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Budget 2025 : les macronistes en déroute, le RN en dernière béquille de Barnier

Budget 2025, clap de fin de la saison 1. Après de longs débats, où les insoumis et leurs alliés du Nouveau Front Populaire ont bataillé pour transformer en profondeur le budget d’austérité présenté par le gouvernement, sa première partie a été rejetée par les macronistes, le reste de la droite et le Rassemblement national. « Cela doit être la première fois que le socle gouvernemental vote contre le budget présenté par le gouvernement », souligne Éric Coquerel au micro de L’insoumission.fr.

Toujours prompts à crier au déficit et à la dette à rembourser, cette coalition macrono-lepéniste a refusé un budget… qui aurait permis à la France de respecter les critères européens. Un comble ! Un budget qui aurait aussi permis aux Français de ne pas voir leurs factures d’électricité augmenter ou de voir de l’argent injecté dans les services publics qui en ont tant besoin. Le RN, défenseur invétérés des ultra-riches a voté de concert avec le reste de la droite pour rejeter ce budget transformé.

La version initiale du budget, hors modifications des dernières semaines et victoires accumulées par la gauche, va maintenant être transmise au Sénat, pour revenir une seconde à l’Assemblée nationale. À ce moment-là, si le gouvernement utilise le fameux article 49.3 pour passer en force un budget de saignée austéritaire, l’interrogation principale réside dans l’attitude du RN. Censure ou béquille éternelle du macronisme en déroute ? Affaire à suivre. Notre article.

Débats sur le budget : le RN a défendu les riches contre le peuple, les macronistes ont déserté l’Assemblée nationale

Cette semaine, l’Assemblée nationale a rejeté la première partie du budget, c’est-à-dire la partie « recettes » du projet de loi de finances. La deuxième partie dite des « dépenses » ne pouvant être discutée sans que la partie « recettes » soit votée, le texte du budget va être transmis au Sénat, dominé par la droite.

« Nous avons décidé de voter pour un texte que nous avons profondément remanié. Nous avons suivi notre feuille de route, qui était de transformer suffisamment ce budget pour qu’il devienne NFP-compatible », développe Éric Coquerel, qui a permis à L’insoumission.fr de suivre aux débats les débats sur le projet de loi de finances. À plusieurs reprises, il avait souligné à quel point les macronistes avaient déserté les débats. 15 à 25 irréductiblesparlementaires restaient sur les bancs.

Pour aller plus loin : Budget 2025 : l’ISF écarté à cause de l’alliance entre le RN et Macron

Amendement après amendement, l’Assemblée nationale a voté 75 milliards de recettes nouvelles proposées par le NFP et La France insoumise. Avec 17 milliards de nouvelles dépenses votées dans le budget NFP-compatible, la gauche présentait un budget excédentaire de 58 milliards d’euros, soit quasi-autant que les 60 milliards de coupes budgétaires voulues par le gouvernement Barnier au départ. Un tel budget aurait permis de respecter la fameuse règle européenne des 3 % maximum de déficit.

Contrairement à ce qu’ont crié sur tous les toits l’alliance macrono-lepéniste, il n’a jamais été question pour le NFP de mettre en place un « enfer fiscal » pour tous les Français. Les seuls concernés : les plus riches et les multinationales qui se sont gavés au détriment du peuple, 7 ans de macronisme durant. « 13 milliards en taxant le patrimoine de ceux qui possèdent plus d’un milliard, 15 milliards sur les super-profits, 26 milliards sur les grandes entreprises qui tentent de fuire l’impôt hors de France, 6 milliards sur les dividendes et les actionnaires profiteurs de crises, 1 milliard sur les rachats d’action, 3 milliards sur les transactions financières, etc », détaillait le député insoumis Aurélie Le Coq à la tribune.

Vote contre le rétablissement de l’ISF, contre l’abrogation de la retraite à 64 ans… Tout au long des débats, le RN a assumé sa défense des plus riches de ce pays et son rôle de béquille de la macronie. Une vérité que n’a manqué de rappeler Aurélien Le Coq : « Assumez ce que vous êtes : les larbins des ultra-riches et de la macronie. Honte à vous ! ». Le député LFI de conclure : « Celles et ceux qui décideraient aujourd’hui de rejeter ce budget deviendraient, s’ils ne le sont déjà, les complices d’un vol démocratique en bande organisée ! »

Budget rejeté, et après ?

Le socle gouvernemental a donc rejeté le budget qu’il avait lui-même présenté. Les prochaines étapes institutionnelles ? D’abord, le texte initial présenté par le gouvernement Barnier va être présenté au Sénat (exit toutes les transformations arrachées par les insoumis et le NFP). Pour rappel, ce dernier est dominé par la droite, notamment par des proches de Bruno Retailleau. Avant d’être nommé à l’Intérieur, celui-ci était le chef de Républicains au Sénat, groupe majoritaire de cette chambre parlementaire. Ainsi, les modifications apportées par le Sénat au budget vont aggraver davantage le caractère ultra-austéritaire du budget Barnier. Une fois modifié par le Sénat, le texte modifié va revenir à l’Assemblée nationale.

Ainsi, le deuxième épisode du budget commencera à l’Assemblée nationale. Comme suggéré par Michel Barnier, le gouvernement pourrait « probablement » déclencher le fameux 49.3 pour en force son budget. Les députés insoumis et leurs alliés du NFP ont prévenu : une motion de censure sera déposée. Certains, comme François Hollande, tentent de torpiller l’alliance de gauche en invitant le PS à s’abstenir sur une prochaine motion de censure. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a contredit l’ancien de la République en précisant qu’une motion de censure votée par les socialistes. Seule inconnue : le vote du Rassemblement national.

Le parti d’extrême droite compte-t-il trahir ses électeurs une nouvelle fois, après avoir voté contre l’abrogation de la retraite à 64 ans, des taxes sur les plus riches et une baisse des factures d’électricité, empêché l’Assemblée nationale de débattre de la destitution d’Emmanuel Macron, refuser de censurer le gouvernement Barnier par une première motion de censure ? En effet, selon une dernière enquête de l’IFOP, 57 % des sympathisants RN sont favorables à ce que leurs députés votent la motion de censure.

Au vu de ses déboires judiciaires et la possibilité que Marine Le Pen soit déclarée inéligible pour la prochaine élection présidentielle, peut être le RN franchira le pas de la censure, pour ne pas perdre toute crédibilité devant ses électeurs. Ou bien, il se posera comme défenseur invétéré du macronisme et du néolibéralisme déliquescent.

Deux scénarios donc : soit le RN ne vote pas la censure et un budget d’austérité passe en force, sans vote des parlementaires, soit le RN vote la censure, alors le gouvernement sera renversé, le budget rejeté. Auquel cas, le chef de l’État pourrait se tourner vers le NFP pour former un nouveau gouvernement, voire démissionner, conscient qu’il est le point de blocage absolu d’une Vᵉ République à bout de souffle.

Par Nadim Février