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Bardella à Matignon ? Les associations annoncent une explosion de la précarité

Bardella. Ces derniers jours, le Rassemblement National (RN), revient sur toutes ses promesses dites « sociales » (abrogation de la réforme des retraites, sortie du marché européen de l’électricité, baisse de la TVA … ). À chaque jour son renoncement et la tombée des masques sur l’arnaque sociale que représente ce parti.

« En même temps », le parti d’extrême droite précise son projet raciste. Jordan Bardella a déjà promis ce lundi matin que les « postes stratégiques » (comme la haute fonction publique) seraient interdits aux binationaux, confirmant (s’il fallait encore des preuves) que le programme du RN est bien raciste et xénophobe. Mais un autre aspect du programme de l’extrême droite inquiète le monde associatif : celui de la précarité que ferait exploser le RN au pouvoir. Notre brève.

« Explosion de la précarité » : les associations lancent l’alerte sur le projet antisocial de Bardella

Le Huffington Post a interrogé le directeur des études de la fondation Abbé Pierre (lire le dernier rapport accablant de l’association) et le directeur de l’association Le Village, qui luttent toutes deux contre le mal-logement et pour la solidarité face à la précarité.

Selon le directeur d’étude de la Fondation Abbé Pierre, Manuel Domergue, la politique de « préférence » ou « priorité » nationale prônée par le RN notamment pour l’attribution de logements sociaux, risque de créer une « explosion de précarité ». Mais au-delà de la seule question du logement, de nouvelles lois discriminatoires envers les étrangers promettent de gangréner tout le monde associatif. Comme le rappelle Manuel Domergue, si demain une loi promulguée par le RN obligeait les associations de solidarité à faire un « tri » parmi leurs bénéficiaires en fonction de leurs origines, celles-ci seraient obligées soit d’obéir, soit de contourner la loi, soit de faire de la désobéissance civile.

Pour aller plus loin : Le programme économique du RN décrypté : un racket organisé en faveur des plus riches

Vincent de La Haye, directeur de l’association Le Village dans le Vaucluse (où le RN est très implanté), s’inquiète aussi : il fait déjà face à une forte opposition des droites localement (LR et RN). En effet, les élus locaux les plus droitiers sont déjà discriminants envers les sans-abris, et les « publics bénéficiaires du RSA »… Dans les communes dirigées par ce camp politique, les subventions aux associations sont coupées. Le Village fait même face à de « l’obstruction ». Un dernier recours pour l’association : l’État. Mais qu’adviendrait-il si ce dernier venait à basculer à l’extrême droite ? Quel avenir pour le monde associatif si demain l’extrême droite prenait le pouvoir ?

Un simple regard sur les municipalités gérées par des maires RN permet d’imaginer ce qu’il ferait au monde associatif en France.

À Fréjus, dirigée par le maire RN David Rachline depuis 2014, les aides aux associations ont été divisées par deux en 5 ans, passant de 1 million d’euros en 2013 à 450.000 en 2018. Dans un des quartiers populaires de la ville, le centre social a été fermé, après que sa directrice ait critiqué le maire dans la presse. Rachline a déclaré, il s’agissait non pas d’un centre social : mais d’un centre « socialiste », d’un lieu où l’on « tenait des positions politiques contre l’équipe municipale ».

À Hayange, Fabien Engelmann fait la guerre aux associations. Depuis plusieurs années, il cible particulièrement le Secours populaire, à qui il a « supprimé les subventions, coupé le chauffage, envoyé les huissiers, multiplié les avis d’expulsion ». La raison : la directrice locale avait critiqué dans Libération sa décision d’organiser un repas de Noël excluant les enfants de réfugiés. En parallèle, le nombre de bénéficiaires des Restos du cœur à Hayange a bondi de 40%. Le Centre communal d’action sociale (CCAS) d’Hayange n’a qu’une assistante sociale, pour 16.000 habitants, dont 19% vivent sous le seuil de pauvreté. La direction par intérim de la structure est assurée par le bras droit du maire, accusé de se servir de la structure pour faire du clientélisme.

On pourrait également citer le maire du Pontet Joris Hébrard, qui dès sa prise de fonction a augmenté son propre de salaire de 44 %, et supprimé la gratuité des cantines scolaires, ou Louis Aliot à Perpignan qui s’est attaqué aux associations caritatives qui, dit-il, « contribuent à l’installation de la mendicité ».

La liste de méthodes mafieuses est longue lorsqu’il s’agit pour l’extrême droite de museler les associations de solidarité. Et il n’y a aucun doute que si le RN prenait le pouvoir nationalement, la violence sociale et raciste qui s’abat sur les plus précaires dans les communes administrées par le RN se déploierait partout en France.

Par Alexis Poyard