LFI insoumis

LFI – Une vingtaine d’élus au premier tour, la stratégie victorieuse des insoumis

LFI. Ce dimanche 30 juin, soir de premier tour des législatives anticipées, la France s’inquiète de la montée de l’extrême droite, qui menace d’envoyer Jordan Bardella à Matignon. Mais une bonne nouvelle éclaire cette soirée : une vingtaine de députés de la France insoumise ont été réélus dès le premier tour. En 2022, ils n’étaient que 4 à avoir réussi cet exploit.

Un véritable tour de force, qui démontre l’efficacité de la stratégie du mouvement, parvenu à politiser et à mettre en mouvement les classes populaires, gagnant ainsi des dizaines de milliers de voix supplémentaires dans tous les quartiers populaires et auprès de la jeunesse, en ruralité comme en urbanité. Notre brève.

Une stratégie couronnée de succès

Cette spectaculaire progression est le fruit de plusieurs facteurs. D’abord, en prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron s’attendait à ce que la gauche parte en campagne divisée. Or, les partis et mouvements de gauche sont parvenus à un accord à peine 48 heures après cette dissolution, et ont même réussi à rédiger un programme commun de rupture, évitant ainsi la division des voix.

Pour aller plus loin : Le nouveau front populaire : un accord historique

Surtout, si la France insoumise parvient à elle seule à faire élire dès le premier tour 20 de ses députés, c’est grâce à la mobilisation sans relâche de ses militants. Depuis deux ans, la France insoumise n’a pas cessé de travailler pour faire reculer l’abstention, et créer de la politisation dans les classes populaires. En témoigne la campagne d’inscription sur les listes électorales « Les riches et les racistes votent, et vous ? » lancée par le mouvement en ce début d’année 2024, qui avait outré la caste médiatique, mais permis une hausse des inscriptions à la veille des européennes.

Durant la campagne pour les européennes, les militants LFI ont frappé à des dizaines de milliers de portes, pour convaincre et inciter à voter. Cette mobilisation ne s’est pas arrêtée le 9 juin, et s’est même amplifié : dès le lendemain vers midi, 3 870 personnes avaient rejoint LFI. Ce chiffre a fini par dépasser les 53 000. Partout en France, la dynamique était visible sur le terrain. Les co-animateurs de Groupes d’action insoumis voyaient arriver lors de leurs actions des nouvelles têtes. « On veut donner un coup de main. Comment faire ? », disaient-ils tous.

Enfin, ce résultat est aussi dû au courage et à la ténacité des porte-paroles de la France insoumise, qui ont su rester solides sur leurs appuis pendant deux ans. Alors que la gauche sociale-démocrate, depuis les plateaux télés appelle sans cesse à baisser la voix, à nuancer les discours, la France insoumise à assumer une ligne claire : Appel à la justice pendant les révoltes urbaines suite au meurtre du jeune Nahel, lutte acharnée pendant la mobilisation contre la réforme des retraites, dénonciation claire du génocide en cours à Gaza…

Les insoumis n’ont rien lâché, et ont obtenu des résultats. La conclusion politique est là : Rester ferme sur ses appuis, tenir sa ligne politique coûte que coûte, et ne rien céder aux injonctions de la caste médiatique est le meilleur moyen de progresser.

LFI triomphe dans les quartiers populaires

Dans les quartiers populaires, le succès est total. Dans la 6ᵉ circonscription de Seine-Saint-Denis, qui regroupe notamment Aubervilliers et Pantin, Bastien Lachaud a multiplié par deux son score : Alors qu’il réunissait 12 797 voix au premier tour en 2022, 25  777 personnes ont voté pour lui hier. Eric Coquerel, dans la sixième circonscription de Seine-Saint-Denis, passe, lui, de 13 608 voix en 2022 à 27 298 en 2024. Aurélie Trouvé, sur la neuvième circonscription du même département, avait récolté 16 393 voix en 2022, et en a obtenu 29 935 hier.

La progression est encore plus impressionnante pour Nadège Abomangoli, élue sur la dixième circonscription du département : élue avec 9 812 voix au second tour en 2022, elle est cette fois élue dès le premier tour avec 21 282 voix.

Dans le Val-de-Marne, autre département populaire d’Ile-de-France, Clémence Guetté gagne près de 6 000 voix, et Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, presque 7000.

La hausse ne s’observe pas qu’en Ile-de-France : dans les Bouches-du-Rhône enfin, Manuel Bompard et Sebastien Delogu progressent chacun de près de 10 000 voix entre le second tour de 2022, et le premier tour de 2024. À Montpellier, Nathalie Oziol a plus que doublé son nombre de voix : 24 707, contre 11 513 au premier tour en 2022. À Toulouse, François Piquemal progresse de près de 10 000 voix, tout comme Andy Kerbrat à Nantes.

Dans d’autres circonscriptions, des candidats LFI ont manqué de peu d’être élus dès le premier tour, à l’image d’Aurélien le Coq, Ugo Bernalicis et David Guiraud dans le Nord. Là aussi, la progression du nombre de voix a été exceptionnelle, grâce à la mobilisation militante.

Cette hausse de la France insoumise pèse beaucoup dans la hausse de la gauche, dont le nombre de voix global a progressé de 42 % par rapport au premier tour des législatives de 2022.

Devant les dizaines de milliers de personnes réunies sur la Place de la République à Paris, le coordinateur de la France insoumise fraîchement réélu député, Manuel Bompard, a exhorté les militants à aller conquérir le reste des voix abstentionnistes : « Notre travail cette semaine, c’est d’aller chercher les électrices et électeurs qui ne se sont pas déplacés aujourd’hui, pour faire en sorte qu’ils se déplacent dimanche prochain, pour qu’ils chassent l’extrême droite, et qu’ils nous donnent enfin le pouvoir pour tout changer dans ce pays ! »

Il est encore possible de barrer la route au péril fasciste, et de donner une majorité au Nouveau Front populaire.

Pour aller plus loin : 5 raisons de choisir le Nouveau Front populaire face à l’extrême droite