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Lucie Castets ciblée par des propos lesbophobes sur CNEWS, LFI saisit l’ARCOM

Lucie Castets insultée sur CNEWS. Les plateaux de la chaine de Bolloré, on le sait, sont le dépotoir de l’éditorialisme français depuis des années. Sur le plateau de Pascal Praud en particulier, on voit se succéder toute sorte de « journalistes », d’« experts », de toutologues, spécialistes de tout, en réalité connaisseurs en rien. La particularité de CNews par rapport aux autres chaînes d’info en continu (du moins, elle les surclasse toutes dans ce domaine) est que ces plateaux de « débats » sont en fait un concours à qui sera le plus raciste, le plus réactionnaire, le plus d’extrême droite… ou le plus homophobe. Dans ce cas, lesbophobe plus précisément.

Ce 30 août 2024, sur le plateau de L’heure des Pros, animée par Pascal Praud, l’écrivain d’extrême droite Richard Millet n’a pas manqué à son devoir de crapulerie homophobe. Et pas contre n’importe qui. Contre la candidate du Nouveau Front Populaire (NFP) au poste de Première ministre, Lucie Castets ! Notre brève.

Richard Millet, un habitué de l’immonde

Lors de l’émission de Pascal Praud du 30 août 2024, l’écrivain et éditeur réactionnaire Richard Millet intervient sur la composition d’un futur gouvernement. Et à propos de la candidate du NFP Lucie Castets, il dit ceci : « Qui c’est cette femme ? Une inconnue, sexuellement incorrecte en plus ! Tout ça va ensemble. Qui est de gauche, enfin, vous voyez… ». Le monde médiatique est merveilleux : il permet, en 2024, de tenir des propos qu’on aurait pu entendre dans les années 1950 ! Plus sérieusement, voilà Lucie Castets ramenée à sa sexualité « incorrecte » car : 1) elle est une femme, 2) elle vit avec une autre femme.

Cette « analyse » est suivie d’un silence gêné des autres chroniqueurs de l’émission, pendant que Pascal Praud bafouille quelque chose sur son « rôle de modérateur ». « C’est votre analyse, conclut-il, je ne veux pas la contredire », « vous avez une liberté de ton ». Sur CNews, l’homophobie est donc une simple « analyse », que l’animateur de l’émission « ne veut pas » contredire. Richard Millet n’est pas à son premier coup dans « l’analyse » politique de haut vol.

L’eurodéputée Insoumise Emma Fourreau l’a rappelé dans un post sur Twitter : Richard Millet s’est distingué, en 2012, par son Éloge littéraire d’Anders Breivik. Breivik est un terroriste d’extrême droite norvégien, coupable des attentats d’Utoya en 2011 qui ont coûté la vie à 77 personnes.

Lors du procès, Breivik a assumé être un néonazi, un suprémaciste blanc. Et Richard Millet de prétendre qu’il est à la fois « bourreau et victime », de « l’islamisation de l’Europe, du multiculturalisme »… En fin de compte, Millet déplore la tuerie de Breivik presque moins pour les victimes que parce qu’elle a gâché le talent littéraire du terroriste néonazi. Quoi qu’il en soit, rien qui n’empêche Pascal Praud et la chaîne CNews de voler au secours de leur invité.

Pour aller plus loin : Le rapport Saintoul sur la TNT qui fait vaciller Bolloré

Pascal Praud défend (mal) son chroniqueur

L’extrait de la remarque homophobe de Millet ne manque pas de faire le tour des réseaux sociaux. Rapidement, CNews et les autres médias de Bolloré tentent de faire circuler leur version de l’histoire. Loin de ce que la chaîne appelle une « version tronquée », CNews partage la « séquence dans son intégralité » sur son compte X.

L’extrait vidéo est immédiatement relayé par Pascal Praud qui défend Miller, à qui on aurait « prêté des pensées qu’il n’a pas ». Sauf que, même en regardant la séquence « complète », rien n’atténue l’homophobie des propos de Millet. Ce dernier développe que Lucie Castets serait « bien orientée [sexuellement] selon les normes du nouveau monde ». En quoi cela diminue le caractère lesbophobe de sa première phrase ? Cela suffit en tout cas à Pascal Praud, qui salue la « liberté de ton » de son intervenant.

LFI condamne CNEWS et saisit l’ARCOM

Face à ce passage lunaire d’homophobie, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Les députées insoumises Mathilde Panot (présidente du groupe LFI-NFP à l’Assemblée Nationale) et Gabrielle Cathala ont annoncé saisir l’Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique (ARCOM).

Les propos de Richard Millet relèvent selon elles de « l’incitation à la haine en raison de l’orientation sexuelle ». Et qui peut leur donner tort ? Comment ne pas voir dans cet énième épisode d’intolérance sur la chaîne de Bolloré la preuve que L’heure des Pros est bel et bien le caniveau du paysage audiovisuel français ?

Par Alexis Poyard