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Les 10 raisons pour lesquelles Éric Zemmour déteste la France

« Allez Monsieur le Premier ministre, Michel Barnier, c’est le moment de tenir vos promesses ! ». Après la nomination du nouveau locataire de Matignon, Marion Maréchal Le Pen n’a pas caché son enthousiasme. L’homme de l’alliance de la droite et de l’extrême droite signifie l’ouverture des vannes et de tous les possibles pour l’extrême droite. La dernière trouvaille en date de Michel Barnier ? L’installation d’un « ministère de l’immigration ». Une idée pour le moment écarté après le tollé d’indignations mais qui confirme bien la feuille de route de Michel Barnier et de ce qu’il reste du camp macroniste.

Pour Zemmour et Marion Maréchal Le Pen, Barnier est donc un ami. A cette occasion, l’Insoumission vous reparle de ce nazillon en chef de CNEWS s’étant doté d’une milice fasciste, le « Groupe de Sécurité de Reconquête » et vous livre les 10 raisons pour lesquelles Éric Zemmour déteste la patrie commune. Il peut prétendre le contraire en se présentant comme défenseur de la « civilisation occidentale », de la « France éternelle », mais il fantasme une France qui n’a jamais existé. Sa seule passion ? Déverser sa haine de tout qui est différent de lui. Le chouchou de Vincent Bolloré et ex-candidat à l’élection présidentielle a été condamné pour plusieurs motifs : « provocation à la haine » et « injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur origine », « injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur origine » ou encore « provocation à la haine religieuse ».

Il est temps d’expliquer pourquoi ce multirécidiviste déteste en réalité le pays qu’il prétend défendre. L’occasion nous est donné, au lendemain des Universités de son parti, au bilan décrépi, désormais sans sénateur et sans aucun député. Notre article.

1/ Éric Zemmour déteste le football, l’équipe de France et ce qu’elle représente

Le foot serait un des derniers espaces où le «patriotisme» est «autorisé». Mais la France « black-blanc-beur » de la coupe du monde de 1998 ne correspond pas aux idéaux d’Éric Zemmour. La thèse est comme toujours celle de l’invasion du football par les jeunes des cités, musulmans, « caïds » aux « mœurs violentes » qu’il évoquedans le Suicide Français.

En 2021, sur France 2, il déclare «Imaginez une équipe du Japon avec huit blancs, une équipe du Sénégal avec huit blancs… Que penseraient les Sénégalais ? On a le droit de se poser la question, il n’y a pas de question taboue. Pourquoi doit-on dire qu’à Sciences Po il y a trop de blancs, pourquoi n’a-t-on pas le droit d’interroger sur le nombre de noirs en équipe de France ? Toute la presse mondiale se pose la question.» Lors de cette émission, il affirme qu’il aurait préféré que Zinédine Zidane s’appelle Jean Zidane.

Quant au football féminin, c’est bien pire : «Le pire serait d’avouer qu’on n’a pas envie de voir des filles en crampons, qu’on a une autre idée de la féminité ». Pas d’émancipation par le foot, mais surtout pas d’émancipation du tout. Chacun à sa place, les femmes à la cuisine et en talons, les jeunes dans les cités.

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2/ Éric Zemmour déteste la culture française, et surtout le rap

Comme pour la place des femmes, concernant l’art et la culture en général, Éric Zemmour est tourné vers le passé. Il écoute les chansons françaises au prisme de ses obsessions en matière d’immigration, critiquant par exemple les chansons « Né quelque part » de Maxime Le Forestie pour leurs messages opposés au racisme et à la xénophobie supposée des Français.

Il fait de même pour le cinéma, dénigrant la palme d’or remise au film de Jacques Audiard, Dheepan, en 2015, « comme si les stars d’Hollywood goûtaient particulièrement ce délicieux politically correct, si frenchie, qui se penche avec une compassion sociologisante sur les immigrés et leurs enfants, les chômeurs de plus de 50 ans ou l’amour entre femmes ». 

Depuis 2008, Éric Zemmour s’acharne sur le rap. En 2008, à propos de l’écriture de Grand Corps Malade, il parle d’une « déculturation profonde des générations ». Un an plus tard, il qualifie le rap de « sous-culture d’analphabètes« , et récidive en 2018 sur CNews « Je maintiens que c’est un sous-art. Si ça ne vous plaît pas, c’est le même prix, j’ai le droit de dire que c’est nul ». 

En 2009, le rappeur Youssoupha dans le morceau « À force de le dire » chante « Je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour ». Ce dernier porte plainte pour « menaces de crimes et injure publique », en appel Youssoupha est relaxé. La justice estime que ses paroles « n’excédaient pas les limites admissibles en matière de liberté d’expression artistique ». 

3/ Éric Zemmour déteste les femmes et le féminisme

Paru en 2006, Le premier sexe, fine allusion au Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, est selon Éric Zemmour « un traité de savoir-vivre viril à l’usage de jeunes générations féminisées ». Il affirme que « la virilité va de pair avec la violence » et que « l’homme est un prédateur sexuel, un conquérant ». Il remet en question le partage des tâches du foyer entre hommes et femmes : « dans la société traditionnelle, dominée par les valeurs masculines, la femme souffre sans comprendre, mais accepte son sort. Son destin ». Il estime que les hommes sont aujourd’hui victimes du « totalitarisme féministe ». 

Noémie Lair de la rédaction numérique de France Inter a établi un florilège des déclarations sexistes d’Éric Zemmour, elles sont légion. Il distingue par exemple « des valeurs féminines et des valeurs masculines qui sont accolées aux femmes et aux hommes ». Les valeurs féminines sont, selon lui, « la paix, le consensus, la conciliation ». Si les femmes prennent du pouvoir, c’est bien entendu négatif : « comme c’est le cas depuis 20 ans, les féministes nous disent que c’est formidable et que la société va être mieux, moi je dis non, c’est une catastrophe pour la société quand ces valeurs féminines dominent » (France Inter).

Quinze ans après, dans son livre La France n’a pas dit son dernier mot publié en 2022, il écrit encore que « les femmes sont le but et butin de tout homme doué qui aspire à grimper dans la société ». Comme tout mouvement de libération ou d’émancipation, il dénigre #Metoo : « #Metoo ce n’est pas un mouvement de libération de la parole comme vous le dites. C’est un mouvement d’éradication de l’homme. Je suis désolé de vous le dire ».

Le nazillon défend les hommes accusés d’agressions sexuelles, déclarant ainsi que l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, « c’est une castration de tous les hommes français. Le séducteur est devenu un violeur, le conquérant un coupable ». Rappelons que dans une enquête vidéo publiée par Mediapart, huit femmes accusent Éric Zemmour de comportements inappropriés et d’agressions sexuelles pour des faits présumés allant de 1999 à 2019. 

4/ Eric Zemmour ne veut rien faire pour protéger les paysages français menacés par le réchauffement climatique

Climatosceptique avéré, il interroge la réalité du changement climatique. En 2019, il compare le réchauffement climatique à une nouvelle religion. Les climatosceptiques seraient « excommuniés comme jadis les libertins athées » et « toute contestation rationnelle bannie » sous l’effet d’une « machine de propagande bien huilée ».

Il minimise le rôle de la France dans le dérèglement climatique : « Pour le climat, la France n’a qu’un rôle marginal dans cette histoire », accentuant en revanche celui des pays moins émetteurs de CO2 : « Le problème, c’est la démographie et l’explosion de la natalité en Afrique et en Asie. »

Comme le rappelle Reporterre, pour une vision réaliste de l’empreinte carbone de la France, il faut inclure les émissions « importées », c’est-à-dire les émissions générées à l’étranger pour créer des produits et des services consommés en France. En 2018 l’empreinte carbone « complète » d’un habitant de la France est de 11,5 tonnes d’équivalent CO2 par habitant, bien plus que la moyenne mondiale, de 7,5 tonnes d’équivalent CO2 par personne.

Il faut aussi inclure les émissions historiques, le dioxyde de carbone persistant pendant une centaine d’années dans l’atmosphère. « Le facteur dominant dans l’évolution du climat, c’est le cumul des émissions passées, présentes et futures de CO2 » comme l’explicite Valérie Masson-Delmotte.

Éric Zemmour confond climat et météo lorsqu’il s’exprime en 2021 : « Je trouve toujours curieux que des scientifiques nous expliquent qu’une augmentation de température de 1,5 °C provoque des catastrophes absolument apocalyptiques et incalculables et que l’Homme ne s’adaptera jamais à ça, alors que l’Homme est depuis des millions d’années la seule espèce qui s’adapte à toutes les températures ».

Cette position est typique du climato-scepticisme : quoi qu’il advienne nous nous adapterons ou trouverons des solutions techniques au changement climatique. Mais, une augmentation de 1,5 °C de la température globale ne signifie pas qu’il fera simplement 21,5 °C au lieu de 20 °C, le système climatique dans son ensemble sera durablement bouleversé. « Pour chaque incrément de réchauffement supplémentaire, les fréquences et intensités des extrêmes augmentent de manière très nette », rappelle à Reporterre la climatologue Valérie Masson-Delmotte.

5/ Éric Zemmour déteste l’école de la République

L’école publique serait le lieu d’un « grand endoctrinement » des élèves. Selon Éric Zemmour, la « propagande LGBT et anti raciste ont table ouverte à l’Éducation nationale depuis des années voire des décennies ». Dans son livre Le premier sexe, il revient même sur la mixité à l’école : « La mixité généralisée de tous les espaces (jusqu’aux stades de football) mais surtout à l’école anesthésie la virilité des petits d’hommes qui ont besoin de s’arracher à leur mère et à ses clones (toutes les autres femmes) pour trouver leur vérité virile. Nous vivons une époque de mixité totalitaire, castratrice ». 

Dans son programme de 2021, il entend créer “un grand ministère de l’Instruction publique” pour refonder l’école avec entre autres le rétablissement du certificat d’études à la fin du primaire, la fin du collège unique en instituant des classes de niveau ou encore le port de la blouse”. Il veut bien entendu suspendre les allocations familiales des parents des élèves perturbateurs.

Une série de mesures qui relèvent « d’une vision fantasmée du passé » observe pour Le HuffPost Claude Lelièvre, historien de l’éducation : “Son programme repose sur deux aspects : une envie de restauration et une forme de tri, ou de séparation, entre les uns et les autres. Or, tout cela se base sur une mythologie, une vision fantasmée d’une école qui n’a jamais existé. (…) c’est une vision très idéologique de l’école, alors qu’il promet justement de préserver l’école des propagandes idéologiques”.

En novembre 2023, le sénateur Reconquête Stéphane Ravier (désormais ex-Reconquête) invite le réseau Parents Vigilants à organiser un colloque au Sénat. Lancé par Éric Zemmour, ce collectif affirme lutter contre les dérives supposées du « wokisme » à l’école.

Pour aller plus loin : Délation, harcèlement et menaces de mort : les méthodes ignobles de l’extrême droite contre une enseignante

Les actions de ce réseau peuvent être violentes à Valenciennes, une enseignante a subi des menaces pour avoir envisagé une sortie avec ses élèves autour de la question des migrations à Calais. En Vendée, des manifestations ont perturbé la vie d’un établissement scolaire accueillant Cédric Herrou, soutien des populations exilées. « Parents vigilants a opté pour des pratiques dangereuses pour nos collègues », ont alerté des organisations syndicales dans une lettre adressée au ministre de l’éducation nationale.

Le réseau d’extrême droite s’articule autour des obsessions d’Éric Zemmour : la supposée baisse du niveau des élèves et des professeurs, la lutte contre la « propagande islamo-gauchiste » et l’éducation à la sexualité. En mars 2023, le journal Causeur avait proposé un dossier sur la « rééducation nationale », où Éric Zemmour revenait sur sa stratégie de lutte contre le « grand endoctrinement », « toute une génération est prise en tenaille entre wokisme et islamisme ».

6/ Éric Zemmour déteste le système français de protection sociale

Pour incarner la priorité nationale, le polémiste Zemmour propose de supprimer les allocations de solidarité pour les étrangers extra-européens : allocations logement, allocations familiales, minimum vieillesse, RSA. Il veut rétablir l’universalité des allocations familiales pour qu’elles ne soient plus versées sous conditions de ressources.

Comme au RN, le principe est de prendre l’argent versé aux étrangers pour le « rendre aux Français ». Pas de « démagogie » payée « avec leurs impôts et leur dette », promet-il en dénonçant « le poids » de la protection sociale. Cette promesse se heurte au droit constitutionnel, la solidarité n’est pas « nationale » au sens où elle exclurait d’emblée les étrangers ; il s’agit de la solidarité de la nation à l’égard de tout résident en France face aux risques sociaux. 

Zemmour se fait remarquer en 2021 à propos de l’hôpital public « Je pense que l’hôpital est complètement assiégé par une population venue du monde entier, qu’il est obligé de soigner à nos frais. Je pense que c’est une des premières mesures à prendre, c’est à dire supprimer l’AME », « Il y a du boulot pour que l’hôpital français cesse d’être l’hôpital de toute l’Afrique ».

À cela, de nombreux médecins réagissent rappelant que « L’hôpital est essoré par des politiques et une idéologie ultra-libérale qui cassent le service public », et que des médecins du monde entier étaient soignants à l’hôpital : « À l’hôpital, vous êtes soigné par des médecins du monde entier. Pas seulement à cause du numerus clausus, mais aussi parce que les gardes sont dures et mal payées« .

Rappelons qu’en 2020, l’aide médicale de l’État n’a représenté que 0,4 % des dépenses de santé de la France.

7/ Éric Zemmour déteste l’Égalité et déteste les pauvres

Lors de son meeting de Villepinte en décembre 2021, la liste des 1000 VIP faisait ressortir essentiellement des hommes (80% des invités), de la grande bourgeoisie et des catégories sociales favorisées. Pour financer sa campagne, Éric Zemmour s’est appuyé sur des grands donateurs, essentiellement cadres dans des banques, fonds d’investissement, cabinets de conseil, groupes industriels. Entre mai et novembre 2021, une série de dîners de levée de fonds ont été organisés. Le polémiste juge l’ISF confiscatoire et ne compte pas le rétablir.  

8/ Éric Zemmour déteste le logement social

« Le grand remplacement’ touche toute la France. Les nuisances de l’immigration touchent toute la France. Il y a une insécurité folle aujourd’hui même dans les zones rurales. » Il lie logement social et immigration, et souhaite donc supprimer la loi SRU. « Cette loi qui oblige toutes les villes à faire du logement social à 25% essaime l’immigration ». La loi SRU, votée en 2000, impose notamment aux communes un quota minimum de logements sociaux. Il considère le parc de logements sociaux « trop important en France », se basant comme souvent sur des données erronées. 

En 2021, 80% des bénéficiaires de logements sociaux sont des foyers français et 20% sont des étrangers, dont 18% extra-européens, tous en situation régulière, selon l’Insee. Ces chiffres sont stables depuis 20 ans, date de la création de la loi SRU, selon le Ministère de la transition écologique, en charge du logement. 

9/ Éric Zemmour déteste l’histoire de la France et ses historiens

Dans la lignée des auteurs d’extrême-droite il utilise l’histoire pour servir son projet politique en distinguant une « véritable histoire » face à une autre histoire qui ne serait qu’une « propagande » visant à déconstruire l’identité française. Selon les termes du collectif d’historiennes et historiens qui décortiquent ses mensonges, cette histoire est « déformée, biaisée, marquée par une obsession identitaire et par l’exaltation de la violence, souvent au prix d’erreurs, de contresens ou de purs mensonges », dans l’ouvrage Zemmour contre l’histoire (Gallimard).

Par exemple, « Rome ne tombe pas face aux Barbares ». Éric Zemmour critique Rome pour avoir accueilli les Barbares pour des « raisons humanitaires », un anachronisme, et rend les Barbares responsables de la chute de Rome : un vieux fantasme qui ne correspond pas à la réalité des faits. Les relations entre Rome et les différents peuples vus alors comme des «barbares» sont très anciennes, faites d’intérêts réciproques, et la chute de l’empire romain d’Occident s’explique par de multiples facteurs.

Autre exemple, « Les victimes ne sont pas des bourreaux ». Éric Zemmour légitime les violences commises contre les protestants durant la Saint-Barthélemy, en faisant du massacre une réponse à l’arrogance de ces derniers, décrits comme une minorité dangereuse et fondamentaliste menaçant le Royaume de France, ce qu’ils n’étaient pas. La comparaison avec les musulmans d’aujourd’hui est explicite et invite à la violence.

Éric Zemmour déteste la démocratie et la paix

Cécile Alduy, dans La Langue de Zemmour (2021, Seuil), dissèque le vocabulaire employé dans ses livres par l’essayiste. Selon elle, d’un point de vue idéologique, Zemmour, influencé par des auteurs contre-révolutionnaires place la France, la nation au-dessus des institutions, ce qui pose problème pour un candidat à la présidence de la République.

Sa langue est anti-démocratique dans le sens où elle clôt tout débat à l’avance, elle établit des vérités absolues et interdit aux adversaires le droit à la parole. Elle relève qu’un procédé qu’il utilise massivement est la répétition qui crée un effet de vérité, qui banalise et normalise des termes toxiques comme celui de « grand remplacement ». 

D’après Cécile Alduy, il « exténue le langage et assèche les cœurs ». Il empêche de voir les personnes derrière les catégories, empêche la réflexion et l’empathie. La définition de l’étranger est ainsi essentialisante, elle sépare les bons français de longue date de tous les autres, dans la lignée de l’extrême-droite de la fin du 19ème siècle et des années 1930. L’existence même d’un étranger est une menace. 

Sa vision du monde est toujours ramenée à une histoire de vainqueurs et de vaincus, sans démocratie possible, il s’agit de conquête et de domination. Le mot guerre est le troisième mot le plus utilisé dans ses livres. Toutes les relations sociales sont conçues comme une lutte et un rapport de force. Tout est conquête et esprit de domination. La notion d’égalité n’a pas lieu. Par exemple, si la France a été colonisatrice, elle ne peut que devenir colonisée, si les femmes ont été dominées, elles sont devenues dominantes… Ce sont des dynamiques de lutte pour la survie et la domination. Pas étonnant que le mouvement se nomme Reconquête.

Par S.C.