Scandale des eaux en bouteille contaminées : l’Élysée et Matignon ont couvert Nestlé

Nestlé. Nouveau rebondissement dans le scandale des eaux en bouteille contaminées. Ce jeudi 13 février, deux informations judiciaires ont été ouvertes à Paris visant Nestlé et Sources Alma. Reprenons cette affaire dans l’ordre. La cellule d’investigation de Radio France et le journal Le Monde ont révélé, il y a un an, que les deux grands […]

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Nestlé. Nouveau rebondissement dans le scandale des eaux en bouteille contaminées. Ce jeudi 13 février, deux informations judiciaires ont été ouvertes à Paris visant Nestlé et Sources Alma. Reprenons cette affaire dans l’ordre. La cellule d’investigation de Radio France et le journal Le Monde ont révélé, il y a un an, que les deux grands groupes Nestlé et Alma Sources ont pompé pendant des années des eaux contaminées et ont illégalement filtré leurs eaux en bouteilles afin de masquer leurs contaminations. Il s’agit des eaux Perrier, Contrex, Vittel, Cristaline, Saint-Yorre, Vichy Célestin et Hépar pour ne citer que les plus connues. Cela représente 30 % des parts de marché de l’eau en bouteille.

L’Élysée et Matignon ont autorité le groupe Nestlé à conserver, dans ses usines, des systèmes de filtration illégaux et interdits, en modifiant la réglementation en toute connaissance de cause, suite un entretien complaisant privé avec la multinationale. D’après Le Monde, « de nombreux échanges de courriels et de notes ministérielles montrent que l’Elysée et Matignon ont privilégié les intérêts de la multinationale au détriment de ceux des consommateurs ». La macronie est complice de la mise en vente au grand public des eaux en bouteilles contaminées. Notre article.

Nestlé et Alma Sources ont utilisé des méthodes de filtrations interdites pour vendre leurs bouteilles d’eau contaminées

Retour début 2020, lorsqu’un salarié du groupe Alma Sources fait un signalement de fraude qui permet à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) d’ouvrir une enquête sur les pratiques dans les usines de cette multinationale.

D’après France Info, la DGCCRF va alors découvrir les traitements illégaux que le groupe fait subir à ses eaux : « injection de sulfate de fer et de CO2 industriels, microfiltration inférieure aux seuils autorisés, mais aussi mélanges d’eaux dites « minérales » ou « de source » avec de l’eau… du réseau, celle qui coule au robinet ». Mais ce n’est que la partie émergée d’une affaire bien plus importante.

La DGCCRF remarque qu’Alma Sources n’est pas la seule multinationale à s’être procuré des filtres illégaux, car parmi les acheteurs, le géant des eaux en bouteille Nestlé ressort également. En janvier 2024, la cellule investigation de Radio France et le journal Le Monde, après des mois d’enquête, ont épinglé les multinationales Nestlé et Alma Sources pour l’utilisation de systèmes de microfiltration non conformes et interdits pour leurs eaux (filtres UV et charbons actifs).

Double mensonges pour les multinationales puisqu’elles ont caché qu’elles pompaient de l’eau contaminée et donc dangereuse pour l’Homme, et qu’elles ont utilisé des systèmes de purifications illégaux pour les vendre et les rendre, selon elles, propre à la consommation. Juste avant que les médias révèlent le scandale, Nestlé a tenté de faire son mea culpa en reconnaissant, à demi-mots, avoir enfreint la réglementation concernant la filtration de ces eaux.

Mais, selon France Info, cela n’était qu’une opération de communication pour essayer de sauver le navire : « Nestlé a feint de jouer le jeu de la transparence médiatique parce qu’elle savait, à travers les questions que nous lui avions envoyées, que Le Monde et la Cellule investigation de Radio France s’apprêtaient à publier une enquête embarrassante révélant la nature de ses pratiques ».

Les Français auraient-ils continuer d’acheter ces bouteilles s’ils avaient su qu’elles étaient contaminées ? Auraient-ils continuer de consommer ces eaux s’ils avaient su qu’elles avaient été purifiées par des méthodes interdites ? Le groupe Nestlé sait bien que non, c’est pour cette raison qu’ils ont négocié, main dans la main avec les grands noms de la macronie, pour continuer leurs magouilles illégales et malhonnêtes afin de tromper tous les consommateurs et de risquer leur mise en danger. Tout ça pour gagner toujours plus d’argent.

Mais jusqu’où la multinationale, avec la connivence de l’Élysée et de Matignon, serait prête à aller pour satisfaire sa quête constante de profit ultra libérale ?

La macronie a couvert Nestlé en étouffant l’affaire et en modifiant la réglementation

Selon France Info, après l’enquête de la DGCCRF, « Nestlé […] sollicite alors un rendez-vous auprès du cabinet de la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher. Une rencontre est organisée à Bercy, en toute confidentialité, fin août 2021 ». Lors de cette réunion secrète et officieuse, le groupe Nestlé reconnaît avoir eu recours à des procédés de filtration illégaux et interdits pour contrer la contamination de leurs eaux dans plusieurs usines.

Les membres de la macronie présents à cette réunion, tels que la ministre de l’Industrie ou encore des membres du ministère de l’Économie, ont donc étaient témoins des aveux de fraude de la multinationale. Premier acte de complaisance de la part du gouvernement car « selon l’article 40 du code de procédure pénale, tout officier public « ayant acquis la connaissance d’un crime ou d’un délit » doit immédiatement saisir le procureur de la République. Pourtant, à ce stade de l’affaire, le gouvernement décide de ne pas informer la justice ni les autorités européennes ».

Mais l’Elysée continue de s’enfoncer dans sa complicité car « selon l’article 11 de la directive 2009/54/CE sur les eaux minérales naturelles, si un État membre a des raisons d’estimer qu’une eau ne respecte pas la réglementation, il doit pourtant en informer immédiatement la Commission et les autres Etats membres. Mais là encore, aucune information n’est transmise par la France, comme nous l’a confirmé la commission ».

À deux reprises alors, en ayant été témoins des aveux de Nestlé, les représentants du gouvernement Macron auraient dû saisir les différences instances des Institutions citées afin d’agir selon la loi et l’intérêt des Français. Mais une fois encore, ces derniers se sont illustrés par leur silence. Bruno Le Maire, Olivier Véran et Agnès Pannier-Runacher ont seulement ordonné une enquête administrative visant toutes les usines de conditionnement des eaux et ont fait saisir l’inspection générale des affaires sociales (Igas) pour une expertise des traitements interdits utilisés par les industriels.

Ce qui ressort de ce rapport, qui devait rester interne et confidentiel, c’est notamment que toutes les eaux de Nestlé sont concernées par l’usage de ces traitements illégaux. Les journalistes qui ont eu accès à ce rapport expliquent que « non seulement Nestlé utilise des traitements illégaux dans ses usines, mais elle les a en outre volontairement dissimulés, notamment derrière des armoires électriques. Autre entorse problématique : la firme a eu recours à un dispositif visant à tromper les agents de contrôle des Agences régionales de santé, en charge du contrôle sanitaire des eaux embouteillées. Alors qu’ils pensaient prélever de l’eau directement à la source, ils prélevaient en fait de l’eau préalablement traitée ».

Les révélations de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) sont accablantes, mais ce qui l’est encore plus, c’est le fait que les responsables de la macronie, ministres à l’époque, qui ont exigé ce rapport, l’ont donc nécessairement lu. Pourtant ils ont une fois de plus brillé par leur inaction et ainsi leur complicité.

Si la cellule d’investigation de Radio France et le journal Le Monde ont enquêté sur cette affaire, c’est suite à une douteuse réunion interministérielle qui a eu lieu en février 2023, autour notamment du groupe Nestlé et de la mise en vente de ses bouteilles. Ils ont voulu creuser pour savoir quel était ce scandale des eaux en bouteille et a quel était le niveau d’implication du gouvernement Macron.

Les médias se sont procurés le contre-rendu de cette réunion à huit clos et se sont interrogés en voyant qu’il était question de « plans « d’actions » et de « transformation » des usines de conditionnement d’eau de Nestlé, et de « surveillance renforcée bactériologique et virologique de la qualité de l’eau ».

Dans le rapport, un autre élément a retenu l’attention des journalistes « Il est aussi indiqué qu’« en réponse aux demandes de l’industriel », et après « différents échanges avec des représentants de Nestlé Waters », le cabinet de la Première ministre, Elisabeth Borne, accorde à Nestlé « la possibilité d’autoriser par modification des arrêtés préfectoraux la pratique de la microfiltration inférieure à 0,8 micron » ». Ainsi, en plus de couvrir la tromperie comme ses collègues, Borne, a décidé de modifier la réglementation afin que Nestlé puisse continuer ses pratiques de filtrations douteuses.

Le seul a avoir tenté de s’y opposer est Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, qui n’a pas bien sûr pas été entendu par le gouvernement. Cette réunion interministérielle est en réalité une opération massive de lobbying pour faire plier la macronie et faire en sorte que ces derniers mangent dans la main du géant de l’industriel Nestlé.

Même si l’Élysée et Matignon démentent leur lien avec ce scandale, dans un article de Radio France paru début février 2025, des « notes ministérielles, échanges de mails, résultats de prélèvements sanitaires, compte-rendu d’inspection des usines de la multinationale, des dizaines de documents permettent d’établir la chaîne de responsabilité politique dans cette affaire dans laquelle l’Élysée s’est directement impliquée ».

En avril 2024, suite aux révélations des médias concernant ce scandale des eaux contaminées et filtrées illégalement, le Sénat a lancé une mission flash, présidée par l’écologiste Antoinette Guhl. L’une des conclusions est que la groupe Nestlé a bien menti et fraudé « au vu et au su » de tous, notamment de l’Elysée, qui ne peut plus nier n’avoir été au courant. Cette mission dénonce le fait que les macronistes concernés, à savoir entre autres Olivier Véran, Elisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher et Bruno Le Maire, n’aient pas mis en place « les mesures correctives nécessaires » pour lutter contre cette tromperie majeure.

La députée insoumise Clémence Guetté avait alerté sur le scandale des eaux en bouteille

Il y a un an, la députée insoumise du Val de Marne avait fait une vidéo pour mettre en
lumière ce scandale des eaux en bouteilles. Suite aux révélations des médias sur la tromperie
massive de Nestlé, elle s’était saisie de cette affaire et avait interpelé la Procureure de la
République… un an plus tard, elle n’a toujours pas eu de réponse.

Pour aller plus loin : Scandale de l’eau en bouteilles contaminée – La députée LFI Clémence Guetté a saisi la justice

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https://x.com/Clemence_Guette/status/1752715024110428387

Dans un article du 30 janvier 2024, la députée insoumise résume l’implication des cadors de la macronie : « Le gouvernement, rapidement mis au courant, a couvert. Ils n’ont prévenu ni les consommateurs ni la commission européenne. Mis au courant, les ministres Le Maire, Véran et Pannier-Runacher demandent un rapport. Les conclusions sont accablantes. Mais plutôt que de sanctionner les géants de l’industrie de l’eau en bouteille, Borne a décidé d’assouplir les règles par décret. Permettant donc la poursuite de la filtration mise en cause. Un scandale ».

Dans un communiqué de presse de La France Insoumise-NUPES de début 2024, il est expliqué que la député du Val de Marne a interpelé le gouvernement, par une question écrite, pour qu’il rende des comptes sur son absence de signalement à la justice et sur l’influence du lobbying des géants de l’industrie de l’eau. Elle a également saisit la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités de l’époque, Catherine Vautrin et Bruno Le Maire, ex-ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, afin qu’ils rendent accessible les rapports de l’Igas et de la DGCCRF.

La vice présidente de l’Assemblée Nationale a récemment publié sur son compte Instagram un post épinglant la responsabilité des macronistes qui étaient au courant des magouilles de la multinationale et les ont laissé, et même aider en modifiant la réglementation, à vendre leurs eaux contaminées et illégalement filtrées aux Français.

Pour reprendre les mots de la responsable programmatique LFI : « L’eau est un bien commun. Son usage doit être démocratiquement discuté, entre citoyens, industriels et agriculteurs ». L’idée serait notamment de tendre vers une transparence des industriels vis-à-vis des méthodes utilisées pour le conditionnement de leurs eaux et un réel contrôle de celles-ci.

Suite aux récentes révélations des médias sur l’implication des responsables de la macronie dans ce scandale, ces derniers, ainsi que les industriels qui ont fraudé, vont devoir répondre publiquement de cette affaire et cesser de nier leur complicité.

Par Camille Oulès

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