186 000 Palestiniens ont été tués à Gaza, selon The Lancet, l’une des revues médicales les plus connues du monde. Soit près d’un Palestinien sur dix. Ce court texte a fait énormément parler de lui depuis sa publication, notamment sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas le cas en France, où les médias poursuivent leur ligne éditoriale d’invisibilisation des massacres commis par Benjamin Netanyahu.
Selon l’article publié dans la revue médicale britannique, 186 000 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre. Une multiplication par quatre du bilan officiel qui tient compte des « morts indirectes » : maladies, famine, conséquences des bombardements massifs. L’analyse de The Lancet est cohérente et rejoint celle des médecins revenus de Gaza, interrogés par L’insoumission. Dénonçant un génocide, ils expliquaient déjà en février 2024 pourquoi les chiffres diffusés sur les morts à Gaza sont très probablement sous-estimés. Nous y sommes. Ce matin par ailleurs, 29 Palestiniens ont été tués après une frappe israélienne sur une école. Notre article.
Une des revues médicales les plus connues du monde porte à près de 200 000 le nombre de Palestiniens tués à Gaza
« La revue médicale britannique The Lancet indique aujourd’hui que si la guerre s’arrêtait maintenant, le bilan à Gaza pourrait dépasser les 186 000 victimes palestiniennes, soit 7,9 % de la population du territoire palestinien. C’est un GÉNOCIDE. Stoppons-le », dénonce le député insoumis Thomas Portes. Le texte publié par The Lancet a pris tout le monde de court. Il était peu prévisible qu’une revue à la si haute réputation puisse tenir un tel discours. Près de 200 000 tués en Palestine, donc. Comment en arriver à un tel chiffre, alors que les derniers bilans pour les morts à Gaza tournaient autour de plus 40 000 tués par Tsahal ?
« Lors des conflits récents, le nombre de décès indirects est de trois à 15 fois supérieur au nombre de décès directs », peut-on lire dans l’article de la revue britannique, qui arrive au chiffre de 186 000 grâce à un facteur multiplicateur choisi dans une fourchette basse. « En appliquant une estimation prudente de quatre décès indirects pour un décès direct aux 37 396 décès signalés, il n’est pas invraisemblable d’estimer que jusqu’à 186 000 décès, voire plus, pourraient être imputables au conflit actuel à Gaza », concluent les auteurs. Soit 7,9 % de la population de Gaza, soit 2 375 259 personnes.
À terme, il est question de morts indirects, « compte tenu de l’intensité de ce conflit ; des infrastructures de soins de santé détruites ; de graves pénuries de nourriture, d’eau et d’abris ; l’incapacité de la population à fuir vers des lieux sûrs ; et la perte de financement de l’UNRWA, l’une des très rares organisations humanitaires encore actives dans la bande de Gaza », écrit The Lancet. « Même si le conflit prend fin immédiatement, expliquent les auteurs du texte, il y aura encore de nombreux décès indirects dans les mois et les années à venir, dus à des causes telles que les maladies reproductives, transmissibles et non transmissibles. »
Gaza meurt, le monde regarde (toujours) ailleurs… et le NFP peut changer la donne en France
Le génocide se poursuit en Palestine. Ceux qui faisaient semblant de s’y intéresser n’en parlent plus. En revanche, ceux qui ont appelé au cessez-le-feu dès octobre 2023 continuent de le dénoncer, comme les insoumis et Jean-Luc Mélenchon. La semaine dernière, L’insoumission relatait dans ses colonnes le témoignage d’une humanitaire de l’ONU, tout juste revenue de la bande de Gaza. « Gaza est maintenant un véritable enfer sur terre, il fait très chaud… Les ordures s’entassent partout, les gens vivent sous des bâches en plastique où les températures montent en flèche », raconte-t-elle pour ONU Info. Son témoignage sur l’« enfer sur terre » qu’est devenu Gaza est accablant.
Pour aller plus loin : « Enfer sur terre » : après son passage à Gaza, le témoignage poignant d’une humanitaire de l’ONU
Depuis octobre 2023, Emmanuel Macron a esquissé un ou deux appels au cessez-le-feu au Proche-Orient, d’une hypocrisie sans nom. En effet, sous son mandat, la France reste complice des massacres sur place, en continuant de vendre des armes à Israël. Sans parler du refus de reconnaître l’État de Palestine.
La victoire du Nouveau Front Populaire aux élections législatives anticipées ouvre une nouvelle perspective pour la politique de la France au Proche-Orient. Défendre le cessez-le-feu immédiat en Palestine, embargo sur les armes livrées à l’armée de Netanyahu, suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et plus largement se battre pour une paix durable au Proche-Orient. Des mesures à mettre en œuvre d’urgence, pour que la France retrouve sa place dans le camp de la paix.
Par Nadim Février