Macronie. Pour Gabriel Attal et Emmanuel Macron, la panique est palpable à trois jours du scrutin. Lors du débat entre les représentants des trois principales coalitions de ces élections législatives hier soir sur France 2, le Premier ministre en sursis Gabriel Attal a annoncé le lancement d’un simulateur en ligne sur Internet, permettant disait-il de « tester » les effets sur les pensions de retraite de la réforme de la CSG présentée dans le programme du Nouveau Front Populaire.
Quel est le problème ? Ce site et sa méthode de calcul sont truffés de mensonges. À tel point que la France insoumise a annoncé engager une procédure d’urgence pour diffusion de fausses informations. Notre brève.
Un simulateur mensonger
Ce simulateur se base sur un amendement déposé par un député PS, rejeté à l’Assemblée nationale lors d’un débat sur le budget. Cet amendement proposait de remplacer la Contribution sociale généralisée (CSG), actuellement fixée à 8,3 % sur les toutes les pensions de retraites quels que soient leurs montants, par un taux progressif, c’est-à-dire un taux croissant selon le revenu. Une mesure juste de redistribution.
Première tromperie : le simulateur de Renaissance le prend en compte comme un impôt nouveau, s’additionnant au taux actuel. Ainsi, pour une petite pension de retraite de 500 euros, l’amendement prévoyait de remplacer le taux actuel de 8,3 % par un taux de 3,5 %. Le site simule pour cette retraite une perte de revenus de… 3,5 %. À l’opposé, donc, de l’effet réel de cette mesure.
Deuxièmement, le site fait comme si le taux s’appliquait au montant total. Or, comme tous les impôts, il s’applique uniquement au-delà du seuil, pour éviter les effets de seuil. Contrairement à ce qu’affirme le site, l’amendement ne propose pas de prélever 3,8% aux revenus en dessous de 410 euros, mais uniquement aux revenus au-dessus.
Prenons un exemple : dans sa réforme de l’impôt sur le revenu en 14 tranches d’impôts, LFI propose de taxer les revenus au-delà de 411.683 euros à 90 %. Cela ne signifie pas qu’une personne gagnant ce montant verra tous ses revenus taxés à 90 %, mais que tous ses revenus au-delà de ce seuil seront taxés à cette hauteur. L’imposition sur le montant total sera donc moins élevée. La personne ayant codé ce site, soit ne comprend pas le fonctionnement de l’impôt, soit a délibérément menti sur son fonctionnement afin de tromper les électeurs. L’Insoumission penche davantage pour la seconde option. La macronie décrépie tente de se maintenir par tous les moyens, y compris le mensonge le plus éhonté.
Pour aller plus loin : Le nouveau Front populaire a présenté son programme de rupture
Autre manipulation des équipes du camp présidentiel : l’information demandée est la retraite mensuelle, mais la différence présentée est… annuelle. Une multiplication par douze des résultats, pour effrayer davantage.
Enfin et surtout, ce site omet de mentionner l’une des principales mesures contenues dans le programme du Nouveau Front populaire. Celui-ci prévoit en effet d’« augmenter le minimum contributif (pension de retraite pour une carrière complète) au niveau du SMIC et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté ».
LFI engage une procédure contre la macronie
Suite à cette tentative manifeste d’influencer les résultats de l’élection par une tromperie de la part du parti présidentiel, le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard a publié un communiqué de presse dans lequel il annonce engager une « procédure d’urgence pour diffusion de fausses informations contre Renaissance ».
« Ce simulateur est mensonger : il s’appuie sur des modes de calculs qui ne figurent pas dans le programme du Nouveau Front Populaire et donne des résultats complètement incohérents pouvant induire en erreur les électrices et les électeurs » dénonce ce communiqué.
Pour aller plus loin : Nouveau Front Populaire – Le comparateur du collectif « Nos Services Publics » donne son programme largement gagnant