LFI. Une centaine de militants du Nouveau Front populaire, rejoints par le candidat Léo Métayer, sa suppléante Nahdjet Drissi, et par le député européen LFI Arash Saeidi, se sont retrouvés dans le quartier populaire de la Roseraie, à Angers. Après une journée de porte-à-porte et d’actions dans la circonscription, la journée a culminé par ce porte-à-porte géant dans le principal quartier de la ville. Avec 4 000 portes toquées, et un accueil chaleureux des habitants, la réussite de cet événement démontre la dynamique du Nouveau Front populaire, et l’efficacité de la machine de guerre insoumise en campagne électorale. Notre article.
Une longue journée d’action des militants LFI
Dès le matin, une vingtaine de militantes et militants parisiens de LFI, dont les circonscriptions ont été remportées haut la main dès le premier tour, ont pris un train pour se rendre à Angers.
Là-bas, ils y retrouvent Léo Métayer et Nahdjet Drissi, candidat et sa suppléante du Nouveau Front populaire dans la 2ᵉ circonscription du Maine-et-Loire, investis par LFI. Le candidat a en effet besoin de soutien : arrivé deuxième dans une triangulaire qui l’oppose à Ensemble en tête, et au Rassemblement national, troisième, il lui manque près de 3 000 voix pour égaler le score de la macroniste sortante, Stella Dupont. Il n’a pas de mots assez durs contre elle : « Elle se fait passer pour une candidate de gauche, mais elle a voté la Loi Darmanin, la réforme des retraites, les coupes austéritaires dans les budgets des services publics. »
Pour aller plus loin : Nouveau Front Populaire – Opération « Une semaine pour gagner »
Léo Métayer, militant à Générations, a été convaincu par la dynamique à laquelle il a assisté pendant la NUPES. Il a fait partie de ceux qui ont rejoint la liste de Manon Aubry lors des européennes, convaincu par la stratégie de l’Union populaire. Nahdjet, soignante, s’est rapprochée de la France insoumise puis du NFP lors des manifestations pour la fin du massacre à Gaza, dans lesquelles elle était très investie.
Les volontaires sont répartis avec des militants locaux dans différents groupes, et sur diverses communes et quartiers de la circonscription. Trélazé, Quantinière, les Ponts-de-Cé, et Justices Angers.
Aux Ponts-de-Cé, une petite commune à la périphérie d’Angers où se mélangent quartiers pavillonnaires et petits immeubles HLM, les militants enchainent les portes. Quelques portes s’ouvrent et donnent lieu à des discussions. Une jeune mère de famille prend le tract, mais regrette qu’elle ne puisse pas voter. La décision soudaine et brutale de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin ne lui a pas laissé le temps de s’inscrire sur les listes électorales.
Un jeune militant qui a rejoint la France insoumise après le 9 juin découvre le porte-à-porte, et raconte aux autres l’échange qu’il vient d’avoir avec un homme qui hésitait à voter RN. Dans une zone pavillonnaire, un retraité qui jardine vient prendre le tract en souriant. Il clame qu’il ne votera jamais pour Jordan Bardella : « C’est l’héritier de Jean-Marie Le Pen ! »
À la pause déjeuner à midi, de nouveaux militants locaux de LFI rejoignent les renforts arrivés tôt le matin. Certains se rencontrent, d’autres se retrouvent, comme ces quatre anciens étudiants lillois partis dans différentes villes, qui se re-croisent ici.
Certains expliquent ne pas vouloir apparaitre sur les photos, pour diverses raisons. L’un d’entre eux explique avoir posé plusieurs jours de congés pour venir faire campagne, et préfère rester prudent. Encore une preuve de la grandeur des militants de LFI, prêts à sacrifier leur temps libre pour venir tout donner dans la bataille.
Une centaine de militants LFI dans le quartier de la Roseraie
À 17 h 30, tous les groupes se rejoignent sur la Place Jean XXIII, place centrale du quartier prioritaire de La Roseraie. C’est un quartier populaire comme on en connaît tant dans les grandes villes : de grands immeubles construits dans les années 60, une population importante – un angevin sur six habite le quartier – et un taux élevé de chômage et de familles vivant sous le seuil de pauvreté. 26 000 habitants vivent dans ce quartier comptant 8 500 logements, dont une moitié de logements sociaux. Lors des dernières élections législatives, une grande partie s’était abstenue.
Ils sont plus d’une centaine sur la place : une cinquantaine venus en renforts, dont une vingtaine en train depuis Paris le matin, une dizaine venus des villes autour d’Angers… Ils se répartissent en plusieurs groupes, qui prennent chacun un secteur du quartier, eux-mêmes répartis en groupes de 3 ou 4 militants prenant chacun des cages d’escaliers.
L’accueil est particulièrement chaleureux : des jeunes prennent les tracts sur la place et dans les rues et restent discuter avec les militants. La plupart des portes s’ouvrent vite dès l’évocation des mots « France insoumise » et « Jean-Luc Mélenchon ». Un père de famille se dit déjà convaincu, et explique fièrement avoir pris la procuration de sa fille, partie étudier ailleurs.
Un homme accepte d’ouvrir « D’accord je vous ouvre, mais vous ne venez pas sonner à la porte 8, ça ne m’intéresse pas ». Évidemment, la première sonnette à retentir est celle de la porte 8. Un jeune père de famille ouvre la porte, d’abord exaspéré par cette insistance, puis intéressé par la discussion. Lui qui n’a jamais voté et dit vouloir « régler ses problèmes tout seul » admet qu’un gouvernement du Nouveau Front populaire pourrait l’aider à faire diminuer ses factures d’électricité et le montant de ses courses alimentaires. Il referme sa porte avec le tract en main, et quelques graines en tête.
La plupart des habitants sont convaincus par les idées de la France insoumise depuis longtemps. Toutefois, plusieurs personnes confessent ne pas avoir voté au premier tour. D’autres, qui se sont déplacé le 30 juin, n’avaient pas compris que le candidat du NFP s’était hissé au second tour, encore moins que le RN l’y avait rejoint. Ils iront sans faute, disent-ils.
Quelques rares électeurs du RN aussi, et les primo-militants de découvrir la difficulté d’essayer de convaincre des gens qui votent contre leurs intérêts, souvent mus par des motifs racistes.
En bas d’une tour, quatre jeunes interpellent des militants qui sortent d’un immeuble « Ça suffit pas de parler aux gens dans les tours, eux ils iront voter, il faut aussi parler aux gens qui trainent en bas, souvent ils ne savent pas qu’il y a un vote. Lui par exemple il s’est pas réveillé et il savait pas qu’il pouvait voter avec sa carte vitale ».
À 19h30, quand tous les groupes se retrouvent à nouveau sur la place centrale pour une dernière photo et une prise de parole du candidat, plus de 4000 portes ont été toquées.
Les résultats du 7 juillet nous diront si cette mobilisation aura permis de rattraper les quelques milliers de voix qui séparent Léo Métayer de l’Assemblée. Quoi qu’il en soit, ces milliers de portes toquées ne sont jamais perdues. C’est grâce à ce type d’action que la France insoumise est parvenue à transformer en bastion des circonscriptions populaires, et à envoyer dès le premier tour une vingtaine de députés au Parlement.
Pour aller plus loin : LFI – Une vingtaine d’élus au premier tour, la stratégie victorieuse des insoumis
Par Jeff Collec