Week-end tendu au Mans (72), où l’extrême droite institutionnelle et les groupuscules radicaux violents se sont donnés rendez-vous. Vendredi 13 décembre, Jordan Bardella est venu faire dédicacer son livre, aussi vide que son taux de présence au Parlement européen, dans cette ville de 145 000 habitants. En réponse, une manifestation antifasciste, marquée par la mobilisation du Réseau Insoumis Antifasciste, a réuni un grand nombre de personnes devant l’événement pour dénoncer les idées racistes portées par le leader du RN.
Le lendemain, la traditionnelle manifestation royaliste pour le « souvenir vendéen » a eu lieu en plein centre-ville, en même temps qu’une contre-manifestation antifasciste. Ce rassemblement annuel, qui attire des néonazis venus de l’ouest de la France, s’est de nouveau conclu par des tentatives de violences dans la soirée du samedi 14 décembre. Une cinquantaine de fascistes cagoulés ont défilé dans les rues jusqu’à tard dans la nuit, sans que les forces de l’ordre n’interviennent. Notre brève.
Au Mans, la vigilance des antifascistes face aux hyènes fascistes
Chaque année, autour de la mi-décembre, des royalistes organisent une marche pour commémorer le « souvenir vendéen », un événement qui, depuis 2019, est régulièrement détourné par des groupuscules d’extrême droite pour perpétrer des violences. En 2019 par exemple, une trentaine d’individus armés avaient attaqué des personnes racisées ainsi que deux bars de gauche dans les rues du Mans.
En 2022, une vingtaine de fascistes avaient pris pour cible la manifestation antifasciste, armés de ceintures, gants coqués et barrières.
Cette année, le néonazi Tanguy Eude a appelé à manifester le samedi 14 novembre. Alors que la contre-manifestation antifasciste a été interdite, 80 fascistes ont pu défiler en toute impunité dans le centre-ville, escortés par la police.
En raison de la présence de Jordan Bardella dans la ville la veille pour dédicacer son torchon fasciste, des néonazis ont fait le déplacement de tout l’ouest de la France pour le week-end. Après la manifestation royaliste, les nazillons ont voulu commettre une nouvelle ratonnade. Ils étaient particulièrement galvanisés par leur ancrage local, symbolisé par leur bar fétiche, Le Barracuda, géré par le militant zemmouriste Morgan Trintignant et actuellement en cours de vente.
Aux alentours de 20 heures, une trentaine de fascistes issus de l’Action Française, de l’Alvarium d’Angers, de Génération Z (le militant Félix Aubry a été identifié) et sûrement d’autres qui n’ont pas été identifiés, ont tenté d’attaquer un bar de gauche, scandant « Europe, Jeunesse, Révolution ». Leur tentative a été repoussée grâce à la vigilance et à l’organisation des antifascistes présents. Ces derniers se sont divisés en deux groupes pour protéger les bars menacés, tandis que d’autres circulaient dans le quartier pour avertir les passants du danger. Les néonazis ont alors été contraints de se disperser en petits groupes.
Pour aller plus loin : Antisémite, royaliste, nationaliste : l’Action française, l’un des plus vieux groupuscules d’extrême droite
« Pour l’instant, ils marchent et crient dans la rue, ils sont dans leur droit de citoyens », indique un officier de police. Stéphane Le Foll, maire socialiste du Mans, a également assisté à la scène, sans aucune réaction.
Malgré des saluts nazis et des provocations verbales, il n’y a eu aucune violence physique cette année, et cela est uniquement dû à la présence dissuasive des antifascistes. Ces derniers, les seuls à protéger véritablement la population en la prévenant des possibles ratonnades, ont une nouvelle fois prouvé qu’ils étaient le rempart face aux violences de l’extrême droite.
Ce week-end de fascistes venus voir Jordan Bardella et instrumentaliser la manifestation du « souvenir vendéen » ne s’est pas transformé en drame cette année. Grâce à la mobilisation antifasciste, Le Mans est et restera une ville résolument antifasciste.
Par Camille Karlin