Pourquoi vouloir sortir des énergies fossiles et du nucléaire ? Si la réponse à cette question peut sembler évidente à certains aspects et plus flous à d’autres, le fait de la poser permet de comprendre pourquoi cette sortie est urgente, mais également heureuse et désirable. Reconnaître que nous vivons sur une planète dont les limites sont connues, déterminées et en danger, doit nous faire trouver les moyens de vivre sans obérer le droit des générations futures. Cela nous amène logiquement à réfléchir à comment sortir des énergies fossiles et du nucléaire. Cette unique raison rend cette sortie désirable, non ? Notre article.
Un article du Groupe Thématique Énergie LFI.
Nucléaire / Énergies fossiles : pourquoi en sortir ?
Les énergies fossiles sont de grandes productrices de gaz à effet de serre, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut absolument les réduire pour garantir la viabilité de notre planète aux générations futures. Il est nécessaire de rappeler que si le nucléaire n’est pas une énergie fossile au sens strict du terme (décomposition de matière animale ou végétale), il n’en est pas moins limité que les énergies fossiles.
Les conditions sociales et environnementales d’extraction de l’Uranium sont scandaleuses et s’apparentent à du néo-colonialisme indéfendable. De plus, il n’existe pas d’exemple de pays ayant développé l’ensemble de la chaîne nécessaire à l’élaboration d’énergie électrique nucléaire sans avoir en parallèle développé l’arme nucléaire. Créant, au passage, des déchets extrêmement toxiques et dangereux tout le long de sa chaîne de production, qu’il soit civil ou militaire.
À cela s’ajoute, l’espoir de penser que dans un avenir plus ou moins proche, une organisation de la production et de la consommation énergétique, vertueuse, permettra de ne pas prendre plus à la Nature que ce qu’elle peut nous redonner, profitera à nos petits voir arrière-petits-enfants.
Dans cette perspective, ces générations n’auront alors plus d’intérêt à maintenir l’usage massif à ces technologies archaïques de réacteurs nucléaires. Ils feront autrement et ils feront mieux ! Alors, nous aurons été de cette (ces?) génération(s) égoïste(s), qui, pour satisfaire notre soif à surconsommer, laisserons gérer nos déchets productivistes à des dizaines et des dizaines(centaines ?) de générations futures qui subiront les affres des bénéfices dont ils n’auront jamais, eux, profité.
Encore une bonne raison de vouloir définitivement mettre fin à cette production. Savoir que nous laisserons à nos enfants une terre en bonne santé, viable et généreuse et un air plus respirable est une source de joie pour tous.
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Pourquoi sortir des énergies fossiles et du nucléaire est possible
Lors des différents sondages/enquêtes, la sortie des énergies fossiles ne fait pas débat et tout le monde s’accorde à dire que c’est possible, indispensable et à réaliser le plus rapidement possible. Concernant le nucléaire, la grande majorité des personnes interrogées qui disent ne pas vouloir s’en passer, expliquent leur position par le fait que ce ne serait pas possible sans perdre énormément en qualité de vie…
Précisons aussi que si l’on demandait à ces mêmes personnes de mettre la centrale nucléaire à côté de chez elles, leur avis ne serait pas le même. Un anglicisme existe pour qualifier cela : Le syndrome NIMBY (Not In My Back Yard) tout le monde veut de l’électricité, mais personne ne veut de centrales nucléaires, d’éolienne ou de mine de lithium à côté de chez lui. Tout le monde veut tout, mais personne ne veut du tout.
Mythe ou réalité ? Un scénario 100 % énergies renouvelables est-il possible ?
Le 3 octobre dernier, Greenpeace publiait un rapport très intéressant sur « le coût de la lenteur » : il prouve qu’investir la même somme d’argent dans un mix composé d’éolien et de photovoltaïque permettrait à horizon 2050, d’éviter 4 fois plus d’émissions de Gaz à effet de serre tout en produisant 3 fois plus d’électricité que de construire 6 nouveaux EPRs comme cela est prévu. Cet écart serait même exponentiel en cas de retard dans la construction, ne serait-ce que modéré de 2 ans. Car dans ce cas de figure, cela se traduirait par 8 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre évitées pour 5 fois plus d’électricité produite en faveur du mix 100 % énergies renouvelables.
Mais à en croire les partisans de l’atome, il semble que dans notre univers tout est susceptible à améliorations techniques et scientifiques, sauf les énergies renouvelables ! Pour ne prendre qu’un exemple, de 1991 à 2017 le premier parc éolien offshore au monde, au large du Danemark, exploitait des éoliennes d’une puissance unitaire de 0,45 Mégawatt, le 10 Octobre 2023, au large du Yorkshire, la première éolienne de type Haliade-X vient de produire ses premiers kilowatts sur le réseau électrique britannique, celle-ci a une puissance unitaire de 12 à 14 Mégawatts soit 30 fois plus que les premiers modèles du parc Danois.
Ce sont bien les améliorations techniques d’aujourd’hui, qui nous permettent des productions qui n’étaient pas possibles hier ! RTE (Réseau de Transport d’Électricité), ou encore l’ADEME, l’organe gouvernemental, proposent plusieurs scénarios 100 % énergies renouvelables.
De nombreux opposants à cette bifurcation utilisent ces études en ne regardant que le côté économique de ce passage aux « 100% Renouvelables », mais l’urgence climatique ne peut pas se permettre cette fuite en avant, cette course au PIB ! Cela conforte l’idée fausse du paradigme capitaliste d’une croissance infinie et d’une consommation inchangée. Que ce soit par des émissions de gaz à effet de serre, que ce soit par une dégradation de l’espace de vie ou de la vie elle-même, la croissance économique est indubitablement associée à une dégradation de l’environnement.
À la différence des autres gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone (CO2) est le cœur de notre développement et c’est pour cette raison qu’il est aussi difficile pour nous de nous en échapper. Cependant, si les marqueurs de développement privilégiés étaient la qualité de vie de toutes et tous au lieu des marqueurs de quantité à consommer, il serait possible de décroître et de bien vivre.
Ces études officielles, que personne ne conteste, concluent qu’il faut agir sur la consommation grâce à l’efficacité énergétique, à commencer par la rénovation des bâtis, qu’il faut adopter des modes de vie et d’usages plus sobres, indispensables pour atteindre les objectifs climatiques. En rappelant que la sobriété n’est pas la privation, mais l’intelligence de l’usage. Privilégiant l’accomplissement des besoins essentiels et communs, au détriment des besoins superficiels qui nous coûtent tant.
Cela constitue un véritable projet de société. Ces scénarios nous rappellent que notre consommation d’énergie finale va baisser, mais que celle d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles. Et quel que soit le scénario choisi, il y a urgence à se mobiliser ! Atteindre la neutralité carbone en 2050 est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables.
Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires implique des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques. Les scénarios « 100% renouvelable » nécessitent… une inflexion très importante des rythmes de développement. Ces décisions doivent être prises de concert avec les populations et non à leur encontre. Cette participation à la vie démocratique stimule et encourage la compréhension des enjeux déterminants. Nous l’avons constaté chaque fois que ce processus a été permis.
Le stockage hydraulique, de biogaz, le pilotage de la demande et les batteries constituent des solutions pertinentes pour gérer des fluctuations à l’échelle de la journée, de la semaine voire des saisons entre elles. La transformation du système électrique doit intégrer dès à présent les conséquences probables du changement climatique, notamment sur les ressources en eau, les vagues de chaleur ou les régimes de vent.
Donc même si ces organismes ne préconisent pas particulièrement ces scénarios « 100% Renouvelables », et c’est normal ce n’est pas leur rôle, leurs études montrent que oui, c’est possible si on le veut ! Ce tournant ne se fera que si des décisions politiques fortes sont prises, si des moyens humains et financiers sont alloués pour cette bifurcation écologique. Il est nécessaire pour cela, d’avoir et d’user de courage politique.
Par le Groupe thématique Énergie LFI
Crédits photo : Dugornay Olivier (2011), Parc d’éoliennes offshore (série 2/5), Ifremer, CC BY 4.0, pas de modifications apportées.