Les annonces de plans sociaux se suivent tristement ces derniers jours, Michelin et Auchan en première ligne. Concernant l’enseigne de supermarchés, près de 2 400 salariés vont être mis sur le carreau. Un plan inédit dans l’histoire du groupe, cruel dans son ampleur, suscitant et colère et désespoir du côté des salariés et des syndicalistes.
Mulliez. Ce nom ne vous dit probablement rien. Pourtant, cette famille, adepte de l’optimisation fiscale, possède de nombreuses enseignes que vous connaissez bien parmi lesquelles… Auchan ! Mais aussi Leroy Merlin, Boulanger, Flunch, Kiabi, Toys »R »Us, Cultura, Décathlon… Patrimoine total : 28 milliards d’euros. 7ᵉ fortune du pays. Ce clan est responsable d’une telle vague de licenciements.
Ces milliardaires, ces invisibles d’en haut, ils ont des noms, ils ont des adresses, ils ont des visages. L’Insoumission s’attelle à les démasquer. Nous republions dans nos colonnes notre article du clan Mulliez, qui est en train de mettre près de 2 400 familles sur le carreau. Notre article.
Le fruit du travail de 700 000 salariés
Auchan, Leroy Merlin, Boulanger, Flunch, Kiabi, Toys »R »Us, Cultura, Décathlon… Ces enseignes localisées dans les zones périurbaines sont parmi les plus fréquentées des Français. Ses propriétaires, les Mulliez, sont des inconnus du grand public. Ils disposent pourtant aujourd’hui d’un patrimoine de 28 milliards d’euros, ce qui les positionne à la 7ᵉ fortune française selon le classement Challenges 2024.
Cette fortune repose sur l’accumulation d’un patrimoine dont les bénéfices ne ruissellent que dans les poches d’une même organisation depuis 1955 : l’Association Familiale Mulliez (AFM). Cet organisme de gestion de patrimoine – comprendre système de répartition des dividendes – est composé de plus de 1 400 membres, dont plus de 800 actionnaires familiaux.
Depuis bientôt 70 ans, il concentre le fruit du travail des plus de 640 000 salariés des différents groupes dont la famille est propriétaire. 54 000 personnes sont salariées du groupe Auchan en France. Retail avait déjà annoncé en septembre 2020 la suppression de 1.475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en janvier de la même année. Ce 5 novembre 2024 a été annoncé un plan de redressement de l’entreprise, incluant le licenciement de près de 2400 postes et la fermeture de nombreux magasins.
« La radinerie, ça a ses vertus », Gérard Mulliez
Pendant de nombreuses années, le patriarche de 93 ans Gérard Mulliez – fondateur d’Auchan et à la tête d’une fortune personnelle estimée à près de 3 milliards d’euros – a tenu d’une main de fer cette organisation. Il a veillé à son bon fonctionnement et à l’entente entre les cousins, tous millionnaires.
« La radinerie, ça a ses vertus ». Cette phrase prononcée par Gérard Mulliez témoigne à elle seule de toute la démarche de la famille. Voitures, maisons, vacances… Personne autour d’eux ne dira que les Mulliez vivent de manière « bling-bling ». Eux-mêmes et nombre de personnes les ayant fréquentés les qualifient d’ailleurs de radins.
Les Mulliez comptent leurs sous. Ils veillent à leurs dépenses et préfèrent la discrétion au feu des projecteurs. Pourquoi ? Parce que l’indécence amène de la honte. En effet, les familiaux (membres de l’AFM), se partagent le pactole engrangé par le labeur des salariés du groupe, mais toujours entre eux, à l’abri des regards.
Optimisation fiscale, licenciements financiers… La méthode Mulliez
Les salariés, pour beaucoup tributaires de cadences de travail difficiles et rémunérés au SMIC, ne voient que très peu ces bénéfices. Seuls 15 % d’entre eux sont reversés aux salariés chaque année, via la prime d’intéressement. Quant aux salaires, ils peinent à suivre l’inflation.
Ils laissent une nouvelle fois les premiers de corvée en situation de précarité. En 2022-2023, et seulement au titre d’Auchan, les membres de l’AFM se sont partagés 1 milliard d’euros de dividendes, comme le souligne Clémence Guetté, qui complète « Comme toujours, les salariés vont payer les errements de leur direction ». Le groupe a touché grâce au CICE, 83 millions d’euros de l’État par an entre 2013 et 2018.
Cela ne s’arrête pas là. En 2020, en plein cœur de la crise COVID, la famille s’est adonnée à une restructuration de ses enseignes et a profité des ordonnances Macron pour déclarer la faillite de ses celles-ci, licencier les effectifs et racheter d’autres les enseignes une fois les dettes épongées.
Vous en voulez encore ? Il y en a. Pourtant fièrement implantée dans le nord de la France, la famille Mulliez n’hésite pas à passer sous pavillon Belge quand il s’agit de protéger ses intérêts financiers et ainsi de procéder à de l’évasion fiscale. En témoigne la rue de la Reine Astrid située à Néchin, en Belgique.
Les habitants de cette charmante bourgade rurale d’à peine plus de 2 000 âmes ont eux-mêmes renommé la rue se terminant à la frontière avec la France « Rue Mulliez ». Cette situation géographique leur permet ainsi d’optimiser leur déclaration de patrimoine et de payer beaucoup moins (quasiment rien) d’impôts.
La famille Mulliez, la plus grosse empreinte carbone des milliardaires
Selon un rapport Oxfam et Greenpeace publié en février 2022, concernant l’empreinte carbone des milliardaires, la famille Mulliez occupe la première place du podium. Leur principal patrimoine financier, Auchan, émet à lui seul 33 millions de tonnes de CO2. C’est l’équivalent des émissions de plus de 6 millions de Français, soit une région comme l’Aquitaine.
Preuve en est que les ultra-riches sont nocifs pour nos vies et pour la planète. Il est temps de récupérer leurs richesses pour mieux les répartir, et que les riches cessent de saccager la Terre. Ces milliardaires, ces invisibles d’en haut, ils ont des noms, ils ont des adresses, ils ont des visages. L’Insoumission s’attelle à les démasquer.
Guillaume R