Michelin, Auchan, MA France, Valéo, Renault, Sanofi, Airbus, Nexity, Vencorex et bien d’autres, les plans de licenciements s’enchaînent en cadence en France. Sur fond de saignée austéritaire ordonnée par le couple Barnier/Le Pen, le pays connait un vaste mouvement de pillage et de dépeçage de son industrie, mais pas que. Des fermetures d’usines ou de magasins sont ordonnées par des groupes shootés par l’argent public – à l’instar de Michelin, ou par des dividendes et des profits records, comme Auchan détenu par le clan Mulliez, 7ème fortune de France avec un pactole de 28 milliards d’euros. En cinq minutes, des salariés à l’ouvrage parfois depuis plus de 50 ans sont mis à la porte sans préavis.
Sur les piquets de grèves, salariés et syndicalistes s’activent pour tenir le front, dénoncer l’abus et le mépris du pouvoir économique et sauver une industrie détruite par sept ans de macronisme précédés par des décennies de politiques économiques identiques. A leurs côtés, les insoumis se déploient massivement en intensifiant leurs déplacements pour les soutenir et porter leurs propositions pour une autre économie. Parmi elles, le mise sous condition des 300 milliards d’euros d’aides publiques versées chaque année aux entreprises — et leur remboursement pour les groupes gavés et voyous qui licencient – ainsi qu’un plan de relocalisation et des mesures de protection de l’emploi par l’instauration de droits de douanes. Notre article.
Aux usines Michelin, 1,4 milliards de dividendes pour 1300 emplois supprimés
« C’était brutal. On a été prévenu la veille. On nous a parqué dans un entrepôt à 1000 et ils nous ont annoncé la fermeture. » témoigne un salarié au micro de l’Insoumission le 8 novembre à Cholet. Tous sont victimes des décisions du groupe vautour et des gouvernements successifs dépeçant le pays de son industrie. A Cholet, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, n’a pas pu rester plus de trois minutes sous les « dégages » lancés à juste titre par des salariés à qui la Direction a annoncé, en 5 minutes pour parfois jusqu’à 50 années de travail, que leur production sera délocalisé en Pologne.
Comme ses collègues, ce salarié témoigne de la violence et le mépris de la Direction du groupe Michelin à leur égard. Après avoir reçu plusieurs centaines de millions d’euros d’aides publiques et shooté ses actionnaires d’ 1,4 milliards d’euros de dividendes en 2024, le groupe licencie plus de 1250 salariés. Sur le terrain, les délégations insoumises sont venus en nombre pour apporter soutien et solutions. « Ce qui les différencie, les insoumis, c’est qu’ils viennent mais pas les mains vides. Ils ont raison d’exiger le remboursement des aides publiques touchées par le groupe », souligne l’un d’eux à notre micro.
Les aides publiques aux entreprises sont dans le viseur des insoumis depuis des années. Et à raison. Entre les subventions directes et le manque à gagner par des dégrèvements fiscaux ou des niches sociales, près de 300 milliards d’euros d’aides publiques sont versés chaque année aux entreprises.
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a demandé une commission d’enquête sur l’utilisation de ces aides par les groupes, dont Michelin. « Jamais le groupe n’a distribué autant de dividendes. Et dans le même temps, ils délocalisent en Pologne. Barnier veut des explications. Nous allons les exiger. » déclarait récemment la députée insoumise Clémence Guetté pour justifier la commission d’enquête. Où va l’argent, et pourquoi ? La question posée par les insoumis répond à une situation extraordinaire : le versement de ces aides s’effectuent sans contreparties, ni contrôle.
Comme de nombreux autres, le groupe Michelin qui licencie 1200 de ses salariés a été biberonné d’argent public, avec 42 millions d’euros au titre du crédit d’impôt recherche en 2023, plus de 65 millions d’euros du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi depuis 2013, ou encore 12 millions pour le chômage partiel en 2020. Alors une seule question plane : où va l’argent ?
Lorsque le sujet est abordé par les insoumis sur les piquets grève, les salariés à leurs côtés sont on ne peut plus réceptifs et se félicitent de la prise en compte du sujet par LFI. Un sujet rappelé par Clémence Guetté, Manuel Bompard et Arash Saiedi à Cholet, le 8 novembre.
Le lendemain, à Vannes, le député LFI Pierre Yves Cadalen et la présidente des affaires économiques et députée LFI, Aurélie Trouvé, ont eux aussi fait le déplacement, pour dénoncer un « gavage » , soulignant la contradiction et l’injustice criante de la situation : « le groupe a touché des centaines de millions d’euros d’aides publiques, notre argent, mais licencie ses salariés ! »
Une injustice de nouveau dénoncée par la présidente du groupe parlementaire LFI, Mathilde Panot, devant le siège du groupe Michelin à Clermont Ferrand, aux côtés de la députée LFI Marianne Maximi.
Auchan, 27 milliards de fortune pour 2400 licenciements
Le secteur de l’industrie n’est pas le seul touché. « Non ! Non ! Aucun licenciement ! ». Ce vendredi 15 novembre, les rayons de l’hypermarché Auchan à Clermont raisonnaient sous les pas et les slogans des salariés à qui l’on a appris la fermeture, sous six mois, de leur magasin. A la clé, 300 suppressions d’emplois sur 2400 prévus dans tout le pays. Le responsable ? Le clan Mulliez, propriétaire d’Auchan et 7ème fortune de France avec un pactole de 28 milliards d’euros. Là aussi, les insoumis étaient présents, notamment la députée LFI Marianne Maximi, pour dénoncer ces shoots de profits sur le dos du plus grand nombre.
Au total, près de 300 000 emplois sont menacés en France d’après la CGT
Les cas de Sanofi, Michelin, et Auchan ne sont pas des cas isolés. Le profit l’emporte aussi sur le dos des emplois et des vies dans près de 180 plans de licenciements recensés par la CGT. Au total, près de 300 000 emplois sont menacés en France.
Chez l’usine automobile MA France, près de 400 emplois sont menacés. Les salariés sont en lutte depuis des mois contre la liquidation judiciaire de leur outil de travail. Leur donneur d’ordre ? L’entreprise Stellantis dont le PDG Carlos Tavares a empôché près de 36,5 millions d’euros de salaires rien que pour l’année 2023.
En octobre, Jean-Luc Mélenchon est venu à leur rencontre aux côtés d’une importante délégation insoumise. Une visite chaleureusement perçu par les salariés. Abdelhalim, gestionnaire de production, témoignait à l’Insoumission : « La venue de Jean-Luc Mélenchon dans notre usine confirme le soutien sans faille de la France insoumise depuis le début de notre lutte. »
Chez Saunier Duval, à Nantes, un plan de « sauvegarde » a annoncé en juillet dernier la suppression de 225 emplois sur 730. Bruno Hatton, secrétaire général adjoint départemental de la fédération FO Métaux, explique « Saunier Duval possède également une usine en Allemagne, et une en Slovaquie, où les coûts de production sont inférieurs ».
Dans l’électroménager, même constat : Bosch supprime 3 500 postes, après avoir annoncé 3 700 suppressions de postes dans le secteur de la sous-traitance Power Tools. Au total, l’entreprise menace donc 7 000 emplois en France. Le groupe allemand déclare que « malgré une année compliquée », il réalise un bénéfice net de 3,8 milliards d’euros en 2022. On comprend que ce soit compliqué.
Chez Sanofi – entreprise s’étant gavé d’un milliard d’argent public en dix ans – les 1700 salariés qui produisent le Doliprane sur le site de Lisieux sont eux aussi directement menacés après le rachat de la filiale Opella à un fond d’investissement américain. Malgré un salaire annuel de 9 millions d’euros, le PDG de Sanofi fait passer son profit personnel avant l’intérêt général du pays. Là aussi, sans réaction aucune du Gouvernement Barnier/Le Pen, si ce n’est une timide entrée au capital par l’Etat dans l’entreprise, mais qui n’empêchera en rien les suppressions d’emplois et les délocalisations.
Souveraineté industrielle – le plan de LFI pour la sauvegarder
Outre la commission d’enquête sur les aides publiques versées aux entreprises, et l’exigence de contreparties et de contrôle à de telles aides, LFI a depuis des années étayé ses propositions pour que cesse le pillage et le dépeçage de l’industrie française alimentée par le Gouvernement actuel comme le précédent.
Dans une note de blog récemment publié et intitulé « Capitalisme d’assistés », le leader de LFI détaille l’un des axes majeurs pour y parvenir : « En France, la consommation populaire fait l’activité. C’est 53 % de la richesse produite ! C’est considérable. Mais quand vous supprimez 1€ par des coupes budgétaires, alors c’est 0,70 € de moins d’activité économique en France !«
C’est tout l’inverse aujourd’hui à l’œuvre par les saignées budgétaires de 60 milliards prévues par le Gouvernement Barnier. Saignées budgétaires d’un côté, et inaction assumée de l’autre. Le 9 novembre, le ministre de l’Industrie assumait clairement la pente des faillites en série et du pillage en cadence, déclarant, au micro de France Inter : « Des annonces de fermetures de sites, il y en aura probablement dans les semaines et les mois qui viennent », assumant un bilan « va se compter en milliers d’emplois ».
Quant aux réponses possibles, notamment celles de LFI chiffrées et plébiscitées par les économiques, silence radio du côté de l’Elysée. Au delà de la relance de la consommation populaire par l’investissement public, LFI prévoit une série de mesures pour sauver l’industrie, ses fleurons, ses emplois, tels qu’un plan de relocalisation, des mesures de protection de l’emploi par l’instauration de droits de douanes ainsi que la mise sous conditions des aides publiques versées aux entreprises.