« Aucun problème n’est réglé pour cette rentrée, le gouvernement n’a aucune légitimité à continuer » – Entretien avec Johanna Gaston, enseignante et syndicaliste

Rentrée. L’Insoumission et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières. Ces derniers mois, une mobilisation inédite a vu le jour pour « sauver l’école publique ». Main dans la main, […]

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Rentrée. L’Insoumission et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.

Ces derniers mois, une mobilisation inédite a vu le jour pour « sauver l’école publique ». Main dans la main, enseignants, parents d’élèves et syndicats se sont organisés contre la réforme du « choc des savoirs » qui organise un « tri social des élèves empêchant toute progression » (FCPE). Des liens se sont tissés entre enseignants et parents et « seront utiles pour l’année à venir » selon Johanna Gaston, enseignant et syndicaliste dans l’Essonne.

Et pour cause, l’obstination d’Emmanuel Macron à refuser la victoire du NFP bloque toute perspective de rupture et a empêché la coalition d’instaurer « l’école réellement gratuite » pour cette rentrée de septembre, à savoir la gratuité des fournitures scolaires et autres coûts concrets de l’école qu’assume chaque famille la boule au ventre. Une nouvelle rentrée explosive en pleine crise de régime. Des établissements ont déjà déposé des préavis de grève pour le 1er septembre. Notre entretien avec Johanna Gaston, enseignante en collège et syndicaliste FO dans l’Essonne.

La rentrée scolaire approche, dans quelles conditions va-t-elle se réaliser ?

Dans mon collège, on a alerté dès le mois de janvier 2024 que les deux fermetures de classes prévues n’étaient pas possibles au vu du nombre d’élèves. Malgré notre mobilisation, ils ont maintenu les deux fermetures pour pouvoir nous supprimer des heures et on a appris en juillet, juste avant le départ en vacances, qu’ils allaient finalement rouvrir une classe mais sans nous rendre toutes les heures supprimées ! La rentrée va donc être extrêmement tendue. Sans parler des groupes de niveaux qu’ils voudraient faire revenir sur le tapis.

Dans le département, c’est un peu pareil : tout est fait pour pousser les collègues déjà épuisés à prendre des heures supplémentaires au-delà du raisonnable. Même les parents d’élèves se rendent compte de l’arnaque de Macron qui promettait « un prof devant chaque classe ». Résultat, l’année passée, les parents ont été aux côtés des enseignants pour exiger des ouvertures de postes et de classe et on a tissé des liens importants qui vont nous être utiles cette année.

Et peut-être dès la rentrée ! Pour la troisième année consécutive, 600 élèves n’ont pas eu d’affectation en lycée faute de place ! Début juillet, le représentant de la FCPE nous alertait sur le fait qu’ils étaient 3200… Il y a donc 2600 élèves qui ont été placés dans des filières qu’ils n’ont pas choisies en plein cœur de l’été, ou dans des lycées éloignés de chez eux, ou dans une classe « avenir » pour « réfléchir » à un autre projet professionnel parmi les filières qui ont encore quelques places, ou, pour ceux qui avaient déjà 16 ans, brutalement sortis du système scolaire.

Le pire, c’est qu’on essaye de leur faire croire que s’ils n’ont pas eu de place, c’est parce qu’ils n’ont pas assez travaillé. Mais ce n’est pas cela l’école, ce n’est pas la mise en concurrence des élèves pour l’accès au lycée. Macron tente de rejeter sa responsabilité sur les élèves, les familles et les enseignants, mais personne n’est dupe : ce sont les milliers de suppressions de postes qu’il a orchestrées qui ont conduit à cette situation dramatique.

Entre février et juin, la mobilisation contre le « choc des savoirs » et ses groupes de niveau, pour les postes, les classes, a été très importante en Seine-Saint-Denis mais aussi dans beaucoup d’endroits en France. Et en Essonne ?

En Essonne aussi, la mobilisation a été très importante : des assemblées générales d’établissements et de ville se sont tenues par dizaines, réunissant des centaines de collègues et de parents d’élèves. La dernière assemblée générale départementale a réuni une centaine d’enseignants et de parents, qui étaient mandatés par leurs collègues pour prendre la parole et faire des propositions. Ainsi 44 établissements étaient représentés et plusieurs actions ont été mises en œuvre avec succès. Pour exemple, la journée « établissements déserts » a mobilisé entre 70% et 100% des parents et des enseignants dans plus d’une trentaine de collèges. Ils ont cherché à s’organiser, notamment en participant aux assemblées générales à Paris pour se lier avec les autres départements d’Ile-de-France. On n’avait jamais vu une telle mobilisation et on était ravis de mettre les moyens du syndicat au service de ces collègues et parents qui cherchaient à s’organiser ensemble pour gagner des postes, des classes et l’abrogation de la réforme.

Or, plusieurs syndicats ont tenté de reprendre la main, en proposant des actions « sur le long terme » et des initiatives qui ne posaient pas la question du blocage ce qui a considérablement affaibli la mobilisation.

Pour autant, cette période ne s’effacera pas d’un coup de baguette magique, les discussions stratégiques ont laissé des traces et les réseaux qui se sont créés ne manqueront pas d’être réactivés rapidement car aucun problème n’est réglé. Au contraire, Macron qui a été désavoué lors de deux élections consécutives, continue sa politique de destruction en maintenant toutes les réformes et toutes les mesures qui ont été rejetées par les enseignants et les parents avec leurs organisations (« Choc des savoirs », réforme du Bac, du lycée, de la voie professionnelle, Parcoursup…) et toutes les suppressions de postes et de classes.

Mais pour bon nombre de parents et d’enseignants qui ont combattu ces mesures l’année dernière, la coupe est pleine, et la rentrée s’annonce explosive. Des établissements nous ont déjà fait déposer des préavis de grève pour le 1er septembre, au cas où !

L’illégitimité du gouvernement ne serait-elle pas le signal que c’est le moment d’y aller ?

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Johanna Gaston, enseignante en collège et syndicaliste FO dans l’Essonne.

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