain défend une vision de la société dominée par les hommes blancs hétérosexuels et s’attaquent aux droits des Femmes, des personnes racisées et des personnes LGBTQIA+.
En parallèle, il tente de contrôler la recherche scientifique en interdisant d’utiliser une liste non exhaustive de mots sous peine de lever les financements. Le mot « femme » est désormais prescrit. Avec sa novlangue réactionnaire, Trump ne nie pas seulement le dérèglement climatique et les avancées scientifiques, les avancées des droits, mais s’attaque aussi à la géographie, en renommant le golfe du Mexique, et à la culture, en soutenant l’interdiction d’ouvrages fondamentaux dans les universités. Notre article.
Trump, défenseur du patriarcat contre les droits des Femmes et des minorités
Trump se présente, encore plus que lors de son premier mandat, comme le défenseur d’un système patriarcal arriéré dominé par des hommes blancs hétérosexuels. Sa réélection inquiète notamment Christian Nunes, présidente de la Nationale Organisation for Women (NOW), interrogée par L’Humanité : « Donald Trump a continué à encourager les discours de haine envers les femmes en attaquant personnellement Kamala Harris. Il a constamment affiché son mépris pour les communautés marginalisées, les personnes de couleur, la communauté LGBTQ ».
Le président nord-américain n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a déjà porté atteinte au droit primordial d’interruption volontaire de grossesse (IVG) : « en annulant l’arrêt Roe vs Wade en 2022, qui met en place une garantie fédérale de l’interruption volontaire de grossesse, la Cour suprême a renvoyé le sujet aux États et une vingtaine d’entre eux ont interdit ou très fortement restreint l’accès à l’IVG » d’après un article de RFI.
De nombreux américains craignent pour leurs droits, comme le témoigne cette jeune femme qui « a démarré le processus il y a quatre mois pour une fécondation in vitro et redoute un arrêt de ce traitement ». Une autre femme fait part au journal de sa peur liée à l’accès à la contraception : « Je pense que le gouvernement va rendre plus difficile son accès pour les femmes et limiter une contraception accessible et à bas coût ».
D’ailleurs, selon RFI, « de nombreuses femmes n’ont pas attendu pour réagir : elles ont décidé de faire des provisions de pilules du lendemain et abortives, en prévision de possibles restrictions futures sur leurs droits reproductifs ». Des milliers de femmes américaines se retrouvent à craindre, en 2025, la perte d’un droit fondamental qu’est la contraception.
Ainsi, les États-Unis, sous le mandat de Trump, deviennent pionnier du « régressisme », en supprimant des droits fondamentaux, non seulement pour les femmes, mais aussi les personnes LGBTQIA+ et les personnes racisées. Le président américain coche ainsi les points 1, 2, 5 et 12 du fondement de la doctrine fasciste selon Umberto Eco, à savoir « culte de la tradition, rejet du modernisme, rejet de la diversité et contrôle des femmes ».
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Les dangers de la novlangue réactionnaire de Trump pour contrôler la recherche scientifique
Trump a décidé de s’attaquer également à la sémantique, en menant une « blitzkrieg » lexicale de grande ampleur. Avec sa novlangue, il aspire à supprimer des mots qu’il juge trop progressistes et contraire à sa vision réactionnaire de la société. Ainsi, ces premières cibles sont le vocabulaire LGBTQIA+ et les mots en rapport avec le climat.
D’après un article du journal Le Monde, déjà en 2017, le premier gouvernement Trump avait fait interdire tout financement de projet par les Centers for Disease Control (CDC) s’il y avait les mots « foetus », « diversité » et « transgenre » mais aussi les expressions « basé sur la science » et « appuyé par les preuves », faisant ainsi la démonstration d’une profonde négation scientifique.
En 2025, il poursuit son offensive aux mots interdits et publie une liste importante de termes proscrits lors des demandes de subventions pour la recherche scientifique. Des termes du vocabulaire LGBTQI+ sont interdits comme « genre, non binaire, LGBT, inclusion, sexe ou encore transexuel » mais aussi des termes qui appuient son climato-scepticisme et sa méfiance scientifique comme « crise climatique ou science climatique ». Rappelons que le président des Etats-Unis avait déclaré « Je ne crois pas au changement climatique. C’est juste la météo ».
Un thread sur BlueSky partage la liste complète des mots interdits dans les articles scientifiques américains. Le vice a été poussé à l’extrême puisque « l’administration Trump est allée jusqu’à interdire à la Food and Drug Administration, l’agence américaine d’autorisation des médicaments, d’employer « femme », « personne âgée » et « handicapé », avant de se raviser en invoquant une erreur ».
Ces ingérences insidieuses dans le langage sont une attaque grave aux droits des personnes discriminées mais aussi à la science, puisqu’au delà du rejet des dérèglements climatiques, le président et son administration contrôlent les financements de la recherche scientifique et décident des termes utilisés dans celles-ci. Ainsi, il coche le 14ème point du fondement de la doctrine fasciste d’après Umberto Eco : « appauvrissement de la langue ».
Le président a aussi voulu renommer des lieux géographiques, avec notamment l’exemple du « golfe du Mexique » qu’il a renommé, par décret, « golfe d’Amérique ». La sémantique joue un rôle géopolitique majeure et révèle à la fois la volonté de Trump de s’approprier une partie du territoire mais illustre aussi son rejet systémique du Mexique.

Trump, véritable danger pour culture et la pensée critique des étudiants
En plus de mener une politique ultra-réactionnaire et patriarcale en faisant reculer les droits fondamentaux des minorités et d’interférer dans la recherche scientifique en imposant une censure sémantique, Trump s’attaque aussi à la culture. Il soutient le bannissement de plus de 4 000 livres dans les universités, tels que 1984 et les ouvrages de Georges Orwell, le Journal d’Anne Frank, ou encore la bibliographie d’Aldous Huxley dont Le meilleur des mondes.
Cette censure, s’appliquant à de nombreuses universités américaines, a pour objectif d’empêcher les étudiants de se forger leur propre opinion et esprit critique. Ainsi Trump vient cocher le 4ème point d’Umberto Eco sur la doctrine fasciste avec « le rejet de la pensée critique ».
Par Camille Oulès