L’Insoumission et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.
Beaujon (92). « Des bras, des lits » ! Ce mercredi 30 octobre, en début d’après-midi, était convoqué un rassemblement devant l’hôpital Beaujon, suite à la décision de l’assemblée générale des personnels grévistes de l’hôpital avec les organisations FO, CGT et Sud. Petit à petit, les personnels rejoignent le rassemblement devant l’hôpital, mais c’est également les familles des patients et la population qui se joints au rendez-vous. Les prises parole débutent alors devant 200 personnes serrées sur le terre-plein à l’entrée de l’Hôpital.
Les responsables syndicaux CGT, FO et Sud de l’hôpital Beaujon ouvrent la discussion en indiquant qu’ils sont en grève depuis le 13 octobre. La grève se poursuit avec plus d’une centaine d’assignations officielles par jour. Officielles, car la direction de l’hôpital fait en sorte, en ne remettant pas les documents d’assignation aux agents, de minimiser la grève, mais il n’en est rien. La caisse de grève, alimentée par les structures syndicales interprofessionnelles du département, mais également tous les jours par les patients et leur famille atteint aujourd’hui plus de 7 000 euros. Notre article.
Vers un rassemblement devant le ministère de la Santé
Ils dénoncent le fait que les personnels soient déplacés par la direction de l’établissement tous les jours de services en services, qu’il n’y ait pas d’équipe fixe. Les remontées dans les autres hôpitaux de l’AP-HP sont les mêmes qu’à l’hôpital Beaujon : « Des bras, des lits ». Ils annoncent leur intention de discuter lors de la prochaine assemblée générale de proposer un rassemblement devant le ministère de la Santé. De nombreuses interventions se succèdent.
« On a l’appui de la population ! »
Un agent hospitalier en grève indique : « Je suis écœuré de voir que ce gouvernement préfère donner des centaines de milliards à l’armement plutôt qu’à la santé : eux, ils détruisent des vies et bien nous, on les sauve aujourd’hui ! (Applaudissements) On sait s’organiser on est intelligent aujourd’hui dans la caisse de grève les patients, les familles nous donnent entre 200 et 300 euros, et je me souviens d’une famille qui avait mis 20 euros dans la caisse de grève et qui avait dit : « continuez, vous êtes en train de nous sauver ».
« Oui, on a l’appui de la population ! ». L’ancien maire de Clichy (1985-2015), Gilles Catoire, indique être contre la fermeture de l’hôpital Beaujon et indique concernant Gaza : « Vous avez parlé de Gaza. Quand j’étais maire, avec mon adjoint Michel Limousin et le professeur Nahum, pendant 7 à 8 ans, l’hôpital Beaujon a formé des médecins pour Gaza, une cinquantaine, et je crois qu’on peut être fier de ça. Aujourd’hui malheureusement ça s’est arrêté et je voudrais avoir une pensée car je me dis : est-ce qu’ils ont encore parmi nous aujourd’hui ? »
L’union départementale CGT des Hauts-de-Seine prend la parole pour réaffirmer son exigence de non-fermeture de l’hôpital Beaujon et dénonce les logiques d’austérité notamment sur l’hôpital public qui sont le produit d’exonérations de cotisations sociales à hauteur de 75 milliards d’euros chaque année.
Pour aller plus loin : « Il manque des bras et des lits partout » – à l’Hôpital Beaujon, le personnel en grève se mobilise
De nombreux mouvements en cours dans tout le pays
Son homologue de l’union départementale FO indique qu’en province de nombreux mouvements sont en cours sur des revendications similaires et contre la fermeture de services d’urgence partielle ou totale comme c’est le cas à Bayonne, Remiremont (88), Châlons-en-Champagne (51), Angers, et Carhaix…
Il profite de la présence de certaines fédérations syndicales de la Santé, qui sont venues soutenir le mouvement de grève initié depuis quinze jours, pour « appeler les camarades des fédérations qui sont là à organiser les assemblées générales dès demain, d’aider les syndicats en intersyndicale qui sont dans les autres hôpitaux de l’AP-HP pour décider des revendications, poser les piquets, et dire : maintenant ça suffit, on n’en veut plus de cette politique, à bas la politique de Macron ! »
L’appui des élus de La France insoumise
Pour La France insoumise, sont intervenus Aurélien Saintoul, député LFI de la 11ᵉ circonscription des Hauts-de-Seine, Christophe Prudhomme, médecin et conseiller régional Ile-de-France LFI. Un message de soutien d’Éric Coquerel a été apporté par sa suppléante Manon Monmirel. Christophe Prudhomme est revenu sur les falsifications du « on n’a pas d’argent » avancé par le gouvernement actuel et les différents gouvernements précédents, en indiquant notamment :
« L’essentiel des exonérations de cotisations sociales profite aux grandes entreprises qui ont fait près de 150 milliards d’euros de bénéfice. Il faut arrêter de nous dire qu’on coûte trop cher, qu’on est des fainéants, qu’on va nous mettre les 3 jours de carence… Ça suffit ! Parce qu’il faut le dire, il faut le dire au patient : là, on stigmatise un personnel dans le drame qui est survenu à Montpellier.
Qui va être condamné ? L’agent de régulation médicale et le médecin, alors que c’est le système qui entraîne ces dysfonctionnements qui sont la cause de morts injustifiées ! On ne servira pas de boucs émissaires, ce n’est pas nous les responsables ! Les responsables, ce sont les politiques meurtrières de Macron et des différents ministres de la Santé qui se sont succédé. Et maintenant, il va falloir qu’ils crachent du pognon pour qu’on puisse travailler dans de bonnes conditions ! »
Manon Monmirel a dénoncé notamment : « Il faut en finir avec la politique d’exonération massive qui prive chaque année de 80 milliards notre système de protection sociale ; cela provoque une fiscalisation de notre Sécurité sociale et à terme sa remise en question. La vérité vous le savez, c’est qu’Emmanuel Macron veut renflouer les caisses en continuant d’enrichir les intérêts privés des ultrariches et faisant la peau des services publics qui œuvrent pour l’intérêt général. »
« Ici, comme à l’Assemblée nationale, il faut en passer par le rapport de force »
Aurélien Saintoul a apporté le soutien des élus de la France Insoumise. Il indique que le texte concernant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS, en cours de discussion à l’Assemblée nationale) « n’est pas acceptable ».
« Il y en a marre de l’humiliation, il y en a marre de prendre les salariés, les agents et les patients pour des variables d’ajustement de ce système (…). Certains (au gouvernement) étaient en train d’organiser la ruine, ça a été dit avant moi, ils ont décidé délibérément d’empêcher le financement, notamment dans la branche maladie, car ils ont décidé de casser ce système, ce système qui repose sur la solidarité. Ils espèrent justifier la privatisation de la Sécurité sociale. La bataille, il faut la mener ici, nous la menons à l’Assemblée nationale, (…) il faut en passer par le rapport de force. C’est ce rapport de force qui nous permettra d’aboutir. »
Forts de la réussite de ce rassemblement, les personnels avec leurs organisations syndicales invitent la population à passer régulièrement au piquet de grève. Ils annoncent la tenue de leur prochaine assemblée générale la semaine prochaine.