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Le Réseau Insoumis Antifasciste mobilisé contre le RN pour la rentrée des eurodéputés

RN. Mardi dernier, les députés européens ont fait leur rentrée, au siège du Parlement européen à Strasbourg. Parmi eux, les 30 eurodéputés du Rassemblement National (RN), dont certains ont fait leurs premiers pas en tant qu’élus. Le RN a en effet fait plusieurs « prises de guerre » pendant ces élections européennes, issues de la droite classique, du syndicalisme policier, ou encore un homme reconnu dans sa chasse aux migrants. Une distinction qui a coûté la vie à 30 000 personnes. Cet homme, c’est Fabrice Leggeri, lequel fut battu quelques jours plus tard par l’insoumis Younous Omarjee pour l’élection de la vice-présidence du Parlement. Pour l’occasion, le Réseau Insoumis Antifasciste a tenu à faire passer un message et à dénoncer le lourd bilan de M.Leggeri quand il était patron de FrontEx. Notre article.

Une banderole pour dénoncer la politique meurtrière de FrontEx

Devant le Parlement Européen de Strasbourg, des militants du Réseau Insoumis Antifasciste ont déployé une banderole sur laquelle il était écrit « Ici siège Fabrice Leggeri, ex-directeur de FrontEx, 30 000 morts en Méditerranée ». FrontEx, c’est l’agence européenne de gardes-frontières et gardes-côtes. Créée en 2004, elle est officiellement chargée des frontières de l’Union européenne et de l’espace Schengen.

Le bilan de Fabrice Leggeri à la tête de l’agence est particulièrement lourd et inhumain. En avril 2022, le rapport OLAF (Office européenne de la lutte antifraude, ndlr) a fait état de « refoulements » d’embarcations de migrants menées par FrontEx, sous la responsabilité de Leggeri, au large des côtes grecques et italiennes. Refouler des embarcations est illégal, car cela empêche d’examiner les demandes de protection des migrants. Leggeri est passé outre en aidant les autorités libyennes et grecques, en facilitant, voire en dissimulant les refoulements par les gardes-côtes.

Au total, ce sont 30 000 personnes qui ont perdu la vie entre 2014 et 2024, dont 16 000 lorsque Leggeri était en responsabilité (2015-2022). Lorsque le rapport OLAF est publié, Leggeri est poussé à la démission en avril 2022. En octobre de la même année, un communiqué de FrontEx désavoue les pratiques de son ancien directeur.

Depuis, et surtout pendant la campagne des élections européennes 2024, la stratégie de Leggeri et du RN est de construire un récit, même s’il ne correspond pas à la réalité. De nombreuses fois, Marine Le Pen et Jordan Bardella nous ont brossé le portrait d’un haut fonctionnaire dévoué, injustement renvoyé pour avoir fait son travail et osé dire la vérité sur la soi-disante « submersion migratoire »…

Pourtant, le 23 avril, un léger imprévu met à mal ce récit bien ficelé. La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et l’ONG Utopia 56 déposent une plainte contre Fabrice Leggeri pour « complicité de crimes contre l’humanité » et « complicité de torture », en se basant notamment sur le rapport OLAF et des enquêtes journalistiques. En cause, les soupçons selon lesquels Leggeri aurait « participé, soit en les facilitant, soit en les couvrant, au refoulement d’embarcations de migrants par les autorités grecques vers la Turquie ainsi qu’à des interceptions par les garde-côtes libyens d’embarcations de migrants qui tentaient de rejoindre l’Italie » (dixit Le Monde).

Pour aller plus loin : Frontex : une agence meurtrière anciennement dirigée par Fabrice Leggeri, candidat RN

Vice-présidence du Parlement Européen : Leggeri (RN) mis en échec par Younous Omarjee

Au moment où le lourd bilan de Leggeri était dénoncé devant le Parlement Européen, ce dernier élisait ses quatorze vice-présidents. Alors que le groupe Patriots for Europe, présidé par Jordan Bardella et co-présidé par un général italien nostalgique de Mussolini (nous en avions parlé ici), présentait Fabrice Leggeri à la vice-présidence, La Gauche présentait son propre candidat. Alors que Leggeri était lamentablement refoulé du poste de vice-président, c’est finalement l’Insoumis Younous Omarjee qui a été élu à ce poste. Celui qui est accusé de complicité de crimes contre l’humanité est battu par celui qui a fait reconnaître en 2020 l’esclavage comme crime contre l’humanité, tout un symbole.

Ce mardi 16 juillet, le Réseau Insoumis Antifasciste a dénoncé le bilan et la politique de Fabrice Leggeri en particulier, mais aussi celui de FrontEx en tant qu’agence européenne. Ce bilan a coûté la vie à 30 000 personnes en Méditerranée en en Mer Egée en dix ans. C’est en effet toute la politique migratoire européenne qu’il faut revoir : le dernier Pacte Asile et Immigration ne solutionne en rien les problèmes d’accueil et acte la dérive d’une Europe forteresse. L’insoumission.fr et le mouvement Insoumis dans sa globalité avait dénoncé avec force le vote de ce Pacte (adopté entre autres grâce aux voix des “sociaux”-”démocrates” européens).

Pour aller plus loin : LFI met en place son réseau antifasciste

Comme le rappelle l’Insoumis et antifasciste Allan Brunon à l’occasion du déploiement de la banderole devant le Parlement Européen, l’action du Réseau Insoumis Antifasciste de mardi a visé à rappeler « la liberté […] de se déplacer en fonction des circonstances extérieures ». Jamais on ne quitte son pays en guerre par plaisir. Jamais on ne se risque sur des routes terrestres et maritimes mortellement dangereuses par confort.

C’est donc toute la politique d’accueil des migrants qu’il nous faut revoir : l’enlisement des conflits en Afrique et au Moyen-Orient (du Soudan au Yémen en passant par Gaza) et les effets toujours plus forts du réchauffement climatique vont jeter des millions de personnes sur les routes. Ce drame humanitaire en perspective ne saurait être solutionné en posant toujours plus de barbelés et en refoulant plus d’embarcations. Et n’en déplaise à M. Leggeri et au RN, le Réseau Insoumis Antifasciste leur rappellera toujours le rôle qu’ils ont tenu, aux antipodes de nos engagements humanistes.

Par Alexis Poyard