Ce 18 novembre 2024, sur le site industriel Michelin de Cholet, les mines et les visages des salariés sont sombres. Ce matin à 8 h 30, commençait la réunion du comité social économique (CSE) du site. Les délégués syndicaux y demanderont des comptes et des explications face à la fermeture annoncée du site. Un nouvel épisode d’une saison dramatique qui a commencé officiellement depuis le dimanche 3 novembre, lorsque les 1254 travailleurs et travailleuses apprenaient officieusement la fermeture de leur site au journal télévisé de France 3.
Officieusement une lutte qui avait déjà commencé depuis plusieurs années. En 2013, l’arrêt du site industriel de Joué-lès-Tours était annoncé par le groupe Michelin comme la seule solution pour permettre la création d’usine de grande taille, seule parait-il pouvant survivre économiquement. Des milliers de salariés et salariées avaient déjà été mises sur la touche à ce moment-là.
« On va créer des usines de pneumatiques de poids lourds de classe mondiale », prêchait encore la Direction de Michelin. Mensonge. Ces fermetures d’usine qui devaient être les dernières n’étaient que le début d’une série noire sociale avec des démontages d’atelier en chaine. Dans toutes les têtes, le même interrogation : que va-t-il arriver et plusieurs milliers d’emplois directs indirects dont dépend le site de Cholet et dont la direction du groupe a annoncé la fermeture ?
Sur place, de nombreux députés et militants insoumis sont venus en soutien avec propositions qui font échos aux revendications des salariés : sauver l’industrie, et exiger le remboursement des aides publiques dont s’est gavé un groupe qui licencie à tour de bras. En 2019, Michelin reversait 20 % de ses bénéfices aux actionnaires. Cette année, c’est 48 %. Une cagnotte a été lancée afin de soutenir les salariés. En direct du Piquet de Grève et de blocage de l’usine Michelet de Cholet. Notre brève.
Licenciements en masse chez Michelin : comment en est-on arrivé là ?
Du café pour se réchauffer les mains. On se remémore les premières années à l’usine, les rencontres et les amitiés qui naissent au gré des luttes, les signes imperceptibles sur les pneus permettant de reconnaitre ceux sortis du site. Une enceinte, de la musique et de la solidarité de classe qui réchauffe le cœur. Alors que les conversations s’engagent autour du feu du piquet de grève, le constat est unanime et sans appel. Michelin a organisé sciemment la destruction du site et de tous les emplois dont il dépend.
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Combien d’investissements non réalisés par le groupe industriel alors que les actionnaires de Michelin se gavaient avec des bénéfices et des dividendes records (en milliards d’euros) en cette année 2024 ? En 2019, Michelin reversait 20% de ses bénéfices aux actionnaires. Cette année c’est 48%. Depuis des années que la direction répète que le site n’est pas suffisamment productif à son goût, les salariés et salariées alertes sur le sous-investissement que subit l’usine et ses équipements, véritable abandon de l’outil de travail. La direction a fait depuis des années le choix délibéré de détruire des milliers d’emplois et donc de vies.
Le groupe Michelin s’est retrouvé inondé d’argent public par les nombreux crédits d’impôts que les gouvernements successifs ont accordé sans contreparties ni contrôle sérieux. Les promesses d’augmentations de salaire par contre n’ont toujours été qu’un film pour les salariés qui aujourd’hui connaissent la précarité et les licenciements sous l’œil satisfait et repu de la direction de Michelin. C’est un véritable racket social que le groupe industriel a organisé sur le dos de milliers de travailleuses et travailleurs.
La journée s’écoule lentement ; les salariées et salariées se rassemblent sur le piquet de grève. Il y a du réconfort et de l’entraide, malgré les inquiétudes qui serrent les cœurs et qui broie les ventes. Les travailleurs et travailleuses de Michelin restent au front. En 1ʳᵉ ligne de la guerre sociale. Une cagnotte a été créée par les salariés eux-mêmes, afin de les soutenir dans leur lutte.
Par Damien François